Daniel Schulthess : Esquisse d’une critique de la raison humoristique

Parmi les traits saillants du rire, nous retenons son aptitude à administrer une sorte de punition. Henri Bergson, reprenant une formule traditionnelle, notait ainsi que « le rire châtie les mœurs » (Le Rire I. 2). Sous cet angle, le rire véhicule de façon originale et simultanée une évaluation de l’objet du rire (évaluation dépréciative à sa façon) et une sanction immédiate, sans sursis ni délai. Par cette réalité duale, le rire constitue une conduite d’une nature bien spécifique. Le pivot de notre propos est le suivant : en tant que conduite enveloppant un jugement, le rire est lui-même passible d’une évaluation (du genre de celles qu’on applique aux punitions), une évaluation de second ordre, pour ainsi dire : le rire est approprié ou non, acceptable ou non, mérité ou non. Cela en fonction principalement de l’objet du rire. Nous nous proposons d’identifier quelques-unes des normes qui peuvent sous-tendre une telle évaluation de second ordre. Nous postulons ensuite que de tels jugements s’appliquent aussi à l’humour, en tant qu’il tend à susciter le rire dans telle ou telle situation. Les normes que cette façon de cadrer les situations permet d’identifier sont fortement contextuelles, et leur statut est d’abord positif et social : nous pouvons les décrire sans y souscrire. Nous nous demandons quels conflits de normes peuvent exister sur ce plan du second ordre, venant configurer une sorte mineure de dialectique. La présence de conflits de normes nous incite à nous demander comment ils peuvent être résolus.

Entretiens

Colloques

La philosophie médiatique

Coups de cœur

Histoire de la philosophie

Actualité éditoriale des rédacteurs

Le livre par l’auteur

La philosophie politique

La philosophie dans tous ses états

Regards croisés

Posted in Histoire de la Philosophie and tagged .