Henri Péna-Ruiz : Dieu et Marianne

«?Dans les sociétés dites “multiculturelles” pour insister sur la diversité des communautés qui les composent, la question cruciale est celle d’un monde commun aux hommes. Monde commun de sens, qui ne peut advenir que si tous apprennent à transcender les différences communautaristes, non pour les nier, mais pour les vivre en les relativisant. La paix laïque, là où elle a pu advenir, a quelque chose d’exemplaire. Pari simultané sur la raison des hommes et la liberté des individus, elle pourrait bien être l’espoir du XXIe siècle. Mais la voie qu’elle dessine est aussi difficile qu’exigeante : c’est qu’elle refuse à la fois l’invocation abstraite de l’universel et l’enfermement dans un particularisme. L’idée révolutionnaire de nation, affranchie de toute équivoque nationaliste, assure la médiation entre la réalité singulière d’un lieu, d’une histoire, d’un territoire, et l’universalité critique des principes qui peuvent valoir pour toute l’humanité. C’est cette médiation qui est exemplaire, en ce qu’elle conçoit la dynamique d’une universalisation où la raison laïque concilie l’enracinement et la volonté politique.?»

Faite pour tout le peuple, la république laïque libère le droit de ce qui divise les hommes. Ni religions reconnues, ni athéisme consacré. Une même loi vaut pour tous. À la liberté de conscience se conjugue la pleine égalité de celui qui croit au ciel et de celui qui n’y croit pas. La complicité tendue de Dieu et de César laisse la place à l’affranchissement réciproque de Dieu et de Marianne.
Contrairement aux particularismes exclusifs, la laïcité permet de concilier la diversité des croyances et des patrimoines culturels avec l’égalité des droits. Ainsi, le bien commun échappe à la guerre des dieux. Et l’ouverture à l’universel est préservée par l’espace civique.
La laïcité n’est pas le degré zéro des convictions. Elle parie sur des hommes libres, maîtres de leur jugement, capables de concorde authentique. L’école laïque apprend à ne pas transiger avec l’exigence de vérité. Cette confiance dans la souveraineté de la pensée humaine est la vertu propre à la laïcité, force d’âme fraternelle où se transcendent les « différences ». Liberté, égalité et fraternité trouvent en elle leur sens plein et généreux.
Ce livre propose une philosophie de la laïcité. Il conjugue les approches de l’histoire, de la théologie, et du droit. Sans polémique, il éclaire les questions actuelles par une réflexion sur la genèse et les fondements de l’idéal laïque. Il en montre la dimension émancipatrice face à la menace des nouveaux obscurantismes et des identités exclusives.

Table des matières

Introduction

Première partie – Histoire et fondements de l’idéal laïque
I. – Un peu d’histoire : emprises cléricales.
II. – L’émancipation laïque
III. – Le nom d’un principe

Deuxième partie – Les questions vives de la laïcité
IV. – Religion et politique
V. – Droit et laïcité
VI. – L’école de la liberté

Entretiens

Colloques

La philosophie médiatique

Coups de cœur

Histoire de la philosophie

Actualité éditoriale des rédacteurs

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La philosophie politique

La philosophie dans tous ses états

Regards croisés

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