Elie Halévy : Études anglaises. Œuvres complètes, tome V

Rendu célèbre par sa monumentale Histoire du peuple anglais, publiée en cinq volumes entre 1912 et 1932, Élie Halévy (1870-1937) est l’un des meilleurs spécialistes français des XVIIIe, XIXe et XXe siècles britanniques. Philosophe de formation, il étudie l’utilitarisme et la formation du radicalisme philosophique. Historien de profession, il observe le laboratoire politique que constitue la Grande-Bretagne dans l’évolution des doctrines et des pratiques du libéralisme et du socialisme. Hanté par l’expérience de la Première Guerre mondiale, il analyse en spécialiste des relations internationales l’histoire diplomatique de l’Europe au cours du long XIXe siècle, la genèse de l’Entente cordiale, les origines et les conséquences de la Grande Guerre, tout en accordant une attention particulière à l’impérialisme britannique. Ses écrits mobilisent une approche globale, attentive aux jeux d’échelles et de circulations, à l’élaboration des doctrines autant qu’à leur réception et à la formation de « l’esprit public », aux décisions des grands hommes comme aux forces profondes de la presse et de l’opinion publique.
Le présent volume des œuvres complètes d’Élie Halévy rassemble des textes publiés et célèbres et des écrits méconnus et inédits, à la typologie variée (manuscrits de cours, livres, articles, contributions à des ouvrages collectifs, conférences publiques, émissions radiophoniques, comptes rendus de lecture). Pour la première fois réunis et présentés dans la chronologie de leur rédaction, ces textes dialoguent entre eux et avec La formation du radicalisme philosophique et L’Histoire du peuple anglais, dont ils sont les esquisses, les compléments, les contre-points. Ils donnent à voir l’historien en son atelier et témoignent de la diversité, tout autant que de la constance, des centres d’intérêt, des hypothèses théoriques et des propositions méthodologiques d’Élie Halévy.

Ouvrage publié avec le soutien de Sciences Po.

BIOGRAPHIES CONTRIBUTEURS

Élie Halévy

Philosophe de formation, auteur d’une thèse sur Platon et d’une somme sur La formation du radicalisme philosophique et animateur dès 1893 de la nouvelle Revue de métaphysique et de morale, Élie Halévy (1870-1937) peut également être rangé parmi les grands historiens du XXe siècle français. Il est notamment l’auteur d’une Histoire du peuple anglais au XIXe siècle (Hachette, 1912-1932 et rééd. 1973-1975), vaste fresque commencée en 1906 et restée inachevée malgré la conclusion d’un Épilogue fondamental en deux volumes, Les Impérialistes au pouvoir (1895-1905) et Vers la démocratie sociale et la guerre (1905-1914), et la publication posthume, en 1946, du Milieu du siècle (1841-1852). « Historien philosophe », telle avait été la définition/fonction qu’il s’était du reste attribuée lors de la fameuse séance de la Société française de philosophie du 28 novembre 1936 consacrée à la discussion sur « l’ère des tyrannies » et publiée dans l’ouvrage du même nom en 1938 (à titre posthume). Cette position revendiquée l’avait conduit, à partir de « l’interprétation de la crise mondiale de 1914-1918 », à concevoir l’apparition d’un nouveau régime, produit d’un processus d’étatisation du point de vue économique et du point de vue intellectuel, représenté dans le fascisme mais aussi dans le « soviétisme ». « Le soviétisme, sous cette forme, est, à la lettre, un « fascisme » », développa-t-il pendant cette séance à laquelle participèrent Raymond Aron, Léon Brunschvicg, ou Célestin Bouglé. La modernité des thèses d’Élie Halévy résidait dans le rapprochement rarement tenté à cette époque entre les deux phénomènes, en apparence opposés, du fascisme et du stalinisme, identifiant l’un des mécanismes du national-socialisme allemand et esquissant une théorie du totalitarisme avant la lettre. Elle tenait aussi à la lecture qu’il faisait de la Grande Guerre et du « régime de guerre » qui fit entrer l’Europe dans « l’ère des tyrannies ». Cette expression forte donna son titre au livre posthume de 1938, recueil d’articles et de conférences qui démontraient autant la cohérence d’une pensée personnelle que le pouvoir d’un philosophe à comprendre les transformations majeures de la politique contemporaine.

Marie Scot

Marie Scot, historienne, est enseignante à Sciences Po et chercheuse au Centre d’histoire de Sciences Po.

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Ancien élève de l’ENS Lyon, agrégé et docteur en Philosophie, Thibaut Gress est professeur de Philosophie en Première Supérieure au lycée Blomet. Spécialiste de Descartes, il a publié Apprendre à philosopher avec Descartes (Ellipses), Descartes et la précarité du monde (CNRS-Editions), Descartes, admiration et sensibilité (PUF), Leçons sur les Méditations Métaphysiques (Ellipses) ainsi que le Dictionnaire Descartes (Ellipses). Il a également dirigé un collectif, Cheminer avec Descartes (Classiques Garnier). Il est par ailleurs l’auteur d’une étude de philosophie de l’art consacrée à la peinture renaissante italienne, L’œil et l’intelligible (Kimé), et a publié avec Paul Mirault une histoire des intelligences extraterrestres en philosophie, La philosophie au risque de l’intelligence extraterrestre (Vrin). Enfin, il a publié six volumes de balades philosophiques sur les traces des philosophes à Paris, Balades philosophiques (Ipagine).