Entretien avec Bernard Bourgeois : Autour de la Science de la Logique de Hegel (partie I)

Bernard Bourgeois est considéré comme le pape des études hégéliennes en France ; il vient de publier chez Vrin, en trois volumes, une traduction intégrale de la Science de la Logique1, raison pour laquelle nous avons souhaité l’interroger sur ses choix de traduction et d’interprétation. L’entretien a aussi été l’occasion de questionner plus généralement son rapport à Hegel et à l’histoire de la philosophie.
Nous le remercions de son immense disponibilité et de l’amabilité constante dont il a fait preuve à notre égard.

Propos recueillis par Thibaut Gress

A : Principes de cette nouvelle édition

Actu-Philosophia : Ma première question sera très simple : pourquoi avoir traduit la Grande Logique en dernier, après l’Encyclopédie, alors même que les grandes articulations du système hégélien sont gouvernées par la Logique et que celle-ci est souvent décrite comme la clé d’intelligibilité du système ?

Bernard Bourgeois : Je procède tout de suite à une petite rectification. Ma première traduction de Hegel a bien été celle de la Science de la Logique dans son insertion au sein de l’Encyclopédie. Je dois ajouter également que, s’agissant de la Grande Logique, j’avais travaillé à une traduction de la Logique de l’Être, de l’Essence, et même de celle du Concept dès les années 80. J’ai fait paraître la suite de l’Encyclopédie, j’ai fait paraître une traduction de la Phénoménologie de l’Esprit, et j’en suis venu après à ce travail, qui avait pourtant été initial. Par conséquent, l’ordre des publications ne traduit pas l’ordre de l’élaboration des traductions. Des nécessités diverses et des contingences ont fait que la Grande Logique n’a été publiée qu’en dernier.

AP : Il faut préciser, peut-être, que les trois œuvres majeures de Hegel – Phénoménologie de l’Esprit, Logique, Encyclopédie, ne sont pas vos seules traductions. Vous aviez traduit et commenté l’article sur le droit naturel, ainsi que les Textes pédagogiques.

BB : Voilà. Ce fut un travail important et difficile. C’est surtout le commentaire du texte sur le Droit naturel qui m’a pris des années et des années. Mais je tenais surtout à traduire les trois grands textes de Hegel. Par conséquent, maintenant, je peux me tourner vers autre chose.

AP : Restons sur la Grande Logique. Il existait en français deux éditions de celle-ci. Une première que l’on doit à Jankélévitch père, et une seconde, plus scientifique, que l’on doit à Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière 2. Sur quels points portent les différences significatives de votre traduction avec celle de Jarczyk et Labarrière ?

BB : La traduction de Jarczyk et Labarrière est excellente. Mais les principes de traduction qui sont les miens ne sont pas exactement les mêmes que ceux de mes éminents confrères. Chacun a son propre discours, même lorsqu’il porte sur le même texte de Hegel. La traduction que j’ai proposée de la Logique ne signifie pas, de ma part, la moindre réserve à l’égard de la traduction de Gwendolyne Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière.

AP : Si vous aviez à caractériser les différences fondamentales entre leur traduction, et la vôtre, que pourriez-vous dire ?

BB : Nous ne parlons pas tout à fait le même français. Un texte si difficile peut et doit même appeler des traductions multiples. Le lecteur aura grand profit à lire toutes les traductions. Cela l’amènera à considérer que lui-même devra se mettre à la traduction, car, lorsqu’il s’agit de Hegel, la compréhension ne va jamais de soi. Des passages peuvent résister avec opiniâtreté sans satisfaire le traducteur. Par conséquent, je trouve très bien qu’un grand texte suscite une pluralité de traductions.

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AP : Un point tout de même marquant parmi les différences se remarque dans la Doctrine de l’Être. On le sait, Hegel a publié une première version de L’être en 1812, et y a retravaillé peu de temps avant de mourir en 1831, pour une édition qui a paru en 1832. Une des différences marquantes entre votre édition et celle de Jarczyk/Labarrière est que vous avez souhaité que la version de 1832 soit en regard de celle de 1812.

BB : Il m’a semblé intéressant de voir comment Hegel réagissait à sa première édition, de voir comment il se lisait et se jugeait lui-même. J’ai pensé qu’il était bon de présenter ces deux éditions en confrontation. Je dois dire que le texte de la seconde édition apparaît en bas de page quand il n’est pas la répétition du premier, ce qui veut dire que seul le texte de la première édition est présenté en continu. Le texte de la seconde édition ne permet pas une lecture cursive et c’est pourquoi j’envisage de donner une traduction intégrale en continu de la Logique de l’Être de 1832.

AP : Auriez-vous un horizon de publication pour cette seconde édition ?

BB : Cela devrait se faire le plus rapidement possible, mais ce ne sera pas une question de mois ; je pense que d’ici deux ans, ce sera fait.

B : Explicitation des concepts hégéliens

1) La chose même

AP : D’accord. Si vous le voulez bien, entrons dans le texte de Hegel. Dans l’Introduction, Hegel expose un programme resté célèbre et qu’il énonce ainsi :

« Dans le cas d’aucune science, ne se fait plus fortement sentir le besoin de commencer, sans réflexions préalables, par la Chose elle-même, que dans le cas de la science de la logique. »3

La notion de « chose même » est également centrale dans la phénoménologie depuis Husserl ; que faut-il entendre par « la chose elle-même » chez Hegel et pensez-vous que Husserl fasse allusion à ce dernier lorsqu’il lance son fameux mort d’ordre phénoménologique ?

BB : Je pense que tout grand penseur allemand n’a pu faire l’économie de la pensée de Hegel. C’est vrai en particulier de Husserl comme c’est vrai de Heidegger. Je dois dire que les remarques que fait Husserl me paraissent plus justes que celles de Heidegger en ce qui concerne Hegel, mais l’un et l’autre ne pouvaient pas ignorer le monument hégélien.

Pour la chose même de Hegel, il faut revenir à son affirmation centrale, à savoir celle par laquelle a commencé la philosophie occidentale, l’affirmation parménidienne de l’identité de l’être et de la pensée. Toute la philosophie de Hegel est une répétition, sur le mode de l’accomplissement, de l’affirmation parménidienne qui se réduisait à une simple phrase : « L’être et la pensée sont une seule et même chose. » Chez Hegel, cette phrase parménidienne s’est développée en devenant un véritable discours démonstratif. C’est ce qui différencie Parménide et Hegel. Hegel a exposé en un discours se réfléchissant en lui-même, donc auto-suffisant, de manière démonstrative, l’affirmation initiale de Parménide selon laquelle l’être et la pensée sont identiques. Ce n’est pas une simple philosophie de la pensée ou du sens, pas non plus une simple philosophie de l’être, pas une philosophie du sens coupé du réel ni une philosophie du réel coupé du sens, mais une philosophie d’adéquation du réel et du sens, une adéquation qui se prouve elle-même en se développant. Hegel, c’est en quelque sorte Parménide complètement développé.

AP : Et donc, la chose même serait l’identité de l’être et de la pensée ; cette identité serait le point de départ de la Logique.

BB : Voilà, c’est cela. La chose même, c’est l’identité de l’être et de la pensée. Hegel s’installe dans le contenu initial et primaire de toute pensée, à savoir le contenu « être ». Quoi que nous disions, quoi que nous pensions, le simple fait de l’exprimer, le met à une distance qui est constitutive de l’être en tant que purement identique à soi, alors que moi qui le pense, je suis différent sans cesse de moi.

2) L’intériorisation du savoir

AP : Alors justement, dans les premières lignes de l’être, Hegel cherche à définir la Logique et le sens global de son entreprise. Je le cite à nouveau :

« La Logique est la science pure, le savoir pur dans sa circonscription et son extension. Le savoir pur est la certitude devenue vérité, ou la certitude qui n’est plus en face de l’ob-jet, mais l’a rendu intérieur, le sait comme elle-même, et qui, de l’autre côté, aussi bien, a abandonné le savoir qu’elle avait d’elle-même comme d’un être qui serait en face de l’ob-jectif et seulement l’anéantissement de celui-ci, a aliéné son être et constitue une unité avec l’aliénation de cet être. » 4

Le savoir pur intériorise l’objet, dit Hegel. Comment comprendre une telle expression, que signifie l’intériorisation du savoir ?

BB : La Logique et la philosophie hégélienne dont la Logique est le socle sont la pensée de l’être, et d’abord de l’être en son sens le plus immédiat, qui est le sens présent dans tout être. Ce sens premier de l’être, c’est l’identité à soi. L’être est, telle est l’identité à soi. Mais le début de la Logique montre précisément que si l’être, seulement, est, si son sens se réduit à l’identité à soi, la position de ce sens le singularise parmi tous les autres sens. Il est l’être en tant qu’ être ; le « en tant que » le singularise parmi tous les sens possibles. Mais cet être en tant qu’être est une tautologie, une lapalissade, c’est-à-dire qu’il est identique au non-être puisqu’il est indéterminé. Mais, pour être l’être, il faut qu’il nie son non-être ; et nier son non-être, c’est nier son indétermination, d’où le passage de l’être et du non-être à ce qui les contient tous les deux, l’être en tant qu’il n’est pas et en tant qu’il est, et le non-être en tant qu’il est et en tant qu’il n’est pas, à savoir le devenir. C’est là la base de tout le développement logique et encyclopédique.

3) La position de l’être

AP : Un terme récurrent sous la plume de Hegel et, plus tard, de la phénoménologie, est celui de position. Que signifie précisément « poser l’être » ?

BB : L’être, comme tel, c’est pour moi ce qui n’est pas moi, c’est-à-dire le changement même qu’est la pensée comme vie. Je l’oppose à ce flux qu’est toute pensée ; au discours qu’est toute pensée, j’oppose comme autre que moi précisément l’être qui, comme tel, comme identique à soi, est différent de moi, et donc ce que je reconnais comme la norme que je dois suivre, si ma pensée veut être une pensée vraie, c’est-à-dire identique à soi en étant elle-même identique à ce qu’elle pose.

AP : Donc poser, c’est opposer.

BB : Bien entendu. Tout le discours hégélien est le discours sur soi de l’être ; l’être dans l’identité à soi, identique à l’indétermination, se nie dans son identité à soi, se différencie dans lui-même par lui-même, devient discours, et finalement, c’est à partir de la position de l’être que peut se développer tout le contenu du discours hégélien. Si l’être est, comme il ne peut pas purement être identique au non-être, il faut qu’il ne soit pas simplement être, mais être et non-être, donc devenir. Le devenir lui-même va se révéler contradictoire à chaque étape et, par conséquent, l’être se révèle ne pouvoir être, sans sombrer dans l’auto-contradiction, synonyme de désagrégation, que si à la limite il est ce que dit de lui, au terme de la Logique et de l’Encyclopédie, Hegel qui le pense, non plus en son abstraction première, mais en la totalité de son développement pensé.

AP : Si l’on vous comprend bien, Hegel semble commencer par quelque chose qui paraît totalement extérieur à la pensée, mais la fin de la Logique est déjà secrètement présente et, par conséquent, dès le début, c’est déjà une subjectivité pensante qui parle de l’être. En somme, aucun discours sur l’être n’est possible en-dehors de la pensée.

BB : C’est évident, parce que l’élément de la pensée, en tant que pensée soucieuse de vérité, c’est la pensée de l’être qui, en tant que mouvement pensant, est désireux de posséder une identité à soi caractéristique de sa vérité. La pensée se développe pour échapper à sa contradiction, et finalement se pose dans une détermination qui est la totalisation de toutes les déterminations, qui ne peut donc se réfléchir en un autre qui la limiterait, et c’est pourquoi il y a une fin de ce développement quand il y a la réalisation totale de l’être, précisément par la totalisation des déterminations.

AP : Le développement est donc un dévoilement.

BB : Tout à fait. Tout le discours hégélien est la preuve que sa base irréfutable, à savoir l’être contenu dans toute affirmation, ne peut rester telle que si elle a accompli la totalité des déterminations. Le discours hégélien se démontre par son propre mouvement.

AP : Le processus à l’œuvre est la preuve de ce qui est avancé.

BB : Voilà.

4) L’essence

AP : Passons à l’essence. La définition qu’en donne Hegel peut paraître perturbante d’un point de vue historique. Voici ce qu’il en dit :

« C’est seulement en tant que le savoir se rappelle en son intériorité en partant et sortant de l’être immédiat, moyennant cette médiation qu’il rencontre l’essence. – La langue, dans le verbe être, a conservé l’essence [Wesen] dans le temps passé « [a] été [gewesen] » ; car l’essence est l’être passé, mais intemporellement passé. » 5

L’essence, chez Hegel, ne ressemble plus à la nature des choses ni à la quiddité, mais conserve quelque chose de l’essence au sens classique en tant que vérité de l’être. Pourquoi Hegel appelle-t-il « essence » ce qui n’a plus tout à fait la même acception que l’essence au sens classique ?

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BB : Il faut comprendre ce que contient la Logique en son entier. Elle comporte l’être au sens global du terme. Mais de plusieurs manières. D’abord comme simplement être, ensuite comme essence et ensuite comme concept. L’être comme être, c’est-à-dire comme contenu de pensée qui n’a plus rien en lui de la forme pensante, se détermine bien ; s’il n’est qu’être, il n’est pas. Il est donc nécessairement négation de son négatif. Il est alors devenir et vous avez toutes les catégories qui s’ensuivent : l’être comme qualité, l’être comme quantité, l’être comme l’unité des deux, comme mesure. Les déterminations de l’être sont extérieures les unes aux autres et s’appellent, dans la mesure où elles sont pensées par une pensée qui veut son identité à soi parce qu’elle est la pensée philosophante soucieuse de vérité, les unes les autres parce que, à l’occasion de chacune d’elles, la pensée s’interroge sur son identité à soi, qu’elle ne trouve qu’au-delà. C’est dans la mesure où les déterminations de l’être sont pensées qu’elles s’appellent donc les unes les autres. Mais c’est un langage inadéquat ; elles ne s’appellent pas les unes les autres à partir de leur contenu positif immédiat, mais par la médiation du penseur qui s’interroge sur leur vérité. Par conséquent, les déterminations de l’être sont marquées par leur extériorité réciproque les unes aux autres. Le mouvement de leur identification dans le discours qui les fait se succéder les unes aux autres n’a pas son lieu dans l’être, mais dans la pensée de l’être, c’est-à-dire chez le philosophe pensant et non pas dans le contenu de sa pensée. Le mouvement de détermination de l’être consiste cependant dans une identification immanente ; quand on arrive par exemple à la mesure, l’être n’est ni purement quantité – différence de soi –, ni purement qualité –identité de soi –, mais l’unité des deux. Par conséquent, il y a un mouvement d’intériorisation de soi qui est imposé au contenu pensé par la pensée philosophante qui exige l’unité.

Il n’en reste pas moins que, avec la mesure, la dernière détermination de l’être, une sorte d’unité intérieure apparaît. Mais cette unité intérieure est une unité extrêmement limitée ; c’est parce que le penseur y met du sien que cet être peut être dit intériorisé.

AP : Je comprends bien le rôle de la pensée philosophante, mais qu’en est-il, dans ces conditions, de l’essence ?

BB : L’être est saisi comme essence lorsque le philosophe lui attribue, comme unité de lui-même, l’unification par laquelle il le pensait. Lorsque cette unité est attribuée à l’être, celui-ci prend de l’épaisseur. Il s’approfondit en lui-même, il apparaît sous la forme de l’essence, c’est-à-dire sous la forme de la dualité de l’existence en laquelle s’extériorise l’être, et de l’essence qui est son unité intérieure.

AP : Mais alors c’est pour le philosophe uniquement qu’il y a une essence.

BB : Voilà. L’être s’est intériorisé pour le philosophe et cette intériorisation fait qu’on peut parler de lui comme d’un en-soi ; l’extériorité première de l’être devient simplement une extériorisation de soi, une manifestation ou un phénomène de l’essence.

L’extérieur et l’intérieur sont, dans leur relation, posés par le penseur. L’essence, qui est un être intériorisé, se développe dans la progression de cette intériorisation et c’est là qu’on voit apparaître, par exemple, la figure de la substance et de ses accidents, de la cause et de l’effet. La substance porte ses accidents, elle les enveloppe en elle-même, les accidents surgissent dans la substance ; quand la substance devient cause, elle produit hors d’elle, elle libère les accidents à titre d’effets. Ensuite, on passe à une intériorisation réciproque de la cause et des effets.

AP : On retrouve ici de nombreuses catégories kantiennes.

BB : Bien entendu, mais Hegel expose ces catégories comme ponctuant l’identification processuelle croissante de leur contenu différencié.

5) Le Concept

AP : La doctrine de l’Essence se clôt sur l’annonce du concept, défini comme « le règne de la subjectivité ou de la liberté. » 6 ; cela amènera Hegel à faire du concept l’absolument infini. Pourriez-vous préciser la raison de l’identification de la subjectivité, donc du concept à l’infini ?

BB : Le philosophe va opérer un ultime abandon à l’objet de son pouvoir unifiant. Il va attribuer à l’objet sa qualité de sujet dans la mesure où ce qui, dans la nécessité, est posé par le sujet comme identique se pose tel à même l’objet. L’objet devient sujet. Le sujet, par là même, voit sa pensée s’objectiver. La pensée subjective devient objective à ses propres yeux, parce que pour elle l’objet devient sujet. Le sujet s’objective pour autant qu’il subjectivise l’objet. Cela, c’est le concept.

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AP : De manière générale, on constate que Hegel resémantise alors le sens des mots qu’il emploie. L’être, l’essence, le concept ou encore la vérité, le sujet n’ont pas leur sens habituel. Pourquoi Hegel conserve-t-il les termes traditionnels en en changeant le sens ?

BB : La vérité, pour Hegel, c’est la pensée totale. C’est la totalisation des déterminations qui, finalement, est dépositaire de la vérité. Par conséquent, Hegel s’efforce toujours, lorsqu’il s’agit d’un concept classique, de le définir par le degré, en lui atteint, de totalisation de son contenu, c’est-à-dire de vérité.

AP : Mais pourquoi le sens traditionnel de la vérité ne le satisfait-il pas ?

BB : Le sens traditionnel de la vérité c’est l’adéquation de la pensée et de l’être. Mais l’adéquation n’est véritable que si les termes qui la composent s’appellent les uns les autres, du dedans de leur être, de sorte que chacune des parties soit le tout. C’est pourquoi il doit y avoir une identité intérieure de la pensée et de l’être, la vérité n’étant pas simplement un lien extérieur, une identité qui laisse subsister la différence des termes ; elle doit s’intérioriser de sorte que chaque terme soit, dans une certaine mesure, l’autre.

AP : Mais alors Hegel ne nie pas la définition habituelle ; on devrait plutôt dire qu’il la réalise.

BB : Il la réalise ou plutôt il réalise l’identité de ces deux termes différents que sont la pensée et l’être ; il la concrétise de telle sorte qu’elle n’est pas extérieure, mais intérieure à chacun des deux termes. Chacun est lui-même et l’autre. Il y a identité de ces deux identifications de A à B et de B à A. L’identité vraie, c’est l’identité qui pénètre tellement les différences en se différenciant en elles qu’elle est leur totalité.

La suite de l’entretien est consultable à cette adresse.

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  1. cf. Hegel, Science de la Logique, trois volumes, Traduction Bernard Bourgeois, Paris, Vrin, 2015-2016
  2. Cf. Hegel, Science de la Logique, 4 volumes, Paris, Kimé, 2007-2014
  3. Hegel, Science de la Logique, Livre Premier, L’être, Traduction Bernard Bourgeois, Paris, Vrin, 2015, p. 49
  4. Ibid., p. 80
  5. Hegel, Science de la Logique, Livre deuxième, L’essence, Traduction Bernard Bourgeois, Paris, Vrin, 2016, p. 14
  6. Ibid., p. 227
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Ancien élève de l’ENS Lyon, agrégé et docteur en Philosophie, Thibaut Gress est professeur de Philosophie en Première Supérieure au lycée Blomet. Spécialiste de Descartes, il a publié Apprendre à philosopher avec Descartes (Ellipses), Descartes et la précarité du monde (CNRS-Editions), Descartes, admiration et sensibilité (PUF), Leçons sur les Méditations Métaphysiques (Ellipses) ainsi que le Dictionnaire Descartes (Ellipses). Il a également dirigé un collectif, Cheminer avec Descartes (Classiques Garnier). Il est par ailleurs l’auteur d’une étude de philosophie de l’art consacrée à la peinture renaissante italienne, L’œil et l’intelligible (Kimé), et a publié avec Paul Mirault une histoire des intelligences extraterrestres en philosophie, La philosophie au risque de l’intelligence extraterrestre (Vrin). Enfin, il a publié six volumes de balades philosophiques sur les traces des philosophes à Paris, Balades philosophiques (Ipagine).