Paul Veyne : Michel Foucault, sa pensée, sa personne.

Au premier abord, le livre de P. Veyne à propos de « la pensée et de la personne » de Foucault ne nous apprend guère plus et même moins que les biographies détaillées – la chronologie de Dits et Ecrits[1] par exemple ou encore l’ouvrage de D. Eribon[2] – auxquelles l’auteur fait d’ailleurs allusion[3] – ou que les travaux critiques publiés[4] et les commentaires et analyses d’amis philosophes[5] auxquels P. Veyne se réfère comme si, en tant qu’historien analysant un travail de philosophe, il s’abritait en quelque sorte sous des « autorités » philosophiques[6] ou derrière le « personnage » éponyme[7].

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A propos de l’analyse de la pensée de Foucault, on ne comprend dès lors ni cette référence/révérence ( ?) – elle n’est pas nécessaire à l’argumentation puisque P. Veyne s’en sort très bien sans aide[8] – ni la nécessité du propos lui-même dans la mesure où, pour être pertinent, il n’en est pas moins redondant par rapport d’autres études. Quant au volet « personne », l’intimisme des souvenirs, le ton parfois rocambolesque[9] de la narration ne délivrent que des points singuliers de l’expérience de Foucault, des aspects de la vie de P. Veyne, ce qui nous donne le portrait d’un Foucault vu à travers le « bocal »[10] de P. Veyne[11] ou de ses contemporains. Bien plus, le jeu entre l’analyse intellectuelle et le rappel d’éléments biographiques, entre la « pensée et [la] personne » – sous-titre et idée générale de l’ouvrage – ne risque-t-elle pas d’enfermer la richesse du travail philosophique dans les limites d’une narration affective, ce qui reviendrait à faire affleurer la figure de l’« auteur » derrière les concepts. P. Veyne se garde bien d’établir un rapport de causalité entre ces éléments – il n’est pas Lanson – mais ce rapprochement, cette alliance entre l’aspect intellectuel et l’aspect biographique, outre le caractère naïf et désuet du procédé, ne conduit-il pas à réaffirmer, à propos de celui qui a pourtant essayé de nous déprendre de l’évidence de ces « objets »[12], l’importance de l’« auteur » à l’égard de son « œuvre »[13], de reformer une œuvre et de rattacher cette œuvre à une « personne » précisément ? Pourtant, ce ne serait pas lire l’ouvrage à sa juste valeur ou plutôt, ces critiques bien sommaires, ces réticences d’une première lecture révèlent davantage le « bocal » – encore – dans lequel marinerait cet éventuel lecteur dont j’espère ne pas être. Ces remarques ne valent en effet que si l’on ne fait pas l’effort de retrouver le problème du livre, le « lieu » d’où parle P. Veyne[14]. Cette perspective me conduit à rappeler l’idée, aussi deleuzienne que foucaldienne, d’une « théorie de la lecture », du statut à accorder au texte qu’on lit, afin de le faire servir, de l’utiliser[15]. Les remarques précédentes révèlent une appréhension bien sommaire et bien pauvre des textes et de celui qui nous occupe en particulier ici : P. Veyne retrouverait les notions d’œuvre, d’auteur puisqu’il parle de « pensée », de « personne », dès le titre, dès l’introduction et tout au long de l’ouvrage. Mais ce serait là un réflexe pavlovien simpliste qui rejette un ouvrage sous prétexte qu’il use de tels ou tels termes sur lesquels pèse une « omerta universitaire » sans avoir examiné la portée qu’ils revêtent dans l’analyse. N’est-ce pas alors la propre capacité – et l’honnêteté intellectuelle – du lecteur qui est mise à l’épreuve, à partir de ces « premiers mouvements »[16] de surprise ou de déception ? Il importe de retrouver quelle place stratégique l’ouvrage occupe, dans quel jeu stratégique il s’inscrit, autrement dit, de considérer ce texte, ce document textuel comme pièce, élément, outil qui fonctionne. Cela revient, pour paraphraser un entretien de Foucault[17], à s’interroger sur « le jeu de Paul Veyne », et surtout à lire P. Veyne selon une perspective foucaldienne.

Le portrait de Foucault en sceptique permet d’exemplifier et de défendre la pertinence d’une position sceptique, ce qui rend toute sa pertinence à la construction de l’ouvrage.

L’enjeu du livre, sa thèse, est clair : il s’agit de brosser un portrait de Foucault en sceptique, comme l’annonce l’introduction[18], une thèse qui fait explicitement l’objet du chapitre iii – « le scepticisme de Foucault » – et qui caractérise également l’ensemble de l’ouvrage dans la mesure où ce « scepticisme » se caractérise comme l’alliance concrète d’un double rapport à une vérité à laquelle on refuse tout caractère absolu ou transcendant. Cette thèse ne se présente cependant pas non plus comme une interprétation originale puisque Foucault lui-même s’en réclamait et que des critiques en ont déjà fait état[19].

Un développement plus fin des caractéristiques de ce scepticisme – même s’il n’est pas non plus original – donne cependant à ce portrait un rôle argumentatif. Le sceptique est celui qui se situe, de manière non tragique, sur deux plans en fonction d’une position liminaire critique à l’égard de la vérité. Le sceptique est celui qui met en question la vérité, mais qui se situe également sur deux plans sans que l’on soit pourtant autorisé à parler de « dualisme » ou de « clivage » du penseur[20]. On ne confondra pas non plus ce double plan avec un clivage entre la pratique et la théorie. Les deux plans sont chacun dans son domaine à la fois théorique et pratique. La métaphore qui sert de leitmotiv à l’ouvrage – celle d’un bocal à poisson – rend très clair ce qui est en jeu : les hommes sont comme des poissons d’appartement ; ils ne perçoivent le monde qu’à la faveur de leur bocal, sans pourtant prendre en considération ce bocal. Le « sceptique » est celui qui, poisson rouge lui-même, peut également prendre conscience – à la différence des autres poissons – qu’il est dans un bocal et quelles sont les caractéristiques de ce bocal qui concerne aussi bien les époques historiques que le présent le plus actuel[21]. Cette définition du sceptique rend compte du travail conceptuel aussi bien que de la vie – militante, professionnelle, sociale et relationnelle – de M. Foucault, autrement dit de sa « pensée » et de sa « personne ». Les éléments conceptuels aussi bien que les faits biographiques dont il est fait mention sont compris – et sont à lire – dans cette perspective.

Réciproquement – et c’est là le point important puisque cela distingue radicalement l’ouvrage d’un simple exposé définitionnel – le travail conceptuel de Foucault ainsi que certains aspects de sa vie publique ou privée permettent d’exemplifier un scepticisme qui ne se contredit pas, qui est fécond aussi bien sur le plan intellectuel que dans la vie de tous les jours puisqu’il ne conduit ni à un relativisme désabusé ni à un abstentionnisme attentiste et qu’il n’est absolument pas une porte ouverte à quelque négationnisme que ce soit comme le souligne P. Veyne dès l’introduction[22]. Le scepticisme apparaît comme un gage de sobriété et d’honnêteté intellectuelle dans la mesure où l’on n’abrite pas tel ou tel choix militant sous le parapluie d’une belle théorie[23], il apparaît également comme une manière féconde de faire de l’histoire. Notons alors que le travail de Foucault est d’emblée inscrit dans une perspective d’historien même s’il n’y est pas du tout réduit. « Foucault » – sa vie, sa pensée – apparaît dès lors comme un « point remarquable » pour ce premier aspect du travail de P. Veyne : montrer non seulement la validité mais surtout la pertinence d’une position « sceptique » – telle qu’elle est soigneusement définie et rappelée – qui concerne l’homme dans ses rapports à autrui, à la cité, à la pensée. Foucault, le personnage, est à la fois point de départ et point d’arrivée de l’ouvrage de l’historien. Il est en effet l’objet du livre, le penseur et la personne dont on peut rendre compte en termes de scepticisme, mais également une manière d’exemplifier ce que l’on entend par « scepticisme » et surtout, de montrer qu’une pensée critique de la vérité est bel et bien valide et féconde. Il s’agit moins de montrer que Foucault est un sceptique, est ceci ou cela, mais plutôt que le rapport différencié que sa vie – son attitude aussi bien privée que publique – et ses concepts entretiennent avec la question de la vérité est une – la ( ?) – manière pertinente et valide de comprendre le monde et de faire de l’histoire. On a donc affaire à un livre à double-fond : « Foucault, sa pensée, sa personne » sont des leurres si on les entend séparément. Il n’est pas question de parler de la vie de Foucault, des concepts de Foucault, mais d’articuler ces deux éléments dans la mesure où on les comprend comme deux plans, deux rapports à une conception neuve de la vérité, deux plans indissociables l’un de l’autre, chacun de ces plans étant lui-même, comme on l’a dit, à la fois théorique et pratique. « Foucault, sa pensée, sa personne » est une manière de montrer que le rapport différencié à la vérité – qui a pour nom scepticisme ou encore « perspectivisme »[24] – est une manière idoine de se rapporter au monde.

On comprend dès lors la pertinence de l’organisation et du double aspect de l’ouvrage que reprend le sous-titre de manière explicite. P. Veyne s’intéresse précisément à chacun de ces deux plans, celui de la « pensée » et celui de la « personne », dans la mesure où il est question, dans chacun d’eux, d’une position à l’égard de la mise en question de la conception traditionnellement admise de la vérité – à savoir la vérité correspondance. Le couple qui sert de sous-titre actuel à l’ouvrage, comme celui que lui aurait préféré P. Veyne[25], ne sont nullement descriptifs. Rien de conventionnel ou d’un peu « naïf » dans ce programme. Il ne s’agit pas en effet de la juxtaposition de deux plans qui présupposent avant tout leur radicale hétérogénéité, où l’on retrouverait par exemple le poncif du couple esprit/corps ou encore théorie/pratique. Il s’agit au contraire d’une caractérisation épurée, elliptique, du sceptique – ou du samouraï – où il convient d’entendre « pensée » et « personne » comme les deux plans ou les deux manières de vivre-penser un nouveau rapport au vrai, un rapport critique au vrai, où il convient également de saisir le primat du rapport d’un plan à l’autre par rapport à chacun des deux plans eux-mêmes. Ce « scepticisme » aurait d’ailleurs fort bien pu servir de titre à l’ouvrage, à ceci près qu’on aurait pu comprendre ce « scepticisme » comme une énième étiquette, erronée par définition, alors que le portrait d’un Foucault en sceptique est tout autre chose. « Foucault sceptique », dans la mesure où ce titre interroge le rapport de la pensée et de la personne en tant que l’une et l’autre prennent position à l’égard de la vérité, serait en effet en quelque sorte le nom que prend la question ou la perspective de P. Veyne, homme et historien, le nom également de cette solution. Pourtant, le « nominalisme » [26], le refus des vérités transhistoriques caractéristiques du « scepticisme » sont de vieilles lunes du travail de l’historien. Que ce « nominalisme », que la destitution des vérités absolues ne conduisent pas au négationnisme ou à un relativisme stérile, tous les historiens en sont bien conscients et leurs travaux se fondent sur ce nominalisme. Encore une fois, rien de neuf, qu’il s’agisse du portrait ou de l’enjeu qu’il assume. Non seulement la thèse d’un Foucault sceptique n’est pas originale, mais l’usage que P. Veyne en fait – montrer la pertinence et la fécondité du scepticisme – n’a rien de neuf non plus. A moins que…

L’exemplification qu’assure le portrait de Foucault en sceptique n’a en revanche rien d’un simple portrait – de Foucault – ou d’une simple défense et illustration – du scepticisme. Elle s’inscrit avant tout dans un jeu stratégique qui justifie l’idée directrice de l’ouvrage…

Il convient alors d’aller plus loin en s’interrogeant sur l’enjeu d’un tel « portrait », autrement dit, en se demandant à quoi répond ce portrait, ou encore quel problème il permet de formuler, à la solution de quel problème il permet de travailler, mais également quels choix méthodologiques s’y trouvent impliqués qui font à la fois la pertinence et les limites de l’ouvrage.

Cette thèse s’inscrit dans un enjeu très particulier. A la faveur d’une prise en compte non polémique des rapports houleux des historiens et de Foucault, à la faveur d’une analyse rétrospective du jugement que lui-même portait naguère sur le travail de Foucault, P. Veyne se livre à rien moins qu’à un diagnostic critique de l’actualité de sa propre discipline. Il est en cela très proche de la position qu’adopte Foucault dans l’introduction de l’Archéologie du savoir. Ce dernier déclarait en effet qu’une mutation épistémologique avait eu lieu, mais qu’elle n’avait pas été enregistrée par l’histoire de la pensée, qu’on pouvait pourtant repérer les signes de cette mutation dans le traitement que les historiens réservaient au document, dans l’usage également qu’ils faisaient depuis quelques années de la discontinuité[27]. La question devient alors : pourquoi, alors que les historiens admettent, au même titre que Foucault, la variation des notions[28], alors que Foucault dit s’inscrire dans la brèche ouverte par les historiens, ne se comprennent-ils pas ? Qu’y a-t-il de plus dans le travail de Foucault qui en fait à la fois la pertinence (non ce n’est pas une vieille lune) mais également le danger (ce que propose Foucault risque de transformer radicalement la manière de faire de l’histoire).

On peut s’en tenir à une explication conjoncturelle et polémique : chacun prêcherait pour sa chapelle, chacun défendrait son pré carré. P. Veyne s’attache en revanche à montrer que, sous la polémique, réside pourtant un véritable problème. Et l’analyse – sévère – qu’il réserve à la manière dont il accueillait la parution de l’Histoire de la folie est à cet égard très instructif[29]. Encore une fois, il ne s’agit pas d’un « souvenir » mais bien d’un argument[30] et la forme narrative participe de ce procès argumentatif. Si Foucault dit s’inscrire dans la brèche ouverte par l’histoire, il ne s’agit là que d’un préalable qui lui permet de produire quelque chose de radicalement neuf. Au premier abord, en effet, on pourrait lire dans les enquêtes de Foucault, dans son « histoire » de la folie par exemple, une simple prise en compte de la variation des « conceptions » que les hommes se sont fait au fil des époques de (la folie). En réalité, Foucault se fonde bien sur la notion de discontinuité, sur un usage « documentaire » et non interprétatif des documents textuels mais il ne s’intéresse précisément pas aux « conceptions » et l’analyse ne concerne pas tant le passé que le présent à la faveur d’une analyse du passé[31] – tel est le sens de la réciprocité des notions d’archéologie et de généalogie[32]. Loin d’« enregistrer » simplement une mutation qui aurait eu lieu, Foucault construit, à partir de certains déplacements recueillis dans le champ de l’histoire, ses propres outils qui est une véritable mutation épistémologique. On ne saurait identifier le refus des vérités transhistoriques – partagé par « tout bon historien »[33] – et la découverte d’un nouveau « lieu » et d’un nouvel « objet » d’analyse. Foucault invente[34] à la fois un niveau[35] d’analyse et un objet-outil : les « discours » – notion qu’il définit et explicite de manière très technique dans l’Archéologie du savoir, et dont P. Veyne explicite l’enjeu en les définissant comme les « cadres formels à travers lesquels nous connaissons » et dont l’objet ne saurait se passer[36]. En s’intéressant à ces « discours » ainsi définis – la question de leur formation ne concernant qu’un aspect du travail de Foucault qui n’intéresse pas P. Veyne – en les traitant comme des documents, il est possible d’accéder à quelque chose qui est la pensée, la pensée vivante, d’accéder à un niveau entre les représentations et les mentalités et leurs comportements[37]. Mais le plus important – dans la perspective qui est celle de P. Veyne, j’y reviens – réside dans la raison pour laquelle ce déplacement n’est pas « compris », pas assumé par les historiens : Foucault promeut implicitement – c’est du moins ce qu’en dit P. Veyne – une conception non spéculaire de la vérité. Et c’est en ce sens et en ce sens seulement que le changement de niveau dans l’analyse est possible, que les enquêtes de Foucault peuvent être comprises à leur juste valeur et que la notion d’« idéologie » perd sa pertinence et en tout cas n’est absolument pas adéquate aux objets analysés par Foucault. L’incompréhension entre les historiens et Foucault est en réalité le choc entre deux conceptions incommensurables de la vérité, une vérité-adéquation et une vérité non spéculaire qui assure l’émergence d’un nouveau champ pour la pensée dont les « discours » sont à la fois les objets et les outils. Foucault ouvre donc également des perspectives radicalement neuves à l’historien, une pléthore d’objets nouveaux, ce qui risque de faire passer au second plan des travaux portant sur les comportements, les mentalités, les représentations[38].

Ce portrait de Foucault en sceptique assume une double fonction : non seulement, il permet de dégager la spécificité du travail de Foucault – invention d’un niveau particulier d’analyse et d’un nouvel objet – mais également cela revient, pour P. Veyne, à formuler un constat critique de l’actualité de la discipline historique. Le portrait de Foucault en sceptique est une manière de guerroyer. Le livre n’est pas un plat éloge, un peu intimiste, un peu rocambolesque. Il participe d’un jeu stratégique dans lequel il est un élément de lutte. Plus encore, l’ouvrage n’est pas un énième commentaire du travail théorique de Foucault, une énième variation sur ses activités militantes ou sur ses relations avec tel ou tel mais bien une manière de travailler à la solution d’un problème en le formulant, une manière de dresser un portrait du personnage Foucault – à la fois penseur et homme – comme un outil, un élément de lutte. L’ouvrage de P. Veyne qui se trouve traiter de l’œuvre et de la vie de Foucault se voit ainsi fondé en nécessité dans la mesure où il nous apparaît désormais comme une machine qui fonctionne et dont le portrait de Foucault en sceptique est l’argument – au sens premier et musical de ce terme. L’ouvrage parle bien « de » Foucault, mais dans la mesure où le fait de poser un problème qui lui est propre permet à P. Veyne de dégager la spécificité du travail de Foucault, ou du moins la spécificité pertinente de cette pensée dans une perspective d’historien. Il lui permet à la fois d’essayer de penser autrement et de porter un diagnostic critique sur l’actualité de sa discipline. P. Veyne prend dès lors position dans un problème de méthode au sein de sa propre discipline. Foucault. Sa pensée, sa personne – dans la mesure où l’ouvrage explicite en l’exemplifiant la posture du sceptique et où la critique de la vérité qui lui est propre se fonde moins sur une relativisation que sur la promotion d’une conception non spéculaire de la vérité – permet à P. Veyne de s’interroger, en historien, sur le « phénomène Foucault », autrement dit, sur le déplacement qui met en question sa propre pratique d’historien. P. Veyne ne pose pas la question de « la » vérité, ou du rapport du « sujet à la vérité » – ce qui sera l’un des aspects du travail de Foucault – mais s’interroge sur lui-même et sur ce que ce déplacement dans l’ordre de la vérité contribue à faire bouger pour l’historien et pourquoi le travail de Foucault n’est pas pris en compte ou mal pris en compte par des historiens, en quoi également il est un gage de pertinence dans les recherches historiques, ce dont témoigne son souhait répété de voir de jeunes historiens adopter certaines mutations épistémologiques caractéristiques de la pensée foucaldienne[39]. Encore une fois, P. Veyne ne dit rien de « nouveau » : on connaît les revers subis des deux côtés, l’invention d’une nouveau niveau d’analyse qui implique une pensée non spéculaire de la vérité est bien connue. Charge au lecteur de comprendre que l’enjeu ne réside pas ici dans un apport de « connaissances », mais dans le rôle stratégique que P. Veyne réussit à faire jouer à ces éléments. C’est en cela – dans la pensée critique de l’actualité de sa propre discipline que rend possible le portrait d’un Foucault sceptique – que réside la pertinence – et le caractère corrosif – de l’ouvrage qui tombe dès lors un peu comme un pavé dans le bocal…des historiens[40] – historiens des idées compris.

…et légitime par avance le caractère parfois lacunaire, souvent « fixiste » de l’analyse

La portée de l’ouvrage – une critique de l’actualité de la pratique de l’historien – conduit cependant P. Veyne à lire le déplacement foucaldien et l’invention conceptuelle qui le caractérise dans une certaine perspective – qui insiste davantage sur la conception neuve de la vérité qui se fait jour que sur l’émergence d’un niveau d’analyse – et à analyser les notions-outils dans cette perspective, ce dont témoigne notamment le traitement du « discours » tout au long de l’ouvrage. Prendre en compte la stratégie propre du livre nous prémunit ainsi contre certaines critiques faciles.

On pourrait parler en effet parler d’un déplacement d’accent entre deux aspects du travail de Foucault – la critique de la vérité correspondance et l’invention conjointe d’un « niveau » d’analyse et d’un nouvel objet d’analyse – entre la portée que leur auteur donne à chacun et la lecture qu’en fait P. Veyne. P. Veyne insiste en effet sur le premier aspect tandis qu’il est seulement impliqué dans un projet d’ensemble pour Foucault[41]. Ce projet se fonde sur une conception non traditionnelle de la vérité, sur un déplacement dans l’ordre des savoirs où la question de la formation des discours est concernée. Il n’en demeure pas moins que ce n’est là que l’un des trois déplacements qui servent une perspective bien différente, celle du sujet et de sa constitution. La vérité dans les travaux de Foucault est une notion polysémique dont P. Veyne ne retient que l’un des aspects ou plutôt n’a à considérer que l’un des aspects dans la perspective qui est la sienne. La question des « jeux de vérité » est évoquée par P. Veyne, mais elle n’est pas analysée en tant que telle. Les problèmes dans lesquels s’inscrit la notion de vérité chez Foucault – les « jeux de vérité »[42], la « passion de la vérité » caractéristique de l’Occident[43], la « Volonté de savoir », le statut particulier de la science[44] – sont également évoqués, mais à la fin de l’ouvrage[45], de manière plus descriptive dans la mesure où il s’agit de questions qui ne sont pas celles de P. Veyne. Les thèmes du savoir, du pouvoir et le rapport qu’ils entretiennent sont également abordés mais ils sont analysés de manière assez scolaire[46] faute de s’inscrire dans la problématique de l’auteur, faute d’être des outils nécessaires qui s’inscriraient dans une stratégie. L’auteur n’entend pas se livrer à une « pensée critique de l’actualité » en général ou à propos des rapports que le sujet entretient avec la vérité mais opère localement, au niveau de sa propre discipline, cette partialité étant gage d’une recherche féconde[47]. Les éléments propres à la question que pose Foucault sont pour lui des objets dont on peut rendre compte mais qui ne servent pas son propre projet qui est plutôt de comprendre la légitimité et la fécondité pour l’historien de la mutation épistémologique, du déplacement conceptuel que Foucault produit. L’usage positif et constitutif que fait Foucault du terme de vérité est plus ou moins laissé de côté, tandis que la perspective propre dans laquelle P. Veyne inscrit cette notion n’est qu’un aspect, qu’un moment, l’un des déplacements opérés par Foucault notamment dans l’Archéologie du savoir. Le déplacement d’accent, où la question de la vérité est impliquée, est à la fois gage de pertinence pour le livre de P. Veyne – puisqu’il travaille à la solution d’un véritable problème – mais également une faiblesse si le lecteur n’y prend pas garde et croit lire ce qu’il en est de la vérité « chez » Foucault. P. Veyne traite le propos foucaldien à un certain niveau, celui d’une critique de la vérité correspondance dans la mesure où c’est cette conception qui a cours dans la discipline historique, dans la mesure où c’est ce point précis qu’il est urgent de traiter, alors que ce traitement de la vérité est davantage pour Foucault un point de départ pour mener sa propre recherche concernant le procès de subjectivation.

Fort de cette lecture et de cette perspective, les concepts – du moins ceux qui sont importants pour le projet de P. Veyne – sont abordés dans cette perspective et ils sont analysés en tant que « constitués », ce qui n’est dommageable encore une fois que si l’on prend l’ouvrage de P. Veyne pour ce qu’il n’est pas, à savoir une analyse de tel ou tel concept. Le « discours » que P. Veyne définit comme les « cadres formels à travers lesquels nous connaissons »[48] assume une fonction un peu différente que celle qu’elle occupe dans le travail de Foucault. La notion de « discours » permet en effet à P. Veyne d’exemplifier la mutation épistémologique qui donne toute sa portée à son propos. A cet égard, le propos de Foucault est magistralement explicité[49], mais il rend moins compte du « discours » que de la fonction qu’occupe le discours et de ce qu’il permet, ce qui le conduit à négliger la technicité de la formation des discours[50] caractéristique de l’Archéologie du savoir qui est pourtant l’ouvrage qui lui sert de référence dans ce contexte, ainsi que la précision à propos de certaines notions associées, comme celles d’archéologie et de généalogie[51]. Cet usage parcimonieux, justifié dans la perspective qui est celle de P. Veyne, conduit également à des références à des réflexions ou à des concepts dont Foucault se sépare nettement et de manière très explicite. L’analyse en terme de « rareté »[52] caractéristique de l’Ordre du Discours,[53] se voit ainsi relayée par une analyse en terme de productivité dans Surveiller et punir[54] qui interroge non plus la rareté mais ce qui est produit et la fonction que remplit telle ou telle pratique dans telle économie des rapports de pouvoir[55]. L’importance de ce concept de « discours » qui sert à exemplifier le changement de niveau, conduit également P. Veyne à négliger son évolution dans la réflexion foucaldienne et notamment sa dimension stratégique – le fameux « discours bataille »[56] – mais également ses rapports avec une autre notion, celle de « dispositif ». L’un et l’autre concept sont bien évoqués, leur rapport est certes mis en lumière[57], mais rien n’est dit sur l’abandon progressif du concept de « discours » au profit de celui de « dispositif » [58]. On pourrait dire, à la manière du déplacement qu’on repérait à l’égard du projet d’ensemble que P. Veyne renverse les préséances entre le concept même de discours et la fonction qu’il assume, qu’il prend en quelque sorte l’un pour l’autre. Lui-même souligne cette difficulté en émettant des réserves sur le choix du terme de « discours »[59], ce qui serait une manière de confirmer notre hypothèse : le terme n’est mal choisi que dans la mesure où P. Veyne entend lui faire jouer le rôle de concept unitaire et rassembleur, dans la mesure où il lui permet d’exemplifier quelque chose qui n’est autre qu’un champ nouveau rendu disponible grâce à l’outil discours qui, en tant que simple outil chez Foucault, peut être abandonné, remplacé, transformé. Dans la mesure où l’on comprend de manière suffisamment précise le rôle que joue le concept foucaldien de discours dans le propos de P. Veyne, le « fixisme » et la partialité d’une analyse par ailleurs tout à fait juste, ne pose pas problème.

Le portrait de Foucault en sceptique permet à P. Veyne d’aborder une question fondamentale, la mutation que Foucault a opéré dans l’ordre de la pensée. En revanche, cette mutation et les outils qui sont forgés à sa suite ne sont pas abordé en fonction des problèmes foucaldiens, ne sont pas réinscrits dans les questions auxquelles ils répondent chez Foucault, mais servent à résoudre un problème que pose P. Veyne, ce qui peut, me semble-t-il, être considéré comme une application de la notion de « dispositif », ou comme une « théorie de la lecture », où les concepts et les déplacements conceptuels doivent être considérés comme des outils qui doivent servir. L’éloge de P. Veyne réside moins dans son discours que dans l’usage qu’il fait des textes de Foucault, ce qui lui donne une toute autre pertinence. Reste alors à savoir « lire » un texte qui prend en quelque sorte la forme d’une expérience critique pour le lecteur. Encore une manière de jeter un pavé dans le bocal, du lecteur cette fois, ce qui est une manière, pour P. Veyne, d’assumer la position de l’ « intellectuel spécifique » cher à Foucault.

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[1] Voir la « chronologie » établie par D. Defert dans Dits et Ecrits (DE pour la suite), pp. 13-90.

[2] D. Eribon, Michel Foucault, Flammarion, 1989.

[3] Foucault. Sa pensée, sa personne (FPP pour la suite), entre autres, pp. 208 ; 211 « Je reprends ici […] un récit qu’a bien voulu publier D. Eribon dans son Michel Foucault ».

[4] J. Rajchman (La liberté de savoir, PUF, 1987) est cité dès l’introduction, p. 9, pour un point essentiel puisqu’il s’agit de la thèse que va défendre P. Veyne dans FPP. Pour cette thèse, voir plus bas.

[5] J.-M. Schaeffer ; B. Williams.

[6] J.-M. Schaeffer notamment, pp. 76-77. « Comme a bien voulu me l’écrire le pénétrant J.M. Shaeffer […] continue Schaeffer […] Et derechef J.-M. Schaeffer m’écrit aussi […] ».

[7] FPP, pp. 38, 42. Le problème n’est pas la citation, légitime et nécessaire dans un tel registre, mais plutôt la manière dont cette citation est quelque peu laissée à elle-même, valant encore une fois comme argument alors qu’il s’agit précisément d’expliquer, de rendre compte et non seulement de désigner. A cet égard, le chapitre 1 est particulièrement intéressant dans la mesure où il est relativement économe en citations et où toutes sont explicitées et analysées, inscrites dans la problématique propre de P. Veyne.

[8] Voir notamment l’analyse du changement de niveau, du déplacement méthodologique et épistémologique caractéristique de l’analyse foucaldienne. FPP, chapitres 1 à 3 notamment.

[9] L’expression « notre héros » revient (trop ?) souvent sous la plume de l’auteur. Voir par exemple FPP, pp. 112 ; 170.

[10] Allusion à la métaphore qui est filée tout au long de l’ouvrage : nous sommes comme des poissons rouges dans un bocal ; nous voyons le monde à travers un bocal alors que ce « cadre » nous demeure inaperçu.

[11] P. Veyne rapporte par exemple une de ses « hallucinations ». FPP, note 2 pp. 211-212. Il fait référence à ce qu’il éprouve, ressent, pense, juge, à propos des actes ou des propos de celui qui fait l’objet de son livre.

[12] Voir L’Archéologie du savoir, chapitre 1, pp. 33-36. Voir également la seconde préface à l’Histoire de la folie.

[13] Voir « Qu’est-ce qu’un auteur ? », Bulletin de la Société française de philosophie, 63e année, n°3, juillet-septembre 1969, pp. 73-104, repris in DE, 69.

[14] Le « lieu d’où parle » l’énonciateur ne contredit pas du tout la critique du primat accordé à l’auteur ou à l’œuvre. Cette attention au « lieu » est au contraire une manière de comprendre le texte comme élément d’une lutte, comme à la fois théorique et pratique. Le point de vue de Sirius n’existe pas, comme P. Veyne le rappelle lui-même, pas même et peut-être surtout pas pour l’ « archéologue ». On s’est d’ailleurs fait fort d’interroger Foucault à ce propos, pensant faire éclater une contradiction, alors qu’on ne faisait que prolonger son analyse.

[15] Cette idée est développée dans l’entretien entre M. Foucault et G. Deleuze intitulé « Les intellectuels et le pouvoir », repris dans DE, 106, mais également dans « Rhizome » qui sert d’introduction aux Mille plateaux de G. Deleuze et F. Guattari.

[16] Je reprends là une expression de Sénèque à propos de la passion stoïcienne. Voir notamment De la colère. Le philosophe n’est pas préservé de ces « premiers mouvements de l’âme », ce qui n’empêche pas qu’il ne souffre (d’) aucune passion. La référence concerne également P. Veyne qui a dirigé l’édition des dialogues de Sénèque.

[17] Voir l’entretien paru dans Ornicar ? Bulletin périodique du champ freudien, n°10, juillet 1977, pp. 62-93, repris dans DE, 206, et intitulé « Le jeu de Michel Foucault ».

[18] « Chose rare en ce siècle, il fut, de son propre aveu, sceptique », FPP, p. 9.

[19] Voir la référence à J. Rajchman dès l’introduction.

[20] Rappelons comme le fait P. Veyne en se référant à J.-C. Passeron dans Itinéraire d’un sociologue : trames, bifurcations, rencontres, La Découverte, 2008, qu’il ne s’agit pas d’un « dédoublement » du penseur mais d’une articulation entre deux pratiques incommensurables.

[21] « Quant au sceptique, c’est un être double. Tant qu’il pense, il se tient hors du bocal et regarde les poissons qui tournent en rond. Mais comme il faut bien vivre, il se retrouve dans le bocal, poisson lui-même pour décider quel candidat aura sa voix aux élections prochaines (sans donner pour autant valeur de vérité à sa décision). Le sceptique est à la fois un observateur, hors du bocal qu’il révoque en doute, et un des poisson rouge. Dédoublement qui n’a rien de tragique », FPP, 11. A cet égard, les chapitres 3 et 10 explicite ce double aspect.

[22] « Ce problème de la vérité dans l’histoire n’a rien, mais absolument rien à voir avec une mise en doute de l’innocence de Dreyfus ou la réalité des chambres à gaz ».

[23] P. Veyne se fait fort de citer à plusieurs reprise cette phrase de M. Foucault : «

[24] FPP, p. 75. « Ce n’est pas là du relativisme ni de l’historicisme, c’est du perspectivisme ».

[25] « Le samouraï et le poisson rouge », voir FPP, introduction.

[26] Je reprends ici le terme qu’emploie P. Veyne auquel Foucault n’aurait peut-être pourtant pas souscrit. Voir à ce propos la première heure du Cours de 1983.

[27] M. Foucault parle d’une « mutation épistémologique » qui n’aurait pas été enregistrée en philosophie, alors qu’elle a été admise en histoire par exemple. Il donne les raisons de cette différence : la prise en compte de la discontinuité historique, dont l’historicité des concepts est l’une des formes, remettrait en cause trop de chose dont dépend la manière dont on se constiture aujourd’hui – et depuis longtemps déjà – comme sujet. Je m’appuie plus précisément sur l’introduction de l’Archéologie du savoir, p. 21 : « Cette mutation épistémologique de l’histoire n’est pas encore achevée aujourd’hui. Elle ne date pas d’hier cependant, puisqu’on peut sans doute en faire remonter à Marx le premier moment. Mais elle fut longue à prendre ses effets. De nos jours encore, et surtout pour l’histoire de la pensée, elle n’a pas été enregistrée ni réfléchie, alors que d’autres transformations récentes ont pu l’être, celle de la linguistique par exemple ».

[28] FPP, chapitre 1. « Ontologiquement parlant, il n’existe que des variations, le thème transhistorique n’étant qu’un nom vide de sens : Foucault est nominaliste comme Max Weber et comme tout bon historien », FPP, p. 19.

[29] Lorsque parut l’Histoire de la folie, certains historiens français des mieux disposés (dont l’auteur de ces lignes) n’ont pas vu d’abord la portée du livre ; Foucault montrait simplement, pensais-je, que la conception qu’on s’est faite de la folie à travers les siècles avait beaucoup varié ; ce qui ne nous apprenait rien : nous le savions déjà, les réalités humaines trahissent une contingence radicale (c’est l’« arbitraire culturel bien connu) ou sont du moins diverses et variables ; il n’y a ni invariants historiques, ni essences, ni objets naturels. […] Je n’avais pas compris que Foucault prenait parti sans le dire dans un grand débat de la pensée moderne : la vérité est-elle ou n’est-elle pas adéquation à son objet, ressemble-t-elle ou non à ce qu’elle énonce. […] Selon Foucault, l’objet en sa matérialité ne peut pas être séparé des cadres formels à travers lesquels nous connaissons ce que Foucault, d’un mot mal choisi appelle « discours ». […] Mal comprise, cette conception de la vérité comme non-correspondance au réel a fait croire que, selon Foucault, les fous n’étaient pas des fous et que parler de folie était de l’idéologie », pp. 13-14.

[30] Pour cette ligne de partage entre le souvenir et l’argument, pour des discours en apparence semblables, on se réfèrera à la préface que Foucault écrit pour le livre de S. Livrozet reprise en DE, 116.

[31] Voir à cet égard la fin du premier chapitre de Surveiller et Punir.

[32] Je renvoie sur ce point à l’analyse claire et précise de J. Revel dans Michel Foucault. Expériences de la pensée, Paris, Ellipse, 2004.

[33] FPP, p 19.

[34] FPP, p. 14.

[35] Voir DE, 72 ; 101 ; 104.

[36] FPP, p. 14.

[37] Voir la première leçon du Cours de 1983, première heure.

[38] Si Foucault a pu parfois être un peu incisif à l’endroit des historiens, il n’est pas un adepte de la polémique et ne remet pas en cause la pertinence des histoires des mentalités ou des représentations. Voir Cours de 1983, première heure. Ces manière de procéder lui servent simplement de contrepoint pour définir son travail.

[39] « Je rêve aujourd’hui à de jeunes historiens qui rêveraient d’écrire [l’histoire] comme Foucault », p. 41.

[40] Il me semble que l’ouvrage de C. Darbo-Preschansky, L’Historia. Commencements grecs (Folio, 2007) jouerait un rôle analogue comme elle-même l’affirmait à partir de l’accueil peu amène fait à l’ouvrage dans le milieu universitaire.

[41] P. Veyne dit lui-même que le point qui s’avère être fondamental dans son propos est « impliqué » dans le travail de Foucault dont il n’est pas l’objet mais l’outil. Pour le projet d’ensemble, voir DE, 345 et la seconde introduction à l’Usage des plaisirs.

[42] DE. 345.

[43] DE. 356.

[44] Histoire de la sexualité, tome 1.

[45] FPP, pp. 180-181.

[46] FPP, pp. 51sq : « Savoir, pouvoir, vérité : ces trois vocables ont frappé les lecteurs de Foucault. Essayons de préciser leurs rapports mutuels. En principe, le savoir est désintéressé […] ».

[47] DE, 339.

[48] Il en donne en effet cette définition au chapitre 1, p. 14.

[49] FPP, chapitres 1-2 notamment.

[50] Voir L’Archéologie du savoir, i, 2-7, notamment.

[51] FPP, p. 23 « un travail historique que Foucault appelle archéologie ou généalogie (je n’entrerai pas dans les détails) […] ». C’est moi qui souligne.

[52] FPP, p. 148.

[53] Voir FPP, p. 126, note 3, pour la référence explicite à cet ouvrage.

[54] Surveiller et punir, i, 1, pp. 3& ; 35 ainsi que l’ensemble des analyses du pouvoir qui suivront, SP caractérisant le second déplacement conceptuel qui assure également la redétermination du premier évoqué, le lien entre les divers déplacements conceptuels étant une préoccupation qui se manifeste très nettement dans les derniers cours.

[55] Surveiller et Punir, chapitre 1. Le flottement conceptuel qui précède cet ouvrage est explicitement formulé dans « L’intellectuel et les pouvoirs ».

[56] DE, 186.

[57] FPP, p. 49.

[58] Le rapport évoqué entre discours et dispositif ne me semble pas se retrouver chez Foucault dans ces termes, dans la mesure où P. Veyne les considèrent comme aussi pertinentes alors que la notion de dispositif, qui ne recouvre pas celle de discours, prend le pas sur celle de discours à un certain moment, en fonction de l’évolution de la formulation des problèmes. Pour la prééminence de la notion de « dispositif », voir DE, 206.

[59] FPP, p. 14.

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