Adorno : Contribution à une métacritique de la théorie de la connaissance. Husserl et les antinomies da la phénoménologie

Theodor W. Adorno n’a cessé sa vie durant de « s’expliquer » avec Husserl. Dès 1924, il consacre sa première thèse au fondateur de la phénoménologie. Paru en 1956, Contribution à une métacritique de la théorie de la connaissance est un livre auquel Adorno a commencé de travailler dans les années 30 et qui lui tenait tant à coeur qu’il s’y est attelé pendant plus de vingt ans.
Les essais réunis dans ce volume constituent une véritable lecture de l’oeuvre de Husserl. Adorno y distingue un premier Husserl, l’inventeur de la phénoménologie et critique des théories néokantiennes de la connaissance, et un second Husserl revenant sur la radicalité du geste de la phénoménologie et son ambition de concevoir une véritable philosophie première, pour finir par proposer une philosophie transcendantale renouant, sur certains points, avec ce qui n’est autre que le néokantisme. C’est au premier Husserl que va toute la sympathie philosophique d’Adorno, au phénoménologue qui, dans le sillage de Bergson, a affirmé avec force l’existence d’un monde antérieur à celui qu’a construit la raison. Retrouver le premier Husserl derrière le second, tel est le projet de ce livre. Husserl défendu contre… lui-même.
Par-delà cette lecture de Husserl, ce livre est aussi, de l’avis même d’Adorno, « une sorte de prélude critico-dialectique à une logique matérialiste ». C’est reconnaître que la logique n’est pas un objet extérieur au champ politique. S’en prendre à l' »absolutisme logique » de Husserl, c’est aussi revenir sur son refus de penser l’être comme individuel et contingent et sur les effets politiques qui en découlent : « Je ne puis guère douter , écrit Adorno, que toute notre logique […] est bâtie sur le modèle de normes juridiques, qui ne servent à leur tour qu’au maintien de certains rapports de production. » Sous la plume d’Adorno, la critique de la logique devient l’un des fronts de la critique de la politique.
La traduction de cet ouvrage devrait enfin remettre en question la vision lénifiante selon laquelle théorie critique et phénoménologie se seraient développées sans jamais communiquer ni se croiser. La Contribution à une métacritique de la théorie de la connaissance est en affinité avec les lectures de Husserl sous-tendant les tentatives qui, après la Seconde Guerre mondiale, s’efforcèrent d’articuler phénoménologie et marxisme (Sartre, Anders), ainsi qu’avec les commentaires critiques du projet husserlien qu’ont pu proposer Lyotard, Desanti ou Derrida.

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