Entretien avec Bertrand Vergely : autour de Retour à l’émerveillement

Apprendre à s’émerveiller

Né en 1953, Bertrand Vergely est normalien et agrégé de philosophie. Il enseigne la philosophie en khâgne au lycée Pothier à Orléans et la théologie morale à l’Institut Saint-Serge. Il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages d’initiation à la philosophie dans la collection « Les Essentiels » aux éditions Milan ainsi que d’un certain nombre d’essais où il s’intéresse à des thématiques existentielles comme la souffrance, la mort, le « silence de Dieu face aux malheurs du monde », la foi ou bien le bonheur.
Son dernier ouvrage Retour à l’émerveillement (Albin Michel, Essais clés) constitue une sorte d’aboutissement de son cheminement : B. Vergely y défend la faculté de s’émerveiller encore et toujours, envers et contre tout. Car celui qui s’émerveille n’est pas indifférent, ne vit pas dans la tristesse de la banalité et du quotidien mais est ouvert au monde, à l’humanité, à l’existence. C’est donc dans l’émerveillement de l’existence que l’homme doit puiser des forces pour penser, agir et créer.

Propos recueillis par Henri de Monvallier

Dépasser le tragique et l’absurde

Actu Philosophia – Dans tes livres précédents, tu t’es intéressé à des thématiques comme la souffrance, la mort, le bonheur ou la foi. Ton dernier ouvrage Le Silence de Dieu face aux malheurs du monde (Presses de la Renaissance, 2006) marquait un infléchissement de ta réflexion vers la question de la théodicée et du « silence de Dieu » face aux malheurs du monde. Comment cette thématique de l’émerveillement vient-elle s’insérer et trouver sa place dans ce parcours ? Ne peut-on pas dire que cette question constituait une sorte d’impensé et d’arrière-plan de l’ensemble de ta réflexion sur la vie et le sens ?

Bertrand Vergely – J’ai écrit des ouvrages dans trois directions. 1°) La vulgarisation de la philosophie et l’histoire de la philosophie. 2°) Des réflexions sur les expériences-limites de la mort, de la souffrance et du mal. 3°) Des ouvrages sur le bonheur et la foi. Cet essai sur l’émerveillement s’inscrit dans une tentative de dépasser le tragique et l’absurde dans lesquels tend à s’enfermer une partie de la philosophie contemporaine au nom de la lucidité philosophique. Une chose est d’avoir conscience du tragique de certaines situations dans l’existence, une autre est d’enfermer la totalité de l’existence dans le tragique et l’absurde sous prétexte de l’existence de telles situations. Au paragraphe 7 du Second Traité de la Généalogie de la Morale, Nietzsche a un propos qui résume bien ma pensée quand il dit, en substance, que la souffrance n’est pas une objection contre la vie 1. C’était déjà , par parenthèse, l’objectif de mon essai de 1997 sur la souffrance que de montrer, contre toutes les visions « chrétiennes » ou pseudo-chrétiennes de la souffrance rédemptrice, que ce n’était pas la souffrance qui donnait un sens à la vie mais la vie qui donnait un sens à la souffrance 2. Je constate d’ailleurs que la conclusion de ce livre s’intitulait déjà « Retour au sens »… La question de l’émerveillement était donc bien une sorte d’impensé qui commandait depuis le début l’ensemble de ma réflexion.

AP– Justement, pourquoi un retour « à » et non « de » l’émerveillement ? La thématique du retour est, en effet, assez présente en philosophie depuis les années 1980 avec des topoï (qui sont devenus des tartes à la crème journalistiques) comme le « retour du religieux » ou le « retour du sujet » …

BV– C’est la différence qu’il y a entre une sociologie (savante ou journalistique…) de la société contemporaine et une tentative de philosophie dans la société contemporaine. Si l’on assistait à un retour massif de l’émerveillement dans la société contemporaine, je comprendrais fort bien qu’on s’interrogeât sociologiquement sur ce phénomène et on parlerait à ce moment-là du retour de l’émerveillement comme du retour du religieux. Mais fort heureusement tel n’est pas le cas. En revanche, je pense nécessaire de redonner philosophiquement ses lettres de noblesse à l’émerveillement en considérant qu’il est fondateur de la pensée, de la morale et même de la politique. Il s’agit de retourner l’émerveillement afin de faire apercevoir derrière une face apparemment naïve (l’émerveillement du « ravi de la crèche ») une authentique expérience philosophique et métaphysique. Le sens de la préposition « à » est aussi d’indiquer qu’il s’agit d’une expérience que chacun doit s’approprier personnellement de manière active alors que le « de » signifierait davantage un phénomène extérieur à chacun, ce qu’on appelle un « phénomène de société » (« retour de la morale », « retour de l’autorité », « retour de la philosophie », etc.).

AP– Comment définis-tu de manière générale cette notion d’émerveillement ?

BV– Il y a deux émerveillements. Un premier émerveillement est l’émerveillement naturel de l’enfance. Quand un enfant n’a pas été meurtri dans son milieu familial, il reçoit naturellement le monde sur le mode de l’émerveillement. Chaque jour est une occasion de découverte, d’étonnement et d’intérêt. L’enfant qui arrive au monde et qui vit dans des conditions où il est aimé et mis en confiance ouvre des grands yeux face à tout ce qui se présente à lui. Tout l’intéresse, tout le passionne, tout le subjugue, tout est un événement. Pourquoi ? Parce qu’il vit la naissance de l’esprit, ni plus ni moins. En s’ouvrant au monde et en accueillant celui-ci, il est ouvert par le monde. En étant ouvert par le monde, il acquiert une intériorité qui lui permet d’ouvrir le monde, cela marche dans les deux sens, de manière dynamique. Et c’est là que jaillit l’esprit, c’est-à-dire l’intelligence rayonnante, libre. L’enfant est émerveillé car il se rend compte que tout communique d’ouverture à ouverture et que, une chose en amenant une autre, la vie est riche de sens. L’émerveillement de l’enfant est donc caractérisé par cet « étonnement d’être » qu’évoque Bachelard 3.
Le second émerveillement est l’émerveillement adulte. Cet émerveillement consiste à découvrir des trésors derrière le vide ou l’âpreté apparente de l’existence. C’est exactement l’expérience que font Pascal, Heidegger mais aussi ce qui se passe à travers le haïku japonais. Les êtres humains sont jetés dans l’existence avec une impression d’absurdité, d’absence totale de sens et tout d’un coup, parce qu’ils se tiennent là, dans l’être-là, avec persévérance et courage, ils se découvrent non pas abandonnés dans l’existence mais envoyés dans l’existence. Ils découvrent également l’immense derrière ce qui semble l’absurde ou le vide. En fait, ils sont directement en contact avec la dimension métaphysique de la réalité. Pour arriver à cet émerveillement adulte, il faut avoir surmonté la tristesse, la lassitude, la révolte, le désespoir et donc les avoir rencontrés. Certaines personnes âgées ont cet émerveillement. Elles ont vécu, elles ont lutté, elles ont souffert ; elles pourraient se refermer dans l’amertume et le chagrin à l’approche de la mort, elles n’en font rien. Au lieu de se mettre en état de désenchantement, elles se mettent en état d’émerveillement. Et, ce faisant, un miracle s’opère (nous aurons l’occasion de revenir, je pense, sur cette notion de miracle qui est fondamentale pour comprendre ce qu’est l’émerveillement) : la vie se met à parler. Comme pour les enfants, avec la même magie. Mais une magie enrichie toutefois par l’expérience de la vie. D’où un émerveillement singulier et plus réflexif : on s’émerveille devant le fait de s’émerveiller, devant le fait d’en être encore capable. Cet émerveillement adulte est aussi celui de certains grands savants et scientifiques. Il arrive, en effet, qu’on ne sache plus à force de savoir : on peut alors se replier dans le scepticisme et l’amertume, on peut à l’inverse sortir ressuscité de l’ombre. C’est le cas quand le savant a l’humour de se réjouir de son échec, à savoir quand il y voit un signe. Quand on ne sait pas, quand on ne sait plus, on est proche de l’infini. De là l’émerveillement de certains savants : leur savoir n’est plus de la science mais de la contemplation ou de la poésie. L’émerveillement apparaît ainsi comme l’autre face de l’absurde : si la vie n’a pas de sens et le monde non plus, cela veut dire que tout est ouvert, que rien n’est figé, que tout reste à penser et cela a du sens.

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AP– Tu évoques la question de l’absurde. Prenons, par exemple, la fin de L’Étranger de Camus (1942), un texte dont nous avons souvent parlé ensemble. À la veille de son exécution, Meursault s’émerveille soudainement devant le ciel étoilé qu’il voit à travers les barreaux de sa prison : « […] j’étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette. Je crois que j’ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage. Des bruits de campagne montaient jusqu’à moi. Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes. La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée 4. » Est-ce qu’on peut affirmer qu’à ce moment-là, avec l’évocation de cette « merveilleuse paix », le personnage passe de l’absurde à l’émerveillement et qu’il se réconcilie avec le monde?

BV– Mettons un peu, si tu le veux bien, les choses en perspective. L’histoire de L’Étranger de Camus reflète la trajectoire intellectuelle et existentielle de Camus lui-même. Cette trajectoire se déroule en trois temps qui peuvent être reconstitués à partir de son œuvre et sont indépendants de la chronologie de celle-ci.
1°) Camus est révolté par l’état du monde, la violence de la condition humaine, sa souffrance. Il trouve le monde absurde et ne trouve de sens à l’existence que dans la révolte. C’est la période du Mythe de Sisyphe (1942).
2°) Camus voit les limites de la révolte. Il s’aperçoit que cette dernière, loin de corriger l’absurdité du monde, l’augmente. Témoin, L’Homme révolté (1951) qui montre comment, voulant lutter contre le mal sur terre, les intellectuels, d’Épicure à Marx, en passant par Sade et le dandysme, ont en fait déchaîné le mal sur la terre.
3°) Le dépassement de la révolte. Camus dans Noces (1939) fait un hymne à la beauté du monde : « Non, ce n’était pas moi qui comptait, ni le monde mais seulement l’accord et le silence qui de lui à moi faisait naître l’amour 5. » Cet hymne à la beauté du monde s’accompagne d’un engagement fraternel à côté de ceux qui souffrent.
L’Étranger reproduit, me semble-t-il, cette démarche et contient, sur le mode de la monade, l’intégralité de cette trajectoire. Que se passe-t-il en effet dans ce roman ?
1°) Meursault perd sa mère, dès la première phrase, et trouve le monde absurde.
2°) Il vit d’une manière révoltée en se moquant de tout. Il tue gratuitement un homme et, lui-même, aspire à être tué.
3°) Il dépasse le stade de la révolte. Camus est important parce qu’il repense la métaphysique à partir d’une expérience de la beauté et pas simplement à partir d’un raisonnement intellectuel ou moral. Concernant la fin de L’Étranger et la question que tu poses, un problème demeure en suspens. Le personnage découvre-t-il la beauté ou bien ne se réjouit-il pas de sombrer dans l’anéantissement comme le laissent penser les derniers mots du roman : « […] il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de monde lors de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine 6 » ? Il est difficile de trancher.

« Le nihilisme est un idéalisme déçu »

AP– Le livre que tu proposes comporte quatre parties. Pourrais-tu résumer l’itinéraire que tu suis et expliquer les articulations entre chacune des parties ?

BV– La première partie s’intitule « Au commencement était le Verbe » et elle explique les structures profondes de l’émerveillement. Pour résumer les choses, l’émerveillement correspond très exactement à la découverte du monde comme langage que l’on trouve magnifiquement développée par Baudelaire dans son poème « Correspondances » au début des Fleurs du mal (1857) (« les parfums, les couleurs et les sons se répondent »), par Victor Hugo à la fin des Contemplations (1856) (« Tout parle, l’air qui passe et l’alcyon qui vogue ») et par Nerval dans son poème « Vers dorés » dans les Chimères (1853) (« À la matière même un verbe est attaché »). C’est une résonance profonde entre l’être humain et l’infini. Vivre, c’est découvrir que l’existence répond quand on la vit à travers une résonance intime. Être dans un monde vivant, c’est être dans un monde parlant ; être dans un monde parlant, c’est être dans un monde vivant. Le monde n’est pas inerte, il ne cesse d’exprimer, de développer, de combiner, de fabriquer, de transformer. Tout commence avec cette expérience du sens. La vie a du sens. Nous sommes là, la vie est là, le langage est là. Il y a quelque chose et non pas rien.

La deuxième partie s’intitule « La tentation nihiliste ». Dans cette partie, il est question de comprendre comment on peut perdre sa faculté d’émerveillement. Tout être humain doit devenir et passer de l’enfance à l’âge adulte. Il faut pour cela aller au-delà de l’émerveillement de l’enfance et faire l’expérience du monde, du travail, de l’altérité, du conflit, de la souffrance. Certains ne s’en remettent pas. Déçus comme Meursault dans L’Étranger de ne pas trouver un univers maternel et accueillant, ils réagissent en passant du tout au rien. Puisque le monde n’est pas tout, puisqu’il n’est pas un paradis, il ne sera rien. On bascule alors dans le nihilisme décrit par Camus dans L’Homme révolté. Le nihilisme est un idéalisme déçu. Je pense en disant cela à la pratique nihiliste des terroristes de la fin du XIXe siècle en Russie et en Europe de l’ouest ainsi qu’à la pratique du terrorisme, dans sa version islamiste ou autre, au XXe siècle et au XXIe siècle. Mais aussi, au fond, au marquis de Sade et à Bataille. Tous ces personnages, qu’ils soient réels ou fictifs, ont un point commun : ils pratiquent la violence en espérant que, de celle-ci, surgira comme par magie un monde nouveau et idéal. On touche donc là une espèce de contradiction de fond du nihilisme qui repose, au fond, malgré tout, sur une espérance, mais une espérance non assumée en tant que telle, refoulée. On passe alors de l’émerveillement au cauchemar. On entre dans une humanité qui fait souffrir l’humanité par appétit d’idéal. Je dirais que notre vie quotidienne est traversée de pulsions nihilistes qui sont éparses et partielles. Regardons une partie de l’art contemporain, une partie du cinéma ou de la littérature : on baigne dans la violence. Prenons par exemple le livre de Bret Easton Ellis American Psycho (1991) qui a été par la suite adapté au cinéma (2000). Sous prétexte de dénoncer la violence de notre époque, l’auteur s’en repaît. On a là la quintessence du procédé nihiliste contemporain, à savoir se baigner dans la violence en espérant que ce bain lustral va provoquer magiquement l’émergence d’une humanité consciente. Les romans de Virginie Despentes ou de Christine Angot ou bien encore les films de Michael Haneke sont traversés par ce procédé. Camus écrit dans L’Homme révolté: « Le révolté choisit la métaphysique du pire qui s’exprime dans une littérature de damnation dont nous ne sommes pas encore sortis7 . » Nous n’en sommes toujours pas sortis depuis Sade et Bataille ! L’autre paradoxe étant, pour les auteurs que j’ai cités, qu’il professe un athéisme sans concession mais vivent en même temps dans une obsession, pour ne pas dire une hantise, au fond très chrétienne, de la damnation.

AP– À partir du moment où la tentation nihiliste a débouché sur la mort de l’émerveillement, comment celui-ci peut-il renaître ou ressusciter ? Comment résister au nihilisme, comme y invite la troisième partie : « La Résistance au nihilisme » ?

BV– Dans la troisième partie, je tente de montrer que la seule manière de sortir du nihilisme réside dans l’émerveillement. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. Mais la principale d’entre elles réside dans l’expérience de la vie. Quand on fait l’expérience de la vie dans sa nudité, dans sa simplicité, c’est là que l’on voit jaillir une existence rénovée. A la base de ce retournement, il y a quatre expériences : le fabuleux, la stupeur, l’étonnement et le bouleversement.
La première est très simple et très pratique. Elle consiste à découvrir que nous n’avons pas le choix. Si nous voulons survivre, il faut arrêter de penser que la mort est plus forte que la vie et que la violence est la vérité de l’humanité. Bergson appelle cela « fabuler » parce que cela contredit le rationalisme : il n’y a pas plus pratique que cette fabulation-là. La « fonction fabulatrice » mise au jour dans Les Deux Sources signifie qu’on ne vit pas, comme le font les penseurs qui se veulent « lucides », en pensant que la vie va à la mort et que l’humanité a été et donc sera toujours égoïste et donc violente. On ne vit pas en enseignant sur tous les toits que la mort et la violence sont la vérité de la condition humaine. On ne vit pas en étant nihiliste sous prétexte de ne pas être dupe. On vit en pensant que la vie est plus forte que la mort et l’esprit de l’humanité plus fort que la violence. La religion qui enseigne cela n’est pas une illusion : elle est plus véritable que l’intelligence prétendument lucide car elle permet de vivre et s’accorde ainsi avec la pratique humaine. La fonction fabulatrice n’est pas une affabulation.
Deuxième expérience : il s’agit de regarder la position de l’homme dans l’univers. Je crois que si l’on n’est pas stupéfait, si l’on n’a pas le vertige, si l’on ne comprend pas qu’il y a quelque chose de miraculeux dans l’existence, c’est tout simplement que l’on n’a rien compris. Lorsqu’un astrophysicien comme Trinh Xuan Thuan nous explique que l’univers tient en équilibre grâce à quinze paramètres comme la vitesse de la lumière, la masse de l’électron, la constante de gravitation ou bien la constante de Planck et qu’il ajoute que ces paramètres obéissent à une précision de l’ordre de 10-60, lorsqu’il précise ensuite que si l’on changeait ce nombre d’une seule unité tout disparaîtrait, lorsqu’il conclut enfin que cette précision est comparable à l’habileté d’un archer qui, situé à quatorze milliards d’années-lumière d’un carré d’un centimètre de côté, serait capable de ficher a flèche au centre de ce carré, lorsque donc Trinh Xuan Thuan soutient qu’il y a des raisons sérieuses de croire en un principe créateur, il y a là une démarche profondément cohérente 8. Cette stupéfiante précision de l’univers nous montre qu’il a du sens, qu’il n’est pas absurde. Même si l’on ne veut pas franchir le pas que nous invite à faire cette théorie de l’intelligent design (dessein intelligent) en concluant de cette extraordinaire cohérence de l’univers à l’existence d’un principe créateur divin, chacun est obligé de reconnaître qu’il y a à l’évidence quelque chose de transcendant dans l’existence, sinon nous n’existerions pas et l’univers non plus. Il importe quand même ici de pousser un « coup de gueule » à l’égard de tout un monde blasé, désabusé qui déclare « ne s’étonner de rien ». Il ne faut quand même pas exagérer. On a le droit de ne pas croire en Dieu mais on n’a pas le droit de ne pas être absolument sidéré devant ce miracle totalement improbable qu’est notre existence et celle de l’univers.

AP– Pourtant, Horace dit précisément (Épîtres, I, 6) que le propre du sage est de ne s’étonner de rien (nihil mirari). La sagesse est-elle donc compatible avec l’émerveillement ?

BV– S’il s’agit de congédier un émerveillement imbécile, Horace a raison. Comme Flaubert a raison. Ne nous le cachons pas, il existe un émerveillement niais, celui du « ravi de la crèche » que j’évoquais précédemment. Le fait est qu’on s’extasie parfois pour masquer une profonde incapacité à penser. Le sot qui n’a rien compris (mais qui ne veut pas passer pour sot) s’extasie ainsi, il trouve tout merveilleux. Les esprits avisés ne se laissent pas prendre à ce petit jeu, aussi critiquent-ils l’émerveillement, comme Aristote, Spinoza ou bien le Flaubert de Bouvard et Pécuchet (1881). Le sage n’admire rien car il doit tenir son intelligence en éveil. S’il faut de l’émerveillement pour entrer dans la vie, il faut un recul critique pour s’y maintenir. Reste que tout émerveillement n’est pas niais. Le penser, c’est faire preuve de beaucoup de fragilité. Certains sages sont tellement jaloux de la quiétude de leur âme qu’ils s’interdisent d’admirer quoi que ce soit. Ce n’est pas de la sagesse mais c’est l’indice d’une grande angoisse. En fait, comme nous le disions au début, il faut se délivrer de ses émerveillements d’enfant pour arriver à un émerveillement adulte, mature, un émerveillement qui a accompli cette traversée du négatif que j’appelle « tentation nihiliste ».

AP– Reprenons maintenant les quatre expériences de la sortie du nihilisme : tu as évoqué la fonction fabulatrice et la stupeur. Quelles sont les deux autres ?

BV– Les deux autres sont l’étonnement et le bouleversement. S’agissant de l’étonnement, il est tout simplement à l’origine de la philosophie. Qu’est-ce que fait la philosophie ? Elle fait ce que Socrate fait dans le Théétète : entrer dans le chaos du monde et tout à coup découvrir que ce chaos n’est pas si chaotique que cela. Il contient de l’ordre et, derrière cet ordre, de l’intelligence. En fait, on se rend compte que l’univers est pensable, la condition humaine est pensable. Nous ne vivons pas dans un monde muet et insensé. C’est un bouleversement sans précédent. Il est toujours surprenant de découvrir que le réel est esprit. Notre matérialisme spontané a du mal à l’admettre. D’où le mot fameux de Socrate sur l’étonnement dans le Théétète, mot qui sera repris d’une manière un peu différente par Aristote au début de la Métaphysique : « C’est la vraie marque d’un philosophe que le sentiment d’étonnement » (155d). On entre en philosophie quand on prend conscience de la réalité, de la profondeur de la pensée et l’étonnement est dès lors justifié. Il est intéressant de constater que tous les grandes penseurs de l’histoire de la philosophie sont partis d’un étonnement et ont connu, à un moment ou à un autre, une expérience d’émerveillement…

AP– Oui. Il faudrait relire l’ensemble de l’histoire de la philosophie dans cette perspective. Il est intéressant de voir, par exemple, qu’à l’épicentre des Méditations métaphysiques de Descartes (tout à la fin de la Méditation troisième), après avoir démontré l’existence de Dieu, Descartes semble émerveillé, littéralement « ébloui », de sa découverte et suspend pendant quelques instants son itinéraire méditatif pour prendre conscience de ce qu’il vient de faire : « il me semble très à propos de m’arrêter quelque temps à la contemplation de ce Dieu tout parfait, de peser tout à loisir ses merveilleux attributs, de considérer, d’admirer et d’adorer l’incomparable beauté de cette immense lumière, au moins autant que la force de mon esprit, qui en demeure en quelque sorte ébloui, me le pourra permettre » (AT IX, 41). Il s’agit personnellement de mon passage préféré des Méditations et je crois que tu ne cites pas ce passage dans ton livre mais qu’il aurait pu y trouver sa place sans problème !

BV– Oui, c’est vrai. Comme tous les grands philosophes, Descartes part de l’étonnement pour arriver à l’émerveillement. L’étonnement qui vient en français du terme « tonnerre » est un coup de tonnerre. C’est avec ce coup de tonnerre qu’il faut philosopher. Il est la bonne mesure des choses. Le réel est foudroyant, à l’image de Zeus, le dieu de la foudre. Iris, la rapide, incarne la pensée foudroyante : fille de Thaumas et d’Électre, elle est au croisement de l’étonnement (thaumas en grec veut dire « merveilleux ») et d’Électre (la fille du dieu Océan). Cela signifie que la pensée devient foudroyante quand elle est la rencontre entre l’étonnement et l’immensité océanique des choses. Face à l’immense, conscient du fait que l’on n’a pas encore conscience de la réalité, on devient attentif et, de ce fait, vif. Et une fois qu’on a pris conscience de l’extraordinaire du réel (comme dans le passage de Descartes que tu viens de citer et dans lequel il est ébloui devant la beauté de la découverte qu’il vient de faire en démontrant de manière certaine l’existence de Dieu), on est émerveillé.

AP– Tu évoques enfin un quatrième mode de résistance au nihilisme que tu appelles « l’éthique du bouleversement » et qui est, sur le plan moral, l’équivalent de l’étonnement sur le plan de la pensée…

BV– Le bouleversement, l’éthique du bouleversement, c’est l’enjeu de la pensée de Levinas. Cette expérience veut dire ceci : quand on plonge son regard dans les êtres humains faits de chair et de sang, on découvre qu’il y a quelque chose qui nous interdit de tuer, on se sent appelé par la beauté, on est là au fondement de la vie morale. Une fois de plus, au fond de l’existence, on ne trouve pas rien, on trouve justement quelque chose.
Je cite aussi l’exemple de Jacques Decour (1910-1942), le célèbre résistant communiste qui, en 1942, à la veille de son exécution au Mont Valérien, écrit une dernière lettre à sa famille dans laquelle il se livre à une méditation sur l’essentiel et dans laquelle, ce n’est pas un hasard, la notion d’émerveillement apparaît : « Maintenant que nous nous préparons à mourir les uns les autres, on songe à ce qui doit venir. C’est bien le moment de nous souvenir de l’amour. Avons-nous assez aimé ? Avons-nous passé plusieurs heures par jour à nous émerveiller des autres hommes, à être heureux ensemble, à sentir le poids du contact, le poids et la valeur des mains, des yeux, du corps9? » Confronté aux ultimes instants de sa vie, Decour fait le bilan de ce qui lui paraît essentiel. Il retient trois choses : s’émerveiller de ce que l’on vive et qu’autrui existe, sentir, aimer. On est là au fondement de la morale et de la politique. Avoir le sens de la morale, c’est avoir conscience qu’autrui existe, que les êtres humains sont des êtres ce chair et de sang, non des abstractions. Le tyran, la brute et le barbare n’ont aucune conscience de la vie des autres : c’est le cas du héros d’American Psycho que j’évoquais tout à l’heure.

AP– Pourquoi n’est-il pas possible de s’arrêter à ce niveau après cette troisième partie sur la « Résistance au nihilisme » ? Qu’est-ce qui appelle la Quatrième partie intitulée « Éloge du miracle » ?

BV– Il y a deux choses. Il y a d’abord un souci de rigueur. L’émerveillement renvoie étymologiquement à la merveille et la merveille, cela veut dire le miracle, donc il fallait parler du miracle pour parler de la merveille. Ensuite, il fallait aussi s’expliquer avec la parole religieuse qui est liée au miracle.

AP– Tu distingues le miracle du prodige. A quel niveau se situe cette distinction ?

BV– Le prodige, c’est ce que fait le magicien qui sort un lapin du chapeau, c’est ce que fait la bonne fée des contes : d’un coup de baguette magique, elle transforme les citrouilles en carrosses. Le miracle, s’est autre chose : c’est une guérison liée à une révélation. Des êtres humains subissent une grande souffrance dans leur corps et dans leur âme et, soudain, une parole, un entretien, une prise de conscience, les ramène à la vie. Qu’est-ce qui est miraculeux ? Une seule chose. On est donné pour mort, pour irrécupérable, pour condamné et tout à coup on est sauvé. Un miracle est un retour à la vie. Dans nos existences, il existe quantité de miracles. Le miracle est beaucoup plus présent qu’on ne le pense. La médecine opère fréquemment des miracles. La psychothérapie opère fréquemment des miracles également. C’est ce qu’on appelle le mystère de la guérison qui consiste à réveiller les forces endormies qui existent dans l’humanité. Dans mon livre Voyage au bout d’une vie (2004), sorte de journal de bord où je raconte les derniers mois d’existence de ma mère ainsi que la manière dont elle a affronté la maladie et la mort, je raconte comment, à la stupeur générale, à un moment, celle-ci est revenue à la vie alors qu’elle était en coma de stade 3 et que tout le monde la croyait morte.. Il fallait voir la tête du médecin, totalement sidéré par ce qui venait de se passer !

AP– Tu proposes un certain nombre d’analyses sur les miracles du Christ rapportés dans les Évangiles. Qu’ont-ils en commun ?

BV– Ils ont une chose en commun. Ils s’inscrivent dans une histoire qui est révélée au cours d’un entretien et dont il faut strictement respecter les étapes. Le Christ, à proprement parler, ne guérit pas comme une bonne fée ou un magicien. C’est la foi qui guérit. Et c’est le fait de se mettre par la foi dans la parole même de la vie qui s’exprime dans le corps et dans l’âme de tout être humain. En fait, il y a guérison quand l’être humain laisse parler le fond immémorial de lui-même. Pour le Christ, c’est Dieu comme source de vie qui guérit.

AP– Pourrais-tu proposer une analyse d’un miracle précis ?

BV– Prenons le cas de la femme hémorroïsse (Marc, 5, 25-34) 10. Une femme est atteinte d’un flux de sang, elle saigne continuellement. Elle s’est ruinée en médecins. Le Christ passe avec ses disciples, elle décide de toucher son manteau en étant persuadée que ce geste va la guérir. Ce qui se produit. Le Christ est touché et il le sent. Ce qui étonne les disciples : des quantités de gens le touchent. Que s’est-il passé ? La femme guérit, parce qu’elle est arrivée à la vérité d’elle-même pour penser que le simple fait de toucher le manteau du Christ (même pas son corps) la guérira. Pour penser cela, il faut être allé dans la partie totalement vivante de soi-même. Il faut avoir touché en soi l’être qui ne saigne plus, l’être qui n’est plus ruiné, l’être qui est rénové. C’est ce qui se passe : la femme guérit dans le monde extérieur parce qu’elle est guérie dans le monde intérieur. C’est toujours le cas dans les Évangiles : les miracles ne se font pas malgré les miraculés mais avec leur participation. Ils ne se font pas hors de l’histoire mais au sein d’une histoire et d’un itinéraire individuel, d’une rencontre personnelle avec le Christ. Ils ne se font pas en dehors du langage mais au cœur du langage. Si le miracle est un mystère, ce mystère s’inscrit toujours dans des réalités et dans une logique. Il y a toujours quelque chose de très cohérent qui conduit au miracle : c’est la raison pour laquelle les miracles peuvent avoir un sens même pour les non croyants qui refusent la crédulité et les histoires à dormir debout. C’est ce qui donne à penser que le miracle est aussi une parabole. Non seulement il guérit mais il enseigne.

« S’émerveiller, c’est ne pas désespérer de l’existence »

AP– Dans la conclusion, tu mets en parallèle trois figures de l’émerveillement : Christiane Singer (1943-2007), René Char et Olivier Clément (1921-2009). Qu’est-ce qui réunit ces trois figures et qu’est-ce qui les distingue ?

BV– Lorsque je suis allé à l’enterrement de mon amie Christiane Singer en 2007, je suis rentré dans son bureau, au château de Rastenberg, dans les montagnes autrichiennes, et j’ai vu une feuille de papier qu’elle avait punaisée dans sa bibliothèque et où on pouvait lire deux phrases, l’une de René Char disant: « Nous sommes des inconcevables avec des repères éblouissants .» L’autre d’Olivier Clément disant: « Dans ce monde qui tend à réduire les êtres humains à l’état de machines, il arrive à certains individus de s’émerveiller. Parfois même il arrive que certains d’entre eux aient de la gratitude.» Bien des choses séparent Christiane Singer qui est une romancière romantique, René Char qui est un poète agnostique et Olivier Clément qui est un théologien orthodoxe. Pourtant, ils ont un point commun, ils ont fait la même expérience : la surprise, au milieu du vide et du chaos. Tous sont sans illusion sur l’existence mais cela ne les empêche pas d’être émerveillés. A travers la nudité apparente des choses et de l’histoire, il y a quelque chose de saisissant. L’une en a fait des romans, l’autre des poèmes, le troisième de la théologie. Je crois que ces trois figures résument le sens de l’émerveillement à notre époque. S’émerveiller, c’est ne pas désespérer de l’existence.

L’épigraphe de mon livre est d’ailleurs empruntée à Christiane Singer : « Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes 11. » Christiane Singer a été une femme de passion et de générosité. Elle a cherché à lutter contre la pulsion de mort de son époque en aidant quantité de gens à retrouver les chemins de la ferveur et de la prière qui sauvent du désespoir, rassemblent le potentiel des forces dont on dispose avant de conduire parfois à l’extase. Dans les six derniers mois de sa vie, elle a souffert, terriblement souffert en raison d’un cancer. Mais elle n’a pas voulu lâcher. Elle s’est appliquée à tenir le fil de la merveille. Elle a voulu rester vivante jusqu’au bout. « Tout est vie », écrit-elle quelque part. Elle est de celles et de ceux qui pensent que l’on n’a pas le droit de se laisser voler ce que l’on est. On perd sa vie quand on perd son âme, non quand on meurt. Les héros ne meurent pas. Il n’y a qu’une seule chose de grave dans la vie : perdre sa noblesse intérieure. Cette noblesse dont parle Maître Eckhart quand il écrit le Traité de l’homme noble, le bien le plus précieux de l’homme. Une âme noble passe partout. Elle traverse les labyrinthes les plus sombres, elle sait aussi aller dans la lumière.

AP– Peux-tu dire, en ce qui te concerne, quelle a été l’occasion du plus grand émerveillement pour toi ?

BV– Le grand émerveillement dans ma vie a été la rencontre avec la Grèce. Je suis stupéfait par la beauté des îles grecques et chaque été quand je m’y rends, j’ai l’impression d’être au ciel, j’ai des impressions très voisines de ce que décrit Camus dans Noces. J’ai retrouvé cette même beauté dans le chant byzantin. Dernier émerveillement (il est humain) : ce qui m’émerveille le plus, ce sont des êtres qui sont capables de vivre malgré les handicaps ou les tragédies de l’existence. Ces êtres disent dans leur vie ce que j’essaie de dire en philosophie dans mes livres, et dans celui-ci en particulier. Ils incarnent le dépassement du tragique.

Bibliographie sélective de Bertrand Vergely

La Souffrance/Recherche du sens perdu, Gallimard, Folio Essais, 1997.

Cassirer/La Politique du juste, Michalon, 1998.

Pour une École du savoir, Milan, 2000.

La Mort interdite, J.-C. Lattès, 2001.

La Foi ou la nostalgie de l’admirable, Éditions du Relié, Ose savoir, 2002. Repris chez Albin Michel, Espaces libres, 2004.

Voyage au bout d’une vie, Bartillat, 2004.

Le Silence de Dieu face aux malheurs du monde, Presses de la Renaissance, 2006.

Une Vie pour se mettre au monde (en collaboration avec Marie de Hennezel), Carnets nord, 2010.

Vidéos de Bertrand Vergely parlant de l’émerveillement sur le site du Monde des religions :

http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/le-reel-c-est-du-spirituel-24-11-2010-968_110.php

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Le livre par l’auteur

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Regards croisés

  1. « Aujourd’hui où il faut toujours que la souffrance soit envoyée en première ligne, en tête des arguments contre l’existence, comme son pire point d’interrogation, on sera bien inspiré de se rappeler les époques où l’on jugeait en sens inverse […] » (Généalogie de la morale (1887), Deuxième traité, §7, trad. Wotling, LGF, Le Livre de Poche, Classiques de la philosophie, 2000, p. 137).
  2. Voir sur ce point B. Vergely, La Souffrance, Gallimard, Folio Essais, 1997 : « Si la protestation contre la souffrance est le signe de notre humanité et, dans notre humanité, de notre vie perdue ou absente, le fait de vivre malgré la souffrance est, lui, le plus bel indice de notre protestation. Ceux qui traversent les épreuves auxquelles la vie les confronte en sont le vivant exemple. Ils parviennent à retourner ces épreuves qui font basculer la vie dans la servitude par le simple fait de vivre. Et vivant ainsi ils font jaillir une étonnante liberté de cette servitude en délivrant ce message : la vie n’est pas faite pour souffrir. Donc vivons » (p. 333).
  3. Cf. Bachelard, Poétique de la rêverie, Chapitre 3 : « Les rêveries de l’enfance », P.U.F., 1968, p. 100 : « Il est des heures dans l’enfance où tout enfant est l’être étonnant, l’être qui réalise l’étonnement d’être ». Phrase citée in Retour à l’émerveillement, Albin Michel, Essais clés, 2010, p. 9.
  4. Camus, L’Étranger (1942), in Œuvres Complètes I 1931-1944, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2006, p. 212.
  5. Camus, Noces (1939), « Noces à Tipasa », Ibid., p. 110.
  6. L’Étranger, Ibid., p. 213.
  7. Camus, L’Homme révolté (1951), Gallimard, Folio Essais, 1988, p.74. Cité in Retour à l’émerveillement, p. 142.
  8. Sur ces analyses, cf. Trinh Xuan Thuan, L’Univers s’est-il créé tout seul ?, Albin Michel, 2008, p. 43. Cité in Retour à l’émerveillement, p. 181-182.
  9. Cette lettre est citée par Marie de Hennezel dans La Chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller, Robert Laffont, 2008, p. 239. Cité in Retour à l’émerveillement, p. 208 et 212.
  10. Sur l’analyse de cet exemple, cf. Retour à l’émerveillement, p. 262-264.
  11. Christiane Singer, Derniers fragments d’un long voyage, Albin Michel, 2007, p. 23.
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Né en 1980, Henri de Monvallier est certifié de lettres modernes, agrégé et docteur en philosophie (thèse en philosophie médiévale sur Maître Eckhart sous la direction d’Alain de Libera soutenue en 2016). Il enseigne actuellement la culture générale en CPGE et en BTS au lycée Le Rebours (Paris XIIIe). Auteur de plusieurs livres (dont certains en tandem avec Nicolas Rousseau), il s’inspire notamment de Pierre Bourdieu, Jacques Bouveresse, Jean-François Revel, René Pommier et Michel Onfray (dont il est proche). Il donne depuis 2018 un séminaire intitulé « Philosopher en dehors des clous » dans le cadre de l’Université Populaire d’Issy-les-Moulineaux (UPIM) qu’il a fondée. Ce séminaire se donne pour tâche d’explorer les pensées d’inspiration rationaliste qui ont un rapport critique et polémique à la philosophie et aux illusions qu’elle entretient sur elle-même. Inconditionnel de la série des années 80 Miami Vice (Deux Flics à Miami), il a proposé durant l’été 2019 une série d’été sur l’interprétation de cette série pour le site deuxflicsamiami.fr (« Les trois oxymores de Miami Vice ») et lance à la rentrée 2019 une série de de vidéos consacrée à cette série sur sa chaîne YouTube.
Page Facebook de l’UPIM : « Université Populaire d’Issy-les-Moulineaux ».
Chaîne YouTube : « Henri de Monvallier ».
Principales publications :
1) Le Musée imaginaire de Malraux et Hegel. Essai de lecture croisée, Préface de Jean-Louis Vieillard-Baron, L’Harmattan, « Ouverture philosophique », 2011.
2) Sagesses philosophiques (anthologie de textes présentés et commentés), Le Monde/Télérama, 2014.
3) Blanchot l’obscur ou la déraison littéraire, Préface de Michel Onfray, Autrement, « Universités populaires & Cie », 2015 (en collaboration avec Nicolas Rousseau).
4) Cahier de L’Herne Michel Onfray (direction), L’Herne, 2019.
5) Michel Onfray, La Danse des simulacres. Une philosophie du goût (introduction et appareil critique), Robert Laffont, « Bouquins », 2019.
6) Le Tribun de la plèbe. Introduction à la pensée politique de Michel Onfray, Éditions de l’Observatoire, 2019.
7) Les Imposteurs de la philo. Nouveaux sophistes et filousophes, Préface de Michel Onfray, Le Passeur éditeur, 2019 (en collaboration avec Nicolas Rousseau).
8) La Phénoménologie des professeurs. L’Avenir d’une illusion scolastique, Préface de Michel Onfray, L’Harmattan, « Ouverture philosophique », à paraître en janvier 2020 (en collaboration avec Nicolas Rousseau).
9) L’Avenir d’une désillusion. Faut-il encore enseigner la philosophie en terminale ?, Éditions de l’Observatoire, à paraître en septembre 2020.
10) Revue Internationale de Philosophie, numéro spécial consacré à Michel Onfray (direction), Vrin, à paraître en octobre 2020.