Jean-Luc Marion : Réduction et donation

Selon le mot de Heidegger, quand il s’agit de phénoménologie, la possibilité va au-delà de l’effectivité. Ce qui ne signifie pas seulement que le nouveau commencement de la philosophie qu’inaugurent les Recherches logiques ouvre à la « percée » de Husserl – penser le phénomène en tant qu’il se donne et comme il se donne –, mais aussi que la méthode de la réduction peut et doit se déployer jusqu’à son terme, sans aucune limite.
Mais Husserl exerce la réduction à partir du seul Je transcendantal et exclusivement en vue de l’objectité de l’objet, au point de ne pouvoir vraiment penser la différence entre le mode d’être de l’objet et celui de la « région conscience ». Heidegger radicalise au contraire la réduction à partir du Dasein, moins constituant qu’exposé au monde, et en vue de la question de l’être, au point que la différence ontologique devienne le phénomène par excellence. Mais, justement, l’analytique du Dasein atteint-elle jamais, du moins selon la stricte rigueur phénoménologique, l’être comme un phénomène ? Produit-elle jamais la différence ontologique comme un donné véritable ? On tente de démontrer que, de fait, Sein und Zeit n’y parvient pas – d’où son achèvement essentiel.
Cette aporie indique pourtant aussi que la phénoménologie recèle une dernière possibilité : la réduction peut réduire non seulement l’objectité, mais encore la question de l’être. Au Je constituant, mais aussi bien au Dasein, peut succéder un interlocuteur plus originaire – celui même qu’interpelle la pure donation elle-même, celui qui se laisse interloquer par le donné en tant que tel.

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