Marc Foglia : Montaigne. De l’interprétation

Montaigne voit dans le commentaire, forme dominante de l’activité intellectuelle à la Renaissance, le point d’achoppement de la culture humaniste. L’interrogation sur le sens des textes antiques a fait oublier la question de la vérité. Loin de marquer un avancement vers davantage de clarté, l’interprétation finirait par amoindrir notre intelligence du monde. « Il y a plus affaire à interpreter les interpretations qu’à interpreter les choses, et plus de livres sur les livres que sur tout autre subject : nous ne faisons que nous entregloser ». Nous pouvons dès lors faire l’hypothèse que nous n’aurions pas l’expérience du réel, mais seulement celle d’une interprétation portant sur d’autres interprétations, et ainsi de suite. Blaise Pascal ne s’y trompera pas, qui verra dans le problème de l’interprétation le cœur du scepticisme montanien. Pourtant, interpréter est aussi un « besoin », caractéristique de notre humaine condition, et une nécessité de la vie sociale. Ne peut-on y voir l’occasion privilégiée de mettre à l’épreuve le jugement personnel, en le confrontant à celui des auteurs ? Chef-d’œuvre philosophique de l’humanisme, les Essais font de l’interprétation l’élément le plus troublant, et le plus prometteur, de la vie de l’esprit.

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