Vincent Giraud : Augustin, les signes et la manifestation

Augustin a mis au centre de sa pensée la notion de signum. Être au monde, à soi, à autrui, à Dieu, c’est d’abord faire face à des signes.
De façon aussi radicale qu’inédite, l’herméneutique se trouve par là hissée au rang d’une condition permettant de rendre compte de la totalité de rapports qui constituent l’humain. Le « il y a », le « es gibt » propre à toute « donation » phénoménale, consiste intégralement en une exposition aux signes, faisant ainsi de l’humana conditio une « condition herméneutique ».
Et cela parce que le problème qui se pose continûment à Augustin, et avec le plus de vigueur, est celui de l’accès à la manifestation comme plénitude de l’apparaître. Or, c’est le signe qui prévaut, dès lors que la chose même (res ipsa) fait défaut, parce que seul il en ménage l’approche.
Dans cette tension fondamentale entre signification et manifestation se trouve identifiée la trame profonde qui régit toute la pensée augustinienne de l’humain, mais aussi du phénomène. Ce qui est alors requis n’est autre qu’une analytique de l’ego, permettant d’en dégager l’acte herméneutique immanent comme jeu intime de la référence.
Car, du signe au manifeste, il y a non pas exclusion, mais implication et renvoi : le signe ne signifie qu’en renvoyant au manifeste – le manifeste ne se donne que dans ses signes. Voué à l’apparaître, l’homme augustinien habite ce renvoi. Il a en lui son instable et exigeante demeure.

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