Colloque
« Édifier un monde» : la notion d’Aufbau, entre construction logique et constitution phénoménologique
10-11 mai 2019
Archives Husserl de Paris (UMR 8547, CNRS / ENS)
École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 – Salle Dussane
coordonné par
Julien Farges (CNRS-Archives Husserl)
Jean-Baptiste Fournier (Chercheur associé aux Archives Husserl)
et Dominique Pradelle (Sorbonne Université / Archives Husserl)
On associe la notion d’Aufbau à l’ouvrage Der logische Aufbau der Welt
de Carnap, publié en 1928 mais rédigé quatre ans plus tôt, alors que le
Cercle de Vienne n’est pas encore véritablement constitué et que Carnap
fréquente les séminaires de Husserl à Fribourg. Cette assimilation n’a
pourtant rien d’évident, d’une part parce que le titre même de l’œuvre
n’a pas été véritablement choisi par Carnap, mais bien plutôt imposé par
Schlick au moment où Carnap rejoint le Cercle de Vienne ; d’autre part,
parce que le concept même d’Aufbau n’apparaît presque nulle part dans le
texte de 1928, où il se trouve remplacé par le concept de Konstitution
ou de logische Nachkonstruktion.
Le vocabulaire de l’édification semble en effet indissociable de la
théorie de la constitution, si bien qu’en tracer le paradigme
permettrait de mettre en évidence l’importance du modèle constitutionnel
dans la pensée philosophique, mais également logique, scientifique et
épistémologique du tournant du XIXe et du XXe siècles, dont le premier
Carnap apparaîtrait alors comme l’héritier. Husserl semble jouer dans
l’élaboration de ce paradigme un rôle de pivot, en introduisant dans la
description phénoménologique le vocabulaire de la construction : bauen,
Abbau, Aufbau… C’est pourquoi une part importante de ce colloque
consistera en une mise au jour de la prétention édificatrice de la
phénoménologie husserlienne. Se posera alors la question du monde comme
objet de l’édification et horizon de la constitution.
L’intérêt de la notion d’Aufbau tient cependant au fait que, loin de se
prêter uniquement à un usage phénoménologique, elle semble délimiter un
champ extrêmement large qui rassemblerait aussi bien le néokantisme que
le phénoménalisme, et dont les usages s’étendraient du premier
post-kantisme jusqu’à la sociologie phénoménologique d’Alfred Schütz
(Der sinnhafte Aufbau der sozialen Welt, 1932). Il s’agira donc, à
travers l’archéologie du concept d’Aufbau, de mettre au jour l’unité
d’une tradition philosophique allemande.
Programme provisoire
Vendredi 10 mai 2019
10h-11h : Dominique Pradelle (Université Paris 4) – Ouverture :
Pseudo-objets et objets de degré supérieur
11h-12h : Élisabeth Schwartz (Université Clermont-Auvergne) – Les
méthodes logiques et le programme philosophique de la Konstitution dans
le Logischer Aufbau der Welt
14h-15h : Pierre Wagner (Université Paris 1) – Construction et fiction
dans l’Aufbau de Carnap
15h-16h : Bruno Leclercq (Université de Liège, Belgique) – Les concepts
et principes catégoriels de la constitution du monde sont-ils
analytiques ou synthétiques a priori ?
16h30-17h30 : Jean-Baptiste Fournier (Université Paris 1/ Archives
Husserl de Paris) – Mes vécus sont-ils vécus ? De quelques faux-amis
phénoménologiques de la constitution carnapienne
17h30-18h30 : Arnaud Dewalque (Université de Liège, Belgique) – Que
reste-t-il du projet de Carnap ?
Samedi 11 mai 2019
9h-10h : Denis Seron (Université de Liège, Belgique) – Constitution,
intentionnalité, langage
10h-11h : Julien Farges (Archives Husserl de Paris, CNRS/ENS) –
Déconstruction et construction du monde dans la phénoménologie génétique
husserlienne
11h15-12h15 : Vincent Gérard (Université Clermont-Auvergne) – Hilbert et
l’Aufbau simultané de l’arithmétique et de la logique : une lecture
phénoménologique
12h15-13h15 : Laurent Perreau (Université de Franche-Comté) – Du sens de
l’agir à la réalité du monde social : l’Aufbau d’Alfred Schütz