En mars 1966, Eugène Minkowski entamait l’écriture de ce qui demeurera sa dernière et vaste entreprise, qui l’occupera jusqu’à sa disparition, en novembre 1972. Durant les six dernières années de sa vie, Eugène Minkowski se consacra ainsi à la rédaction de cette Métaphysique du devenir, « gros volume » comme il dit, dont il n’est pas évident de définir la nature. Si nous n’avons pas affaire à un essai philosophique à proprement parler, il ne s’agit pas non plus d’un traité psychopathologique, ni d’un récit autobiographique. Ce texte est sans doute au croisement de tout cela et doit en ce sens être lu non pas tant comme un testament systématique que comme une ultime invitation à rechercher l’humain, initiation par l’auteur à sa propre quête de vérité et, finalement, trace vivante d’une pensée toujours soucieuse, jusqu’au dernier instant, de rechercher le sens de notre vie, une vie humaine. Cette métaphysique du devenir semble ainsi s’éclairer par son sous-titre, « à la recherche de… » : quête éternelle de sens dont le sens se réalise à même la quête, recherche de l’essence commune entre l’homme et la nature dans un unique « élan vers… », révélant ainsi que « l’être humain est fait pour chercher, pour scruter l’horizon, [qu’ainsi] il y trouve sa vocation ». Aussi le lecteur devra-t-il, comme Eugène Minkowski lui-même par cette Métaphysique du devenir, « chercher d’abord et avant tout, en découvrant ainsi “l’objet” de la recherche, partiellement toujours d’ailleurs. [Car précisément] c’est qu’il ne s’agit point de retrouver un objet qu’on a égaré ou que des mains étrangères, par malveillance ou par plaisanterie, ont dissimulé; ni même de découvrir les secrets que la nature cèle. Il s’agit d’autre chose et cet “autre chose”, nous le traduisons par nos trois points ».