Alain Badiou est reconnu pour être un grand philosophe, prenant la suite des Deleuze, Foucault et Derrida. Il est donc normalement contesté, mais surtout pour ses prises de position philosophiques et politiques extrêmes. L’Anti-Badiou explore systématiquement les raisons légitimes de cette contestation. Elles portent sur sa personnalité philosophique, volontaire et autoritaire. Sur sa prise de parti platonicienne en philosophie, conservatrice et tranchante. Sur son matérialisme mathématisant qui dresse en face à face spéculaire une décision philosophique vide et une mathématique réduite à la théorie des ensembles. Sur son style, celui d’un planificateur et d’un épurateur. Sur son aristocratisme (éloge du vide et de la rareté de l’événement, culte de la philosophie et du philosophe-héros, posture générale de maîtrise). Sur sa politique empreinte de néo-maoïsme et de volontarisme militant. Surtout cet essai découvre en filigrane derrière le masque philosophique des échos de la Révolution Culturelle chinoise comme arme de guerre contre l’embourgeoisement de la pensée. Pour mieux déchiffrer les enjeux politico-philosophiques du « badiolisme », on établit un nouvel étalon, celui d’une science de la philosophie (appelée « non-philosophie ») par rapport à laquelle on évalue la nature régressive et violente de cette tentative et des dégâts qu’elle produit dans la pensée. Une philosophie de la terreur et de l’épuration.
François Laruelle : Anti-Badiou. Sur l’introduction du maoïsme dans la philosophie
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