Les textes de Benny Lévy restent méconnus, car l’image que l’on a de lui fait obstacle à leur lecture. Écartant cette image, nous nous en tiendrons à sa manière si singulière de lire les textes, quels qu’ils fussent, de leur donner vie. Qu’un texte puisse, grâce à la voix qui le porte et le déplie, grâce au travail, acharné et patient, de la lecture qui en explore les articulations les plus manifestes mais aussi les plus secrètes, parler à chacun en propre, l’atteindre en son point sensible : telle est la vie dont nous parlons, plus forte que la mort qui menace tous les textes.
Car la voix risque de disparaître dans l’épaisseur même des lettres ; les textes réifiés de perdre leur pouvoir de dire.
Re-susciter la voix au cœur de la lettre, faire retentir son grain, son souffle, son amplitude et ses nuances : telle doit être l’ambition d’une véritable lecture.
Pour Benny Lévy, la pensée fut indissociable d’un tel travail de lecture, l’amenant à reprendre à neuf les textes, à en renouveler la compréhension. Cette puissance de lecture produisit dans son geste de pensée cinq exigences qui guideront notre réflexion : réformer la pensée, sortir du politique, penser l’universel autrement, faire retour au Nom, produire, enfin, des événements de lecture.