Le premier volume des Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique est le traité fondamental de la phénoménologie de Husserl. Il s’y propose d’introduire le lecteur à la nouvelle attitude méthodique de la phénoménologie – la réduction transcendantale – pour révéler la subjectivité comme vie intentionnelle constituant en soi toute réalité objective sans exception : comme subjectivité transcendantale.
La réduction apparaît ainsi liée d’emblée à une thèse métaphysique, l’idéalisme transcendantal, que Husserl revendiquera dans les Méditations cartésiennes comme l’« unique interprétation possible » du sens du monde.
Fonder la phénoménologie sur cet idéalisme de la subjectivité absolue implique un passage continu de l’attitude d’esprit naturelle à l’attitude transcendantale. Mais comment valider l’idéalisme transcendantal à partir de l’attitude naturelle sans la reconduire au cœur même de l’attitude phénoménologique?
Et si, à l’inverse, la réduction se présuppose elle-même, que vaut l’idée d’un « accès » au transcendantal? Qu’est-ce alors que ce « transcendantal », auquel on prétend ainsi accéder ?
Jean-François Lavigne, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, est agrégé de philosophie, Docteur ès Lettres et professeur de philosophie à l’Université de Nice