Après avoir emprunté leur alphabet aux Phéniciens, les Grecs ont inventé la grammaire, qui est au départ l’art des lettres, grammata : la grammatikè technè de Platon est la maîtrise de la lecture et de l’écriture. Mais la grammaire élémentaire, domaine du maître d’école (grammatistès), a progressivement élargi ses ambitions pour devenir l’étude savante des œuvres écrites et de la langue (grecque) – c’est le domaine du grammatikos. Dans le sillage des philosophes précurseurs (Platon, Aristote, les stoïciens), c’est en grande partie à Alexandrie que des générations de grammairiens ont donné corps et conféré une autonomie à la nouvelle discipline. On peut situer chronologiquement leur activité entre le IIIe -IIe siècle avant J.-C., époque des savants philologues de la grande Bibliothèque – au premier rang desquels Aristarque de Samothrace (ca 217-145) – et le IIe siècle de notre ère, dominé par l’activité d’Apollonius Dyscole et de son fils Hérodien.
Les vingt-six études de Jean Lallot regroupées ici éclairent sous de multiples aspects – problématiques et démarches, terminologie technique, théorie des parties du discours, syntaxe – les origines et le développement d’une discipline vouée à devenir la première du trivium médiéval et à fournir le socle épistémologique de la linguistique moderne.