« Penser Dieu, donc, hors la différence ontologique, hors la question de l’Être, aussi bien, au risque de l’impensable, indispensable mais indépassable. Quel nom, quel concept et quel signe pourtant demeurent encore praticables ? Un seul sans doute, l’amour, ou comme on voudra dire, tel que saint Jean le propose — « Dieu <est> agapè » (I Jean, 4, 8). Pourquoi l’amour ? Parce que ce terme, que Heidegger, comme d’ailleurs toute la métaphysique quoique d’une autre manière, maintient en un rang dérivé et secondaire, reste encore, paradoxalement, assez impensé pour, un jour au moins, libérer la pensée de Dieu de toute idolâtrie. Cette tâche, immense et en un sens encore inentamée, demande de travailler conceptuellement l’amour (et donc, en retour, de travailler le concept par l’amour), au point que s’en déploie la pleine puissance spéculative. »
Jean-Luc Marion : Dieu sans l’être
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