Les douze études réunies ici sur Jean Scot Érigène, philosophe irlandais du IXe siècle qui redécouvrit plusieurs intuitions originales du néoplatonisme, constituent les derniers travaux de Jean Trouillard. Après sa thèse sur la procession et la purification plotinienne, et à la suite de ses traductions et commentaires de Proclus, il préparait un ouvrage sur Jean Scot qui ne vit jamais le jour. Or, ce que la lecture des esquisses de cette oeuvre laissée en suspens nous apprend, c’est que ce passage à Érigène a été aussi décisif que celui qui l’avait conduit de Plotin à Proclus. Là où il était possible de craindre une fixation du mouvement de la pensée néoplatonicienne dans les divisions stériles d’une théologie apologétique, Trouillard nous montre qu’il est au contraire impossible de réduire Jean Scot à la seule problématique catégoriale qui ouvre le Periphyseon. Érigène constitue un jalon essentiel dans la latinisation du néoplatonisme où se manifeste avec une force nouvelle la rigueur systématique d’un courant encore trop ignoré, porteur d’un paradigme métaphysique qui n’a pourtant jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui.