Nous ne pouvons nous dispenser d’un concept linguistique du vrai. Nous ne pouvons pas davantage nous dispenser d’un concept phénoménologique du vrai. Et nous ne pouvons enfi n nous dispenser de recourir à l’un et à l’autre, car le vrai se dit et le vrai se donne à l’intuition. Ces affirmations sont élémentaires.
Mais les prendre au sérieux, c’est-à-dire considérer l’expérience entière de la vérité, requiert d’élargir le concept de vérité, de telle manière que : — le vrai ne soit pas seulement affaire de savoir mais, plus largement, affaire de connaissance ; — le vrai puisse être dit dans une multiplicité de langages (philosophique, poétique, scientifique) ; — le vrai soit indissociable de la question de l’être-dans-le-monde ; — le vrai soit à la mesure du logos, dont on montre qu’il excède la ratio sous ses formes modernes.
Le vrai doit à nouveau être pensé. La pensée n’est rien de neuf. Mais son intervention dans les débats sur le vrai, au temps du nihilisme, est plus urgente que jamais.