Paul Ducros : Husserl et le géostatisme. Perspectives phénoménologiques et éthiques

Nous vivons, spirituellement, dans un monde désormais façonné par les représentations héritées de la science moderne. Depuis Copernic et Galilée, nous savons, selon un savoir objectif, que la Terre n’est qu’un corps spatial parmi les autres, en mouvement comme eux. La pensée phénoménologique, par son exigence hyperrationnelle, nous a appris que ces représentations de la science étaient oublieuses de dimensions essentielles et que persiste, irréductiblement, l’expérience subjective du « monde de la vie ».

Husserl rappelle que, dans nos vécus primordiaux — et par conséquent indépassables —, nous ne cessons d’éprouver que « l’arche-originaire Terre ne se meut pas » : à chacun de nos pas, la Terre que nous foulons se révèle selon son immobilité essentielle. Ainsi se dessine une théorie pure du géostatisme qu’il ne faut confondre avec aucun géocentrisme.

Cette Terre immobile, qu’il s’agit de décrire phénoménologiquement en reprenant et en amplifiant les analyses de Husserl, est toujours au-dessous de nos pas et en deçà de nos prises. Elle se révèle donc indisponible et inappropriable pour l’homme, car son désir d’emprise bute sur elle. Le sens phénoménologique de la Terre s’enrichit alors d’une portée éthique dont il faut dégager les conditions pour en faire apparaître les linéaments.

À l’heure où l’homme s’enivre de ses propres pouvoirs jusqu’à risquer de tout perdre, la pensée phénoménologico-éthique de la Terre immobile n’a jamais été aussi actuelle ni aussi urgente. Si elle limite la puissance de l’homme, elle n’abandonne pas, bien au contraire, le sens absolument subjectif de notre vie.

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