Le héros de ce livre? Un homme fait de tous les hommes et qui les vaut tous (mais que pas un ne vaut). Ce qu’il fait est littéralement extraordinaire, ce qu’il dit est inouï. Il va vite; il était ici; il n’est déjà plus là. Sa bague le tire en avant : avec elle à son doigt, il n’épouse rien ni personne. Voici un chat et un crapaud rouges, voici Sarah Palin amoureuse, voici un pape beau garçon et quelques fruits, un cycliste ayant une conception exigeante de l’équilibre et la nuit sans fin, menaçante – sans compter les menées du diable. Plongez dans ce feu! N’en privez pas votre famille! Jetez-y vos amis!
Pierre Lafargue poursuit avec cette fiction l’exploration de mondes imaginaires commencée avec Mélancolique hommage à Monsieur de Saint-Simon et marquée notamment par le Sermon sur les imbéciles. Sa prose est comme une montagne solitaire entourée de vents violents. Elle déploie des armes subtiles pour faire entendre les spirales de voix qui s’entrecroisent (personnages, récits et légendes prolifèrent), provoquant une contagion physique au-delà de tout simulacre.
Conjointement publiés aux éditions vagabonde, Le Jeu de la bague et La Fureur nous rappellent que le geste littéraire n’a rien d’inoffensif : celui qui le reçoit, s’y blesse.
Pierre Lafargue : Le jeu de la bague
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