Ce cours, qui n’a d’autre ambition que d’introduire à la lecture de Husserl, prend pour fil conducteur la corrélation a priori et universelle entre l’étant transcendant et ses modes subjectifs de donnée. L’évidence naïve selon laquelle le monde est tel qu’il nous apparaît a en effet une portée surprenante : tout étant est essentiellement relatif à des apparitions subjectives et la conscience enveloppe, par là même, un rapport nécessaire à l’étant transcendant. De l’aveu même de Husserl, l’effort de la phénoménologie consiste à élaborer cet a priori, c’est-à-dire à penser l’être de la conscience et de la réalité en tant que, radicalement distincts, ils sont néanmoins relatifs l’un à l’autre. Or, l’élaboration de cet a priori s’expose au risque permanent d’une réification de la conscience, qui procède elle-même d’une caractérisation encore naïve du sens d’être de la réalité : tant que la conscience est pensée sur le modèle de la chose, son pouvoir de faire apparaître l’étant demeure incompréhensible.
On présentera donc l’élaboration progressive de la pensée de Husserl – des Recherches logiques à la phénoménologie transcendantale des Leçons sur le temps et des Idées directrices – comme une tentative continuée de se libérer de toute forme de réalisme. Parce qu’elle est de part en part motivée par le souci d’échapper à la naïveté – ce qui exige d’abord de la reconnaître sous ses formes les plus sophistiquées –, la phénoménologie, telle que Husserl la fonde, apparaît comme l’accomplissement même de l’exigence philosophique.
Renaud Barbaras est professeur de philosophie contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Vrin – Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie – Poche
240 pages – 11 × 18 cm
ISBN 978-2-7116-2652-6 – octobre 2015