Loin d’avoir congédié la question de l’homme, Derrida aura, très tôt, assumé celle-ci comme étant la question propre de la « déconstruction ». Si cet ouvrage permet de lire Derrida sous un jour nouveau, c’est parce qu’il se propose d’explorer la portée matricielle de cette question dans la déconstruction derridienne : question vertigineuse, de savoir qui nous sommes et d’où nous provenons. Il revient alors au concept derridien de survivance de ménager un accès à cette exploration en donnant à penser une invention de l’homme absolument unique, car irréductible à tout recyclage de l’humanisme en philosophie : invention par où l’humain aurait pour unique privilège d’être le lieu d’une articulation subtile et déroutante entre la finitude de la vie et celle de la mort, le biologique et la technique, l’animalité et la spectralité, la nature et l’esprit. C’est aussi l’actualité de cette invention dans le champ de la pensée contemporaine qu’il s’agit d’exposer, à travers notamment une confrontation inédite de la déconstruction derridienne avec les sciences du vivant. Ainsi, il en va aussi bien d’une interprétation critique de Derrida lui-même que de la manière de traiter aujourd’hui de la question de l’homme à l’heure de ses mutations exorbitantes.