PRÉSENTATION
La Balance des discours (Lunheng) est l’une des grandes sommes philosophiques de la Chine ancienne. Elle consiste en un recueil de 85 traités rédigés par le lettré Wang Chong (27-97?), l’un des principaux penseurs de la dynastie Han (206 av. J.-C.- 220 apr. J.-C.).
Le but avoué de Wang Chong est la « lutte contre l’erreur » : dans ses traités, il s’en prend à toutes sortes de conceptions qui ont cours de son temps, que ce soit les idées de penseurs anciens, l’idéologie officielle de l’Empire ou des croyances plus largement partagées. Dans sa critique, il mobilise, outre son bon sens et ses qualités d’observation, une immense érudition, multipliant les arguments et les exemples, ce qui fait de la Balance des discours non seulement une oeuvre philosophiquement importante en tant que telle, mais aussi une véritable encyclopédie des savoirs de la Chine ancienne.
La présente anthologie propose la traduction de vingt traités importants d’un point de vue philosophique. Wang Chong y aborde des questions centrales de la pensée chinoise ancienne, comme celle de la nature humaine ou de la destinée. Il traite de toutes sortes d’histoires et légendes rapportées par les anciens textes, n’hésitant pas à les critiquer même lorsqu’elles peuvent se réclamer de l’autorité des plus grands auteurs ; il se permet d’ailleurs de mettre en doute l’infaillibilité des Classiques du confucianisme eux-mêmes. Il s’en prend nommément à quelques-uns des penseurs de l’époque pré-impériale, et à Confucius lui-même, en des termes sévères, dans un traité, « Questions à Confucius », qui valut à Wang Chong d’être sévèrement condamné plus tard par les confucianistes bien-pensants.
BIOGRAPHIES CONTRIBUTEURS
Wang Chong
Wang Chong est une des figures les plus originales de la philosophie chinoise. Il vécut sous la dynastie des Han orientaux (25-220), à une époque où les dysfonctionnements du régime impérial et les dérives religieuses du confucianisme officiel soulèvent l’indignation des lettrés. Esprit fort à la Voltaire, polémiste infatigable, nul mieux que lui a su mettre l’arme du scepticisme au service de la dénonciation des doctrines et des superstitions de son temps. Il se présente comme un intellectuel d’un genre nouveau : par son style très personnel qui se veut clair et précis, par les libertés qu’il prend avec la tradition à laquelle il appartient et par le public auquel il s’adresse. Pour la première fois en effet un auteur parle à ses pairs, d’égal à égal avec ceux qu’il cherche à convaincre.
Nicolas Zufferey
Sinologue, également formé à la philosophie occidentale, Nicolas Zufferey est professeur au département d’études est-asiatiques de l’Université de Genève. Son domaine de recherche principal est la pensée chinoise ancienne. Il a publié une introduction à la philosophie chinoise (La Pensée des Chinois, 2012), destinée au grand public. Il est l’auteur de plusieurs études sur l’histoire du confucianisme, notamment une monographie sur les débuts de l’histoire des lettrés chinois (To the Origins of Confucianism, 2003). Il a consacré plusieurs travaux au penseur Wang Chong, et en particulier un premier volume de traductions de ses traités, publié chez Gallimard en 1997. Nicolas Zufferey travaille également sur la littérature chinoise contemporaine.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
La dynastie Han : le contexte historique
L’époque de Wang Chong : le contexte intellectuel
Les querelles sur les Classiques
La vie de Wang Chong
Le Lunheng
La réception de Wang Chong
Wang Chong, le confucianisme et Confucius
Wang Chong, penseur critique
L’érudition, la clarté de l’expression et le refus des artifices littéraires
Rationalisme, régularités naturelles et naturalisme
Pessimisme et fatalisme
Notes introductives aux traités de la Balance des discours traduits dans le présent recueil
Notes sur les conventions utilisées dans le présent volume
Repères chronologiques
Cartes
BALANCE DES DISCOURS
Des métamorphoses
(Traité 7, « Wu xing » 無形)
Amender sa nature
(Traité 8, « Shuai xing » 率性)
Le lot de départ
(Traité 12, « Chu bing » 初禀)
De la nature humaine
(Traité 13, « Ben xing » 本性)
Des erreurs dans les livres
(Traité 16, « Shu xu » 書虛)
Des exagérations dans les histoires
(Traité 25, « Yu zeng » 語增)
Des exagérations des lettrés
(Traité 26, « Ru zeng » 儒增)
Des exagérations dans les Classiques
(Traité 27, « Yi zeng » 藝增)
Questions à Confucius
(Traité 28, « Wen Kong » 問孔)
Réfutation de Han Fei
(Traité 29, « Fei Han » 非韓)
Critiques contre Mencius
(Traité 30, « Ci Meng » 刺孟)
Du ciel
(Traité 31, « Tan tian » 談天)
Du soleil
(Traité 32, « Shuo ri » 說日)
Textes perdus
(Traité 61, « Yi wen » 佚文)
Définition des sages
(Traité 80, « Ding xian » 定賢)
Rectification des doctrines
(Traité 81, « Zheng shuo » 正說)
Justification des œuvres des penseurs
(Traité 82, « Shu jie » 書解)
Notes sur les œuvres des penseurs
(Traité 83, « An shu » 案書)
Réponses aux critiques
(Traité 84, « Dui zuo » 對作)
Autobiographie
(Traité 85, « Zi ji » 自紀)
Bibliographie
Index des noms de personnes
Index des matières