Si la sagesse, comme sagesse du sens, appartient à une vie heureuse, elle répond au Désir inoubliable qui nous meut. Cependant, le Désiré approche sans supprimer l’obscurité qui enveloppe sa lumière. Il reste énigmatique, même si nous devons le nommer le Beau, le Bon, l’Unique ou Dieu. L’Aimé ne se révèle qu’en tant que cherché et à chercher. Pour orienter la recherche, il n’y a que l’admiration et l’amour envers les hommes, la terre, l’histoire et les cultures, qui proclament sa présence sans jamais nous permettre de le percevoir ou comprendre. Les philosophes qui l’ont cherché ont découvert qu’il excédait leurs articulations savantes. Quelques-uns, comme Hegel, ont essayé d’inscrire sa présence dans l’horizon d’une compréhension universelle, mais d’autres, comme Platon et Bonaventure, plus fidèles à l’expérience vitale, ont compris qu’il faut un désir excédant tous les désirs pour l’atteindre sans l’enfermer dans les dimensions de quelque savoir logique.
En effet, bonté, donation, se donner et communication semblent plus adéquats que la contemplation de l’être et ses dérivés pour s’adresser à l’Aimé, celui qui se fait connaître en créant par son souffle, parle par les sages et guide vers la paix d’une union heureuse.
Dans un esprit plus platonicien et bonaventurien que hégélien ou heideggérien, les chapitres de ce livre esquissent la possibilité d’une orientation qui joigne la reconnaissance d’une longue et grande tradition avec l’espoir toujours nouveau d’une sagesse aussi nouvelle qu’ancienne
Adriaan Th. Peperzak : Savoir e tsagesse
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