Il existe peu d’histoires de la philosophie en français, et celles que l’on peut lire s’adressent à des spécialistes ou à des étudiants. L’œuvre de Bertrand Russel, en revanche, est accessible à tous, sans que pour cela l’exposé des différents systèmes perde en quoi que ce soit de son exactitude et de sa rigueur. C’est donc un tableau cohérent et complet de la philosophie occidentale, de l’Antiquité à nos jours que « l’honnête homme » trouvera ici. Complet, cela va de soi, car l’érudition de l’auteur ne saurait être mise en défaut. Cohérent, car une pensée sous-entend et anime cet ouvrage, cette pensée que les philosophes sont à la fois des effets et des causes: ils sont les effets des circonstances sociales, de la politique et des institutions de leur temps; ils sont la cause (s’ils sont heureux) des nouvelles croyances qui façonneront la politique et les institutions des âges futurs.
« Pour ma part, dit l’auteur, je me suis efforcé de faire ressortir chaque philosophe comme un produit de son milieu, un homme en qui se cristallise et se concentrent les pensées et les sentiments qui, d’une manière vague et imprécise, sont ceux de la communauté dont il faisait partie. »
Par la suite cet ouvrage capital de Bertrand Russel, grand penseur anglais, Prix Nobel 1950, a un double caractère: non seulement il est nourri de pensée comme un livre de philosophie, mais il se lit avec tout l’intérêt qu’on apporte à un livre d’histoire.
Redisons-le, c’est une œuvre qui pourra, et devra, figurer dans la bibliothèque de tout « honnête homme ».