«Notre temps est atteint d’un mal déplorable: il ne croit à la passion qu’accompagnée du dérèglement; l’amour infini, le parfait dévouement, tous les sentiments ardents, exaltés, maîtres de l’âme, ne lui semblent possibles qu’en dehors des lois morales et des convenances sociales; toute règle est à ses yeux un joug qui paralyse, toute soumission une servitude qui abaisse, toute flamme s’éteint si elle ne devient un incendie. Mal d’autant plus grave que ce n’est pas un accès de fièvre: il a sa source dans le rejet de toute loi, de toute foi, dans l’idolâtrie de l’homme se prenant lui-même pour Dieu, lui-même et lui seul, son seul plaisir et sa seule volonté!
Et à ce mal vient s’en joindre un autre non moins déplorable: l’homme non seulement n’adore plus que lui-même, mais il ne s’adore que dans la multitude où tous se confondent; il porte envie et haine à tout ce qui s’élève au-dessus du commun niveau; toute supériorité, toute grandeur individuelle, quels qu’en soient le genre et le nom, semble à ces esprits, à la fois en délire et en décadence, une iniquité et une oppression envers ce chaos d’êtres indistincts et éphémères qu’ils appellent l’humanité.»
F. G.
12x16cm – 106 pages – 10€