Le sectarisme gagne nos sociétés de tradition libérale. La parole, pourtant vêtue d’un droit inaliénable, tend à disparaître au profit de dogmatiques sectaires. Phénomène apparu dans les universités états-uniennes il y a une vingtaine d’années, mais jusqu’à récemment assez marginal, promu par des théories délirantes, le nouveau sectarisme impose la caducité et le refus du débat grâce à une pensée satisfaite de ses limitations volontaires.
Dans cet ouvrage, Jean Robillard propose de voir dans le débat autre chose que simplement un échange de vues, ou qu’une discussion ayant pour finalité éthique l’entente entre les individus qui y prennent part, ou celle de convaincre à tout prix comme le pose la rhétorique classique. Il analyse le débat en excluant les règles normatives qui en encadrent la tenue dans les assemblées délibérantes, par exemple. Ce qui retient son attention c’est ce qu’il appelle le débat spontané entre locuteurs, qu’il situe plutôt au sein même des efforts de coordination des membres d’un groupe social, sans que cela le qualifie nécessairement comme objet d’une éthique conversationnelle. Il en analyse les dimensions anthropologiques, cognitives et historiques du point de vue de sa contribution à l’épanouissement de la socialité. Il critique la posture sectaire du refus de débattre comme étant asociale et dont les termes culminent en une idéologie xénophobe. Enfin, plutôt que d’en proposer à nouveau une étude éthique, le débat tel qu’il l’analyse obtient le statut d’une œuvre collective susceptible d’être l’objet d’une esthétique particulière dont il décrit les principaux termes.