“1770. Depuis un siècle, deux camps s’affrontent au sein des Lumières. Héritiers de Locke, Leibniz, Montesquieu, les modérés dominent. Sous la houlette du vieux Voltaire, ils s’efforcent de maintenir le corps et l’âme séparés, de concilier raison et religion, de réformer la société en préservant l’aristocratie et la monarchie, et de réserver les lumières aux élites dirigeantes. Face à eux, les radicaux, héritiers de Bayle et Spinoza, n’ont pas de meilleure arme que leurs livres clandestins, massivement diffusés dans toute l’Europe. Sous l’impulsion de Diderot et de d’Holbach, ils placent l’homme au sein d’une nature sans transcendance, opposent la raison à toute autorité religieuse, combattent pour l’abolition des privilèges, pour l’égalité des peuples et des sexes, et inclinent vers une démocratie représentative.
1770 : les radicaux prennent le dessus. S’opère alors, en deux décennies, une révolution des esprits qui va rendre possible dès 1789 la révolution en acte. Ce livre offre un panorama clair et vivant des affrontements entre radicaux et modérés sur la plupart des grandes questions philosophiques, morales, économiques, politiques en ce moment charnière.”
Depuis quinze ans, les travaux de Jonathan Israel bousculent les idées dominantes sur les Lumières. Il en réordonne les cadres spatio-temporels : résolument internationales, ses Lumières commencent en 1650 en Hollande, puis s’étendent à toute l’Europe et à l’Amérique pour devenir mondiales vers 1770. Plaçant au cœur de l’histoire des idées la reconstitution des controverses, il fait apparaître les stratégies intellectuelles, les alliances, les divorces et leurs enjeux. Il redonne ainsi une nouvelle jeunesse à l’idée que les révolutions politiques de la fin du XVIIIe siècle n’ont pu avoir lieu que parce qu’elles ont été précédées par une « révolution de l’esprit » opérée par des philosophes.
Ce livre est issu d’un cycle de conférences (2008) dans lesquelles l’auteur, se tournant vers un large public, a condensé l’essentiel de ses idées.