« La tolérance ? Il y a des maisons pour ça ! » Cette boutade est lancée par Claudel à propos des maisons closes du siècle dernier, où le vice était admis afin qu’il ne perturbe pas l’ordre social. Prise en ce sens, la tolérance s’apparente à une indulgence temporaire, un moindre mal, voire une lâcheté. En tant qu’attitude consistant à admettre chez autrui une manière de penser ou d’agir différente de la sienne, elle devient une éthique du quotidien et se rapproche d’une forme de respect que l’on doit à l’autre. Mais où s’arrête la tolérance, et qu’estime-t-on intolérable ? Dans le débat, si elle nous enjoint de prendre en considération toutes les opinions, ne risque-t-elle pas de ruiner d’avance toute pensée critique ? La tolérance ne serait-elle alors qu’une simple concession de la part de celui qui estime détenir la vérité? Notion complexe, la tolérance procède d’exigences multiples. S’interroger sur sa nature suppose qu’on en mesure les limites et qu’on évalue les obstacles à sa pratique.