L’illusion décrite ici s’apparente à celle que produisait autrefois la perspective. De même que la perspective était la seule véritable représentation de l’espace, de même le voyage apparaît le plus souvent comme le type éternel du déplacement. Nous avons largement admis l’usage selon lequel le mot voyage désigne, indifféremment, les modes les plus divers de déplacement, sans limitation historique ou culturelle.
Et pourtant, chaque culture élabore une conception qui lui est propre de l’espace et du mouvement. Chacune s’invente un mode idéal de déplacement, qui doit corroborer ses préjugés, confirmer ses postulats et correspondre à sa vision du monde.
Il s’agit donc de mettre en évidence le caractère historique des conceptions et des représentations du déplacement. Se déplacer, c’est lire l’espace : en Grèce ancienne, on pensait le mouvement dans le cadre d’une dialectique de l’errance et de la méthode.
C’est la première fois que l’herméneutique est mise au service d’une interprétation du déplacement, en l’occurrence du déplacement dans le monde d’Homère, d’Eschyle, de Sophocle et de Platon
Normand Doiron : Errance et méthode Interpréter le déplacement d’Ulysse à Socrate
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