L’a priori universel de la corrélation entre l’étant transcendant et ses modes de donnée subjectifs dessine le cadre minimal de toute démarche qui se revendique de la phénoménologie. Il s’agit ici de montrer qu’une analyse rigoureuse de la corrélation se déploie nécessairement à trois niveaux et que la phénoménologie est ainsi vouée à se dépasser elle-même vers une cosmologie et une métaphysique. Un premier niveau d’analyse, proprement phénoménologique, permet d’établir que la transcendance pure du monde se donne à un sujet dont le mode d’exister est un certain mouvement, que nous caractérisons comme désir. Cependant, la corrélation présuppose également un mode d’être commun aux deux pôles, fondement de l’appartenance du sujet au monde. Pour autant que le sujet est mouvement, le monde auquel il appartient doit lui-même être compris comme une réalité processuelle : notre mouvement procède de l’archimouvement du monde; la phénoménologie dynamique renvoie à une dynamique phénoménologique qui est synonyme d’une cosmologie. Dès lors, la différence du sujet, sans laquelle il n’y a pas de corrélation, ne peut que correspondre à une scission, plus originaire encore, qui affecte le procès même de la manifestation sans néanmoins en procéder. Cette scission au cœur de l’archi-mouvement doit être comprise comme un archi-événement : celui-ci fait l’objet d’une métaphysique en un sens très singulier, qui recueille l’ultime condition de possibilité de la phénoménologie elle-même.
Renaud Barbaras est professeur de philosophie contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut Universitaire de France
Renaud Barbaras : Dynamique de la manifestation
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