Le transhumanisme contemporain est souvent rapproché de précédents dans l’entre-deux-guerres. En effet, dans l’espace européen, entre les deux conflits mondiaux, nombre de penseurs ont porté le vœu d’élever l’homme au-delà de sa condition « naturelle » par différentes techniques, que celles-ci modifient les comportements, les corps, ou les aspirations humaines. Des intellectuels, des scientifiques, des industriels et politiques ont concouru à l’élaboration de discours qui configurent différemment les rapports entre politique et technologie. Ces discours ne se réduisent pas aisément aux catégories bien identifiées de l’« homme nouveau », de l’eugénisme ou de projets d’ordre technocratique. L’« Ultra-humain » de Teilhard de Chardin, le « post-humain » de Julian Huxley, le « super-homme » de Voronoff, le « surhumain » de Jean Rostand, l’homme « minotaure » d’Ortega y Gasset : autant de tentatives pour nommer une humanité qui a perdu de son évidence en face de la machine et qui, par le même et paradoxal mouvement, découvre sa part d’artificialité. En ces temps troublés, l’idée d’un homme augmenté est une idée commune en Europe.