Sein und Zeit entendait répéter la « question de l’être », mais « commençait » par une analytique de la « quotidienneté ». Or, si notre époque est peu encline à assumer le projet d’une Fundamentalontologie, du moins s’est-elle emparée du « quotidien » jusqu’à l’ériger en authentique paradigme. Le présent travail, prenant acte de ce paradigme en tâchant d’en circonscrire conceptuellement l’émergence se propose de montrer que le problème de la « quotidienneté », en projetant la philosophie dans l’espace d’une différence où elle ne s’institue que dans le mouvement par lequel elle se saisit de ce qu’elle n’est pas, se situe au cœur de la démarche phénoménologique, et permet par là même d’en interroger les fondements. Aussi entreprenons-nous d’abord de faire valoir, par une lecture interne de certains moments-clé de son histoire, et en insistant particulièrement sur l’équivocité caractérisant à cet égard la Fundamentalontologie heideggérienne, qu’un tel « problème » dévoile dans le projet phénoménologique certaines failles architectoniques dans lesquelles une pensée de la publicité comme celle de Wittgenstein permet de s’engouffrer pour autant qu’elle en conteste le geste d’auto-fondation. Puis, à la lumière de ce qu’une telle approche s’avère à son tour susceptible de nous révéler quant au sens de notre « quotidienneté », nous tentons, sur un mode cette fois « positif » – et en écho à la pensée du « second » Heidegger et à sa redétermination rarement soulignée du thème de l’Alltäglichkeit – de cerner la possibilité d’une « répétition de la question de l’être » libérée de ses présupposés ontolo-gico-phénoménologiques initiaux.
Grégori Jean : Quotidienneté et ontologie. Recherches sur la différence phénoménologique
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