Laurence Aubrun : Enceintes. La vie en soi (partie II)

Laurence Aubrun : Enceintes. La vie en soi (partie I)

Mon corps ne m’appartient plus

À plusieurs reprises, Laurence Aubrun emploie l’expression « cheval de Troie » pour désigner l’intrus qui s’est ainsi invité dans mon corps et entame son œuvre d’expropriation. Elle souligne d’ailleurs l’ambiguïté du terme « hôte », qui désigne aussi bien celui qui offre l’hospitalité que celui qui en bénéficie, mais dont l’étymologie latine hospes nous apprend qu’il renvoie à également à l’étranger. Étranger m’est cet inconnu, étranger m’apparaît ce corps qu’il déforme, étrangères encore, ces sensations nouvelles qui frappent ma vie d’étrangeté.

« Dessaisie de mon propre corps, privée de mon indépendance, affaiblie par l’étranger qui m’habite, je peux avoir l’impression d’être prise en otage par « cette chose » qui n’a encore ni forme perceptible, ni visage[1]. »

Ainsi, en accueillant en moi cette vie nouvelle, « je peux me sentir dépossédée de la mienne[2] » et traversée par des sentiments ambivalents, voire contradictoires. Je suis en effet le spectateur autant que le théâtre de bouleversements sans précédents. Simone de Beauvoir, que Laurence Aubrun cite à ce propos, avait bien analysé le « drame » intérieur qui se joue pendant la grossesse, lorsque la femme se sent tiraillée entre plénitude et colère, vidée d’elle-même mais emplie d’un autre : « elle le possède et elle est possédée par lui ; […] cette richesse même l’annihile, elle a l’impression de ne plus être rien[3]. »

Le fait de l’hospitalité vient fort heureusement rééquilibrer les choses. En effet, « l’inégalité du rapport – supériorité de l’accueillant, dette de l’accueilli – disparaît dans l’accueil. Celui qui accueille, qui donne de ses biens et de son temps, reçoit l’autre comme un bienfait, une offrande[4]. » Dès lors, est-il si vrai que je puisse disposer à ma guise de ce corps où déjà vit et se développe celui d’un autre ?

À contrecœur, à contre-corps, priorité malgré tout à celui qui vient. Même si j’ai encore du mal à accepter d’être délogée, ce décentrement s’avère salutaire. À mesure que les mois passent, je fais une double expérience : de désappropriation et de réappropriation de soi. Je dois me réapproprier ce corps qui se déforme parce qu’un autre s’y forme, ce corps mis en partage, rendu malléable et disponible au profit de ce tout-petit dont j’ignore encore tout. Je m’efface, tu te fais ta place. Non, mon corps ne m’appartient plus : je te l’abandonne et tu le fais tien. Au sens propre, je suis aliénée. Je m’interroge sur le sens que je donnais jadis au mot « liberté » : ce que je perds en indépendance, je le gagne en intériorité. Au fil de ces semaines de métamorphose, je comprends charnellement qu’être libre, ce n’est pas refuser toute dépendance : c’est choisir sa dépendance. Paradoxalement, je choisis de dépendre de celui qui dépend entièrement de moi. Cette co-dépendance que j’apprends à ne plus subir – non parce que je ne peux faire autrement, ce qui serait me résigner, mais parce que j’y consens –, façonne le nouveau visage de ma liberté. Cette liberté neuve porte un nom : l’amour, car seul l’amour peut me permettre d’accepter de ne plus m’appartenir à ce point.

Ainsi par la maternité, ce n’est pas tant mon corps qui s’élargit et s’assoupit, mais bien mon cœur et mon âme […]. La maternité [provoque] un oubli de soi qui n’a d’égal que l’attachement qui grandit avec cet enfant. […] Elle est école du don jusqu’au sacrifice, brisure définitive de l’égoïsme[5].

À maintes reprises, les expressions employées par l’auteure mettent l’accent sur la déposition de l’ego, qui doit céder devant son alter : « Le moi se trouve excédé, rompu par l’intrusion même d’un autre qui le destitue et prend progressivement « toute la place », sa place[6]. » L’avènement d’autrui au lieu même de soi, sans qu’il y ait pour autant substitution de l’un à l’autre, voilà le miracle qui se réalise au cours de la grossesse. La responsabilité qui en découle est à la mesure de ce bouleversement.

Une responsabilité incarnée

Parmi les philosophes qui se sont penchés sur la question de la responsabilité, sans doute est-ce Levinas qui a porté la réflexion à son paroxysme. Bien qu’il ait d’emblée écarté la maternité de ses analyses parce qu’il trouvait cette expérience trop fusionnelle, et lui ait préféré une méditation sur la paternité, c’est à la lumière de ses réflexions que s’éclaire le sens de la responsabilité dont la mère est investie avant même d’en prendre la mesure.

Pour Levinas, toute relation éthique est essentiellement asymétrique, marquée par une totale absence de réciprocité : dès lors que l’Autre existe, il m’oblige infiniment. Il me précède et me précelle. La dette que je contracte à son égard est sans fond : je suis pour toujours son débiteur insolvable mais, en même temps – là est le paradoxe –, son potentiel meurtrier. Car c’est la même vulnérabilité d’autrui qui m’appelle à m’en porter garant sans rien attendre en retour, mais qui peut aussi m’inciter au mal suprême qui consiste à lui ôter la vie. Contemplant sa désarmante nudité, je pressens que m’incombe une responsabilité abyssale que je voudrais pouvoir fuir – en le supprimant. Cependant, c’est au moment où je suis traversé par la tentation du meurtre que je découvre, dans l’absolue transcendance de son visage, l’impossibilité radicale d’y céder. Me voici au point de non-retour, mis en demeure de renoncer à tout pouvoir afin de « reconnaître une faim, « faim qui instaure la proximité même de l’Autre[7]. » Répondre d’autrui, c’est donc indissociablement répondre à son « appel » auquel, écrit Levinas, il est « impossible de rester sourd[8]. » La réponse devance la responsabilité qu’elle rend possible[9]. En la personne d’autrui se cristallise ainsi une double injonction, impérative et inconditionnelle : l’obligation de le servir, l’interdit de le tuer. L’épiphanie d’autrui me « révèle l’infini[10] » et me charge ipso facto d’une responsabilité qui fonde toute l’éthique.

Comment ces méditations consonnent-elles avec notre réflexion sur la maternité ? Plus que dans n’importe quelle autre relation, la responsabilité qui échoit à la mère est insubstituable, à la mesure de l’extrême vulnérabilité de l’être qui croît en elle. C’est depuis sa fragilité que l’enfant lui intime de répondre de lui. Son appel a beau être muet, informulé, tout en lui crie de s’en porter garant. L’étonnant, fait remarquer l’auteure, est que le corps maternel soit mobilisé avant même que la mère ne s’engage volontairement dans l’aventure dans laquelle elle se trouve embarquée « presque malgré elle » :

« Dans cette mise à disposition de soi, il n’y a plus de décision morale, il n’y a plus de réponse consciente à un appel. Le don se fait continuellement, par elle mais sans elle […]. L’essentiel se fait à son insu, et sans attendre un consentement qu’elle aurait peut-être de la peine à donner à chaque instant[11]. »

Sans doute ne mesure-t-on pas ce que représente pour une femme le fait de se savoir à ce point irremplaçable. Car personne ne peut porter son enfant à sa place, ni le mettre au monde pour elle. S’il arrive quelque chose au cours de la grossesse ou pendant l’accouchement, elle en éprouvera de la culpabilité quand bien même elle n’aurait rien à se reprocher. Qui dira l’angoisse qui accompagne cette écrasante responsabilité ? En des pages magnifiques consacrées au mystère de la paternité, Péguy a su trouver les mots pour traduire l’intensité dévorante de « cette culpabilité sans faute », qui reste en-deçà pourtant, de celle qu’éprouve toute mère lorsqu’elle pense à son enfant. Car plus encore que le père de famille, c’est elle qui « engage tout, […] met tout, sa chair et plus que sa chair », au point d’être a fortiori « bourrelé[e] de scrupules », « bourrelé[e] de remords[12]. » À son instar, elle « sent obscurément, très profondément, [qu’elle] est réellement responsable[13]. » Et Péguy d’insister sur le vertige qui saisit tout parent lorsqu’il prend conscience de sa participation effective à la création :

« C’est un des plus beaux cas qu’il y ait de responsabilité sans faute […] Et pourtant de responsabilité réelle […] ; infiniment plus grave que nos responsabilités propres, personnelles, particulières […], infiniment plus profonde ; […] comme attenante à la création même, au mystère, au secret de la création […][14]. »

La conscience douloureuse, aiguë, de manquer de tout pour satisfaire à un tel appel – insensé, démesuré – et, conjointement, l’impossibilité absolue de s’y soustraire, font naître une sourde angoisse dans le cœur de celle qui, désormais, ne connaîtra nul repos. En langage heideggérien, nous pourrions dire que le souci devient son mode d’être-au-monde et ce, indépendamment de son tempérament ou de son histoire (car il ne s’agit pas tant d’en parler comme d’une disposition psychologique que comme une manière existentielle de se rapporter au monde[15]). Ce n’est plus pour elle-même que la mère craint, qu’elle appréhende l’avenir, qu’elle se préoccupe d’organiser au mieux le présent, mais pour cet autre qui lui semble infiniment plus précieux que sa propre vie.

« Je commence à comprendre que ma dépendance et ma vulnérabilité ne me quitteront plus. Je suis blessée de cette relation qui m’est essentielle, blessée d’un amour abyssal, sans issue[16]. »

Lorsque le centre de gravité se déplace de l’ego à l’alter ego, l’inquiétude, dépouillée des scories d’un attachement exagéré à soi-même, se mue en sollicitude. Expression prévenante et empressée de l’amour qui prend soin de l’autre (les mots souci et soin n’ont-ils pas même étymologie ?), elle est par essence inapaisable. Sarcastique, Schopenhauer y décelait le signe de l’infirmité de la femme par rapport à l’homme. Kierkegaard, à rebours, comprend qu’il n’est d’inquiétude véritable que pour autrui. Seule l’indifférence pourrait refermer la brèche qu’elle ouvre… mais la béance est là, incomblable :

Cette naissance avait perforé ma vie. […] À présent, ma vie avait un trou. C’était le trou de l’inquiétude. Un gouffre au bord duquel me précipitaient la seule pensée de cet enfant et l’amour sans nom qui me liait à lui. […] Dorénavant, ma vie longerait ce gouffre, il n’y avait in à faire[17].

Réellement, il y a de quoi s’abîmer dans le puits sans fond d’une responsabilité qui n’a rien d’idéel ou de virtuel, mais s’avère profondément incarnée. Le paradoxe tient d’ailleurs au fait que la mère se trouve ici confrontée à sa propre faiblesse, faiblesse à laquelle la renvoie celui dont elle doit répondre. Laurence Aubrun souligne à plusieurs reprises ce phénomène de vases communicants, où l’on observe que l’altération physique, psychique et existentielle vécue pendant la grossesse est le fait de la rencontre immanquable avec l’altérité dans ce qu’elle a de plus fragilisant. Qu’autrui soit remis, en sa vulnérabilité, à la vulnérabilité d’un autre qui n’a que cela à offrir comme gage de sa fiabilité, que la responsabilité soit grevée d’une constante et invincible sollicitude, voilà ce qui suscite notre étonnement, voire notre effroi. Or, c’est parce qu’elle est tissée d’impuissance que la toute première de nos relations est une relation d’accueil. Il ne peut en effet y avoir d’abnégation que lorsqu’est brisée l’autosuffisance. C’est pourquoi, aussi déstabilisante soit-elle, l’auteure y voit « l’archétype de la relation d’altérité » où s’enracine, sur le plan anthropologique, « une éthique de la vulnérabilité qui nous rend solidaires les uns des autres[18]. »

Le temps de l’épreuve

Pour chacun de nous, c’est par l’enfantement que nous a été donnée la condition de possibilité de toute expérience à venir. Expérience archaïque dans la double acception d’originelle et de fondatrice, l’enfantement fait coïncider notre venue au monde avec la première des épreuves que nous aurons à y subir. En cela, il pourrait bien être l’épreuve par excellence, au point de servir de modèle à toutes les autres.

« La naissance n’est pas un simple commencement, une tranquille apparition ; c’est une lutte, la traversée d’un gouffre, l’affirmation d’une vie arrachée au précipice[19]. »

La mère aussi joue en quelque sorte sa propre vie en donnant la vie. C’est une épreuve bien sûr de par l’intensité de la souffrance traversée, occasion pour la femme de trouver en elle des ressources insoupçonnées et de se découvrir taillée pour cette odyssée dont elle ne se serait jamais crue capable. Épreuve ensuite au sens de vérification : l’accouchement est comparable à un examen de passage qui validerait les qualités de la jeune accouchée à devenir mère. Comment celle-ci ne douterait-elle pas de sa capacité à l’être avant d’avoir connu les douleurs de l’enfantement ? Mais comment en douterait-elle encore après en avoir réchappé, vivante ?

« On s’attache d’autant plus à ce qui nous a coûté, on est prêt à donner d’autant plus qu’on a déjà tant donné. Après sa naissance, je serai prête encore à bien des sacrifices, à tous les sacrifices, sans condition : que pourrais-je désormais retenir, dès lors que cet enfant m’a prise tout entière ?[20] »

Épreuve enfin comme expérience initiatique, voire agonique, au cours de laquelle la vie côtoie la mort, la frôle parfois, la rencontre trop souvent. Expérience dont nulle ne sort indemne, transformée à jamais par ce jaillissement impétueux de la vie portée, puis offerte au monde.

Parce qu’il est passage d’un monde à l’autre, l’événement de l’enfantement nous amène ainsi à repenser la mort dans le mystère même de la naissance. Certes, naissance et mort se situent respectivement à l’aube et au crépuscule de notre vie, mais elles sont aussi inextricablement enchevêtrées dès notre plus obscure origine. Il serait donc réducteur de mener une réflexion sur le mourir indépendamment du naître. À tâtons, Laurence Aubrun avance une hypothèse qu’aucune philosophie ne pourra vérifier, mais qui mérite d’être posée s’il est vrai que c’est en fonction de notre fin que notre vie prend sens :

Peut-être à la fin de cette vie devrons-nous à nouveau nous séparer dans une autre naissance, nous arracher les uns aux autres pour mieux nous rencontrer. […] Puissions-nous alors mourir comme nous sommes nés : accompagnés[21].

L’hospitalité universelle

Au terme de son essai, Laurence Aubrun nous invite à une réflexion sur la compassion de la mère, qui la rend attentive aux besoins, aux manques et aux souffrances d’autrui bien au-delà du cercle familial. L’attachement qu’elle porte à son enfant, pour exclusif qu’il soit, n’est pourtant pas enfermant : il est dans la nature même de la mère de se pencher sur l’enfance, surtout lorsque son innocence est blessée ou abîmée. Par-delà l’enfance, c’est plus généralement le souci du prochain qui l’envahit. Il n’est dès lors pas étonnant que sa sollicitude s’étende au-delà de la sphère intime.

« La faille dans ma personnalité que constitue cet élargissement du cœur m’ouvre aussi sur l’extérieur […]. Il résulte du vécu de la maternité un sens aigu du respect […] des autres. […] Je deviens mère universelle[22]. »

En raison de ce vécu et du rôle nouveau qu’il lui confère, la mère sait combien il est nécessaire que le monde soit habitable, qu’il y fasse bon vivre. Car habiter, ce n’est pas seulement avoir un logement comme point de chute. . C’est pourquoi il lui tient autant à cœur de rendre l’avenir possible en réenchantant le quotidien. L’enfant a beau n’avoir été qu’un hôte de passage, toujours elle restera pour lui un refuge, « ce rempart fragile et sûr », cette « enceinte éventrée » en qui réside tout réconfort.

 

Épilogue : une nouvelle « situation-limite »

Tel est le paradoxe de la vie naissante que, dans son jaillissement le plus imprévu, elle excède toute attente de manière incommensurable. Ce que Jean-Luc Marion dit de la naissance d’un enfant est tout aussi vrai de l’événement de la grossesse : dans les deux cas, il s’agit d’un « phénomène saturé », c’est-à-dire que le bouleversement qu’il entraîne est si grand qu’il déjoue toute attente et laisse dérouté, interdit, celui-là même qui s’y préparait. L’attendu qui nous prend par surprise, en excès sur toute prévision ou toute anticipation, l’inattendu au cœur de l’attente, voilà le phénomène saturé. Telle est la grossesse : même désirée, même espérée – parfois de longue date –, elle recèle ce qu’on n’attendait pas, ce à quoi il était impossible de s’attendre. Quand surgit quelque chose là où il n’y avait rien, la future mère est toujours et déjà dépassée.

Or, ce dépassement a valeur de révélation quant au sens profond de sa vocation de mère. C’est pourquoi la maternité pourrait bien être considérée comme une autre « situation-limite » au sens où l’entendait Karl Jaspers[23] : indépassable, immodifiable, bouleversante au point de nous jeter dans l’intranquillité. Non qu’il s’agisse de la confrontation à un échec inexplicable, mais d’une expérience où le sol se dérobe parce que nous nous trouvons devant un inconnu qui est aussi un absolu : l’absolu de la vie à ses commencements. Comme la mort, la souffrance ou la tribulation, l’enfantement constitue une épreuve de vérité à travers laquelle il devient possible d’advenir pleinement à soi-même. Dans ce genre de situations, il n’est plus possible de se dérober à la question du sens, ni de continuer à vivre sans se donner de but. C’est le temps de réinventer le quotidien tissé de préoccupations qui s’organisent spontanément selon une nouvelle hiérarchie. Les repères changent, les priorités aussi. L’angoisse est là, qui accompagne l’expérience de la limite, de nos limites. C’est pourtant en la traversant que nous pouvons renouer avec un rapport au monde authentique, sans fausses sécurités ni faux-semblants. De là naît aussi l’urgent « besoin d’une communication authentique […] unissant jusqu’au tréfonds un être libre à un être libre[24]. » En définitive, ce qu’a montré Jaspers en forgeant le terme de « situation-limite », c’est qu’une telle expérience est à la fois limitante et sublime. À n’en pas douter, la maternité en est bien une, qui nous fait doublement éprouver notre condition : finie mais ouverte à la transcendance de la vie.

[1] Aubrun, op. cit., p. 64.

[2] Ibidem, p. 59.

[3] Beauvoir, Le Deuxième Sexe, cité in Enceintes…, p. 65.

[4] Aubrun, op. cit., p. 67.

[5] Aubrun, op. cit., p. 111.

[6] Laurence Aubrun, communication « Enfanter l’homme », 2019, tapuscrit, p. 5.

[7] Emmanuel Levinas, Totalité et Infini, Hachette, « Livre de Poche », 2006, p. 218.

[8] Levinas, op. cit., p. 219.

[9] Les deux termes d’ailleurs ont même étymologie. Nota bene : La responsabilité ne croît pas à mesure qu’elle s’étend au genre humain. C’est peut-être l’inverse qui se produit : je peux me sentir d’autant moins concerné par cet autre dont je suis censé répondre, qu’il m’est inconnu et vit au loin. Or, si « à l’impossible, nul n’est tenu », je me trouve de facto déchargé d’une responsabilité que je n’ai pas à endosser parce que je ne puis la porter. En revanche, si la responsabilité et la réponse ont même étymologie, c’est sans doute pour insister sur la nécessité de ne pas décorréler les deux. Répondre à quelqu’un suppose d’être suffisamment proche de lui pour répondre de lui. En quelque sorte, la responsabilité qui m’incombe est à portée de voix – accepter davantage serait irresponsable.

[10] Levinas, op. cit., p. 227.

[11] Aubrun, art. cit., p. 15.

[12] Charles Péguy, Dialogue de l’histoire et de l’âme charnelle, in Œuvres en prose complètes, t. III, Gallimard, Pléiade, 1992, p. 661.

[13] Ibidem.

[14] Ibid.

[15] Sans doute s’ouvre à ce sujet un vaste chantier pour relire ce qu’écrit Heidegger du souci (die Sorge) et de la sollicitude (Fürsorge).

[16] Aubrun, op. cit., p. 181.

[17] Marion Muller-Colard, L’Intranquillité, cité par Laurence Aubrun, op. cit., p. 182.

[18] Aubrun, art. cit., p. 15.

[19] Aubrun, op. cit., p. 171.

[20] Ibidem, p. 69.

[21] Ibid., p. 184-185.

[22] Aubrun, op. cit., p. 116-117.

[23] Cf. Karl Jaspers, Introduction à la philosophie, « Les origines de la philosophie », tr. Jeanne Hersch, Plon, 1951.

[24] Jaspers, op. cit., p. 8.

 

 

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