Des plans griffonnés à la hâte pour décrire une rencontre d’extraterrestres, des collages mnémotechniques d’élèves laissés sur des tables de classe, des fiches de travail angoissées peuvent constituer des modèles pour rendre compte des fonctionnements de formes d’écritures actuelles que nous considérons comme poétiques.
Ces écritures, qui n’ont pas pour vocation d’exprimer les mouvements d’une intériorité privée ni de révéler un « Réel » masqué par les représentations dominantes, peuvent être caractérisées comme des dispositifs poétiques, c’est-à-dire des agencements langagiers à visée instrumentale, inventés pour répondre à ertains problèmes propres à la vie pratique. Les constructions « documentales » capables de ressaisir des événements dont l’information nous dépasse ou nous semble douteuse (Edgar Allan Poe, Nathalie Quintane, Mark Lombardi), les « formes synoptiques » suggérant une compréhension pour des langages qui nous paraissent étrangers, intenables, intimidants (Emmanuel Hocquard, Stéphane Bérard), les installations ou interventions ritiques destinées à analyser et dénaturaliser nos manières de faire des mondes (Manuel Joseph, Christophe Tarkos, Julien Blaine) relèvent toutes du domaine des « dispositifs poétiques » exploré dans ces pages.
Nos Dispositifs poétiques reconçoit la poétique hors des voies de l’autotélisme romantique et des esthétiques formalistes, renouant avec la théorie politique et, plus largement, nos formes de vie.