Dante : Correspondance, Tome II

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La correspondance de Dante Alighieri (1265-1321), rédigée dans une prose latine rythmée sophistiquée et métaphorisée, est l’une des parties les moins explorées de l’oeuvre multiforme du grand poète. Dans ses treize lettres subsistantes, toutes écrites pendant les années d’exil (1302-1321), le génie multiforme de Dante s’adapte à la société de son temps, en abordant les thèmes les plus divers : controverses philosophiques et courtoises sur la nature de l’amour, propagande politique pour la cause impériale et contre Florence, défense passionnée du retour à Rome de la papauté, présentation de la Comédie, négociations pour son retour d’exil et pour son parti, secrétariat pour une comtesse s’adressant à une reine… Cette correspondance n’a fait l’objet d’aucune grande édition-traduction en français, et d’aucun commentaire de grande ampleur en France depuis les travaux désormais lointains d’André Pézard. En Italie même, l’importance de travaux récents n’empêche pas de constater un malentendu concernant les lettres de Dante, qui sont toujours examinées à l’aune du reste de sa production, sans tenir compte des caractéristiques de l’art de la rédaction épistolaire (ars dictaminis) qui conditionnait l’écriture de tels textes à la génération du poète. La présente traduction-édition renouvelle la perception de ces textes en proposant un nouveau texte, parfois très différent de ceux établis par les éditions italiennes, et en mettant en lumière
son inscription dans la société de son temps.

Ce second tome affronte la partie centrale de la correspondance. En 1310-1311, le poète se fait politique pour soutenir le programme de restauration du pouvoir impérial en Italie du Nord mis en application par Henri VII de Luxembourg. Les trois grandes lettres « impériales » V, VI et VII, destinées aux pouvoirs italiens, à Florence et au roi des Romains, sont une extraordinaire ode à la monarchie universelle. Dante y reprend les arguments de la Monarchia, tout en déployant son inventivité rhétorique. Dans un feu d’artifice stylistique et conceptuel, toutes les ressources de sa culture sont convoquées sur un mode prophétique pour chanter l’avènement d’un nouvel âge d’or, et menacer Florence rebelle des foudres d’un châtiment à la fois temporel et spirituel. Les lettres « féminines » VIII-X, plus courtes, sont de véritables orfèvreries, non moins étonnantes. Dante, secrétaire de la comtesse Gherardesca di Battifolle, y écrit à la reine des Romains Marguerite de Brabant, déployant une rhétorique féminine pour chanter ce « songe impérial ». La présente traduction-commentaire propose un nouveau texte, et un commentaire mettant en valeur des sources et des modalités d’utilisation non repérées jusque-là.

Introduction, édition, traduction et commentaire de Benoît Grévin.

CLXXXIV + 740 pages, mars 2023.

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Romain Debluë est né en 1992. Docteur en philosophie de l’Université Lettres-Sorbonne (« La Révélation de l’être : Hegel et Thomas d’Aquin », sous la direction de M. Emmanuel Cattin), il a publié de nombreux articles, dans le domaine de la philosophie et de la littérature, ainsi qu’un roman. En outre, il a organisé durant plusieurs années un séminaire en Sorbonne consacré aux « philosophes et à la Trinité », dont les actes sont parus sous la forme d’un numéro des Études philosophiques.
Spécialiste de philosophie médiévale, et de l’idéalisme allemand, il poursuit des recherches consacrées au motif de « l’âme à l’image de Dieu », suivi dans son évolution et sa progressive disparition, de Thomas d’Aquin à Descartes.