Revue Philosophie N° 102

Ce numéro s’ouvre sur la suite de la dissertation de Schelling Sur le rapport du réal et de l’idéal dans la nature, publiée en 1806 en guise de préface à la seconde édition de l’Âme du Monde (1798) – dont le début a été publié dans le numéro précédent. Rappelons qu’elle tend à faire le lien entre la Naturphilosophie du jeune Schelling et celle qui, à partir de 1801, vient s’intégrer au système de la « philosophie de l’identité » ; à partir d’une redéfinition dynamique de l’absolu comme intrinsèque du fini et de l’infini, et désir infini de sa propre révélation, Schelling reconstruit les concepts essentiels d’une philosophie de la nature destinée à élucider les modalités de la présence de l’absolu.
Suit un article de Jean Vioulac intitulé « Capitalisme et nihilisme. Marx et la question du dépassement de la métaphysique ». Si Heidegger définit la technique comme métaphysique accomplie, Marx est pour l’auteur le penseur de cet accomplissement. Fondée sur la logique de Hegel, l’analyse marxienne du capitalisme y découvre un dispositif où l’universel abstrait s’autoproduit en opérant une subsomption systématique des travailleurs vivants ; vu que son inversion de la métaphysique hégélienne le conduit à définir l’être par le travail singulier, Marx voit en ce dispositif un processus d’annihilation où s’accomplit l’essence même de la métaphysique – à savoir le nihilisme.
Dans « Levinas ou l’autre solitude », Christophe Perrin montre que, rompant avec l’évacuation de la solitude hors du champ philosophique, Levinas fait de celle-ci un motif phénoménologique déterminant – et ce dès ses premiers essais, qui le mènent de l’existence à l’existant. Loin de la confondre avec l’isolement ou la désolation, de la dédoubler en solitude du solitaire et l’esseulé, ou de la ramener à des actes intersubjectifs comme le délaissement, l’abandon, l’exil ou la séquestration, il lui confère une fonction centrale dans l’« économie générale de l’être » à laquelle s’oppose l’autrement qu’être – rédigeant ainsi les prolégomènes à une possible phénoménologie de la solitude.
A rebours d’une conception providentialiste de la mort, qui la voit comme le prix nécessaire de la vie des individus ou du groupe, Philippe Huneman souligne, dans « L’individualité biologique et la mort », le changement de perspective radical qu’induit la vision néodarwinienne : l’explication de l’origine évolutionnaire de la mort insiste sur le primat logique de la mort « accidentelle » sur la mort intrinsèque des organismes ou la sénescence – elle la voit en effet comme un sous-produit de l’action de la sélection naturelle dans des environnements définis par le risque plus ou moins élevé de mort accidentelle. L’auteur examine les perspectives récentes de la biologie cellulaire sur la mort, afin de construire une vision d’ensemble de la contribution des biologies fonctionnelle et évolutive à propos de l’émergence de la mort comme telle, ainsi que de l’articulation des diverses « morts » à plusieurs échelles de la hiérarchie biologique (p. ex. les cellules et les organismes).
D. P.

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