Jacques de Gramont : l’appel de la loi

La phénoménologie n’a pas à inventer les phénomènes – sinon comme on dit inventer un trésor – mais à les faire voir, ou entendre. Kant s’y emploie à sa manière lorsqu’il fait entendre le ton de voix lié à l’impératif catégorique, celui d’une voix d’airain. C’est là reconduire la pensée à l’éclat d’un fait premier où puiser ensuite ses ressources : il y a la loi. Kant le décrit comme un appel, à défaut de tout à fait le nommer ainsi, l’interprétant ensuite tout à la fois comme ce qui vient de nous (comme si le sujet éthique se donnait à lui-même la loi) et ce qui vient à nous (comme si ce même sujet répondait à la loi venue de Dieu). Prendre au sérieux cette dualité suppose que le chantier kantien de l’éthique ouvre alors sur un horizon théologique.
Kant ouvre un chantier que la phénoménologie historique, celle qui naît avec Husserl et Heidegger, répète. Comme toute vraie répétition, celle-ci ne va pas sans critique ni déplacement (Merleau-Ponty, Scheler, Jonas), mais le motif de l’appel est bel et bien là. « Nous avons été appelés » – la trace laissée en nous par cet appel est trop forte pour que le moindre doute puisse encore s’élever à son propos, mais la question vient aussitôt : quelle voix s’est fait entendre? Quel appel nous surprend et nous soulève? Appel de l’être (Martin Heidegger), appel de l’Autre (Emmanuel Levinas) ou appel de la vie (Michel Henry)? Nous avons été appelés, affectés, blessés – ce qui brise la vie lui appartient encore, mais qu’est-ce donc qui la brise et la relève?

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