Le présent ouvrage cherche les sources de l’intentionnalité dans le Moyen Âge tardif. Brentano avait relevé que les Médiévaux furent les premiers à soutenir que la pensée se caractérise par la présence intentionnelle, par la relation à une objectivité immanente. Les commentateurs modernes n’ont pas été sans remarquer la provenance scotiste de la notion de réalité objective chez Descartes, mais ils ont reproché à ce dernier de comprendre l’esse objectivum comme un contenu de représentation, et ainsi de manquer la notion d’intentionnalité.
On se propose ici, par une analyse des sources médiévales et scolastiques de l’objectivité, de montrer que la philosophie cartésienne des idées repose sur un mouvement complexe de réévaluation du lexique scolastique de la species, de l’intentio, et de l’esse ou du conceptus objectivus. Toute idée étant l’idée de quelque chose, la corrélation du sujet et de l’objet qui définit l’intentionnalité doit alors être envisagée comme rapport de l’ego à des choses ontologiquement situées : les choses corporelles, les choses immatérielles et celles qui se rapportent à l’union de l’âme et du corps. Ce qui permet de se garder et de l’idée d’un sujet transcendantal et de l’idée d’un sujet-substance séparé.
Kim Sang Ong-Van-Cung est Professeure des Universités. Elle enseigne la philosophie moderne et contemporaine à l’Université de Bordeaux-III.