Raoul Moati : Derrida / Searle : Déconstruction et langage ordinaire

C’est à la fin des années soixante-dix qu’éclata l’une des querelles philosophiques les plus virulentes que connut l’histoire contemporaine des idées, entre le philosophe français Jacques Derrida, inventeur de la déconstruction, et John R. Searle, philosophe analytique américain, théoricien des actes de langage.
En 1972, Derrida propose une interprétation déconstructrice de la théorie du « performatif » du philosophe britannique John L. Austin, dans « Signature, Événement, Contexte ». Searle, disciple d’Austin, réagit dans une réponse acerbe destinée à récuser point par point l’interprétation déformante de la théorie d’Austin engendrée par la déconstruction derridienne. Cette réaction, et la controverse qui s’ensuivit, n’en serait pas moins restée stérile, si elle ne s’était pas elle-même établie sur une interprétation tout aussi tronquée d’Austin par Searle.
La querelle Derrida/Searle est l’occasion de voir émerger entre tradition continentale et tradition analytique un débat de fond, parfois mal aperçu comme tel par les auteurs de la controverse et leurs héritiers, sur le statut de l’intentionnalité.
Derrida et Searle relisent tous deux la théorie du performatif à la lumière du concept d’intentionnalité tel que Derrida l’hérite de la phénoménologie, et Searle de la pragmatique.
Leur confrontation restitue la richesse du traitement de l’intentionnalité dans la philosophie du XXe siècle d’une tradition à l’autre. Il s’agit alors de se demander si un tel concept représente l’ultime avatar de la présence métaphysique comme le pense Derrida, ou s’il ne procède pas plutôt des seules conventions du langage ordinaire, comme le pense Searle.

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