Philosophe polonais et disciple d’Edmund Husserl, Ingarden envisage la relation à l’œuvre d’art comme une expérience menée dans un échange réciproque et continu avec l’objet. Il défend ainsi une esthétique qui n’est ni purement subjectiviste en ce qu’elle n’est en rien réductible aux sentiments émotionnels d’un sujet, ni purement objectiviste en ce que les déterminations réelles et matérielles de l’œuvre donnée exigent la participation intentionnelle du spectateur pour s’accomplir en manifestation intuitive concrète.
Objet intentionnel par excellence, l’œuvre d’art se tient entre monde réel et monde spirituel, entre réalité et jeu imaginaire. Elle se donne au spectateur comme une invitation à déployer son activité intentionnelle et, ce faisant, à participer à la vie de l’œuvre à travers l’histoire de ses réceptions.
Les textes réunis ici offrent un large panorama des préoccupations esthétiques d’Ingarden. Ils présentent les principaux résultats de ses recherches théoriques concernant la nature des vécus et des objets esthétiques, ainsi que des applications concrètes des analyses ontologiques menées sur différents types d’oeuvres d’art (littérature, peinture, architecture et film). L’ensemble des analyses ontologiques et phénoménologiques y est également toujours adossé à la question des valeurs, et de l’évaluation artistique ainsi qu’à la recherche d’un fondement objectif des valeurs.
Introduction, traduction et notes par Patricia Limido-Heulot