À l’instar de ses confrères des années 1250-1260 à l’Université de Paris, Siger de Brabant prit activement part à un mouvement de prise de conscience et de revendication intellectuelle, d’émancipation de la raison contre l’autorité du dogme et le dogmatisme en général, et joua un rôle essentiel dans l’émergence d’un nouveau style, d’une nouvelle morale, d’une nouvelle forme d’existence : en un mot, à la vie philosophique. Il proposa une nouvelle éthique, établie à partir de la lecture d’Aristote, mais une lecture essentiellement rationaliste, qui, aux yeux des autorités, s’écartait en tous points de la sagesse chrétienne – affirmant notamment que c’est en cette vie que l’on peut trouver le bonheur, et non dans l’autre. Siger de Brabant contribua ainsi à une renaissance de la philosophie, qui commence par la Logique qui ordonne la pensée et le discours du philosophe, lui donne aussi son style, au sens littéraire du terme – ce dont le Traité de l’éternité du monde est une bonne illustration.