Matthieu Cassin (dir.) : Histoire de la littérature grecque chrétienne des origines à 451. Du IVe siècle au concile de Chalcédoine (451), Constantinople, la Grèce et l’Asie mineure

Petite histoire de l’Histoire de la littérature grecque chrétienne

 

Cette série d’ouvrages, ayant initialement débuté en 2008 aux éditions du Cerf, trouve aujourd’hui, en 2021, son quatrième volume aux éditions des Belles Lettres dans la collection L’âne d’or (collection fondée par Alain Segonds), traversant la pandémie qui reporta sa parution d’un an. Les deux premiers volumes étaient parus auprès des éditions du Cerf mais, en 2016, les Belles Lettres rééditent les deux premiers volumes (Introduction et perspectives ; De Paul de Tarse à Irénée de Lyon, alors sous la direction de Bernard Pouderon et Enrico Norelli) et le troisième volume paraît en 2017 (De Clément d’Alexandrie à Eusèbe de Césarée, sous la seule direction de Bernard Pouderon). Or voilà que paraît cette année le quatrième volume : Du IVe siècle au concile de Chalcédoine (451), Constantinople, la Grèce et l’Asie mineure, dirigé par Matthieu Cassin. Suivront encore deux autres volumes pour que l’entreprise éditoriale fantastique de ce projet soit menée à son terme, et, pour renvoyer à la formule qu’emploie Bernard Pouderon dans la deuxième édition au premier volume, il s’agit désormais d’un « compagnon de travail indispensable pour la décennie à venir »[1].

Gageons sans difficulté que l’échéance de la décennie est largement dépassée : que l’on prenne la première édition, en 2008, ou la seconde, en 2016, il y a fort à parier que tout chercheur travaillant en français sur ou avec la littérature grecque chrétienne, antique, médiévale ou moderne, ne manquera pas d’avoir ces volumes dans sa bibliothèque personnelle — pour les lire, les lire encore et les relire sans cesse. En effet, la modestie du premier maître d’œuvre ne doit pas dissimuler l’importance décisive de ce grand projet de recherche qui met à disposition de tous les types de lectorat français une littérature fondamentale et fondatrice. Et quand bien même, imaginons un peu, que ces ouvrages trouvent des rivaux ponctuels dans certains travaux beaucoup plus contemporains (ce qui paraît déjà difficile en soi), l’énormité encyclopédique du geste de cette Histoire de la littérature grecque chrétienne, des origines à 451[2], permettra que la longévité de sa pertinence avoisine fort aisément la paire de décennies — quand bien même, là encore, l’obsolescence d’un tel travail est-elle le signe de sa réussite, en tant qu’émulation, ces volumes demeureront très longtemps un classique du travail sur l’histoire de la littérature grecque chrétienne antique. C’est d’ailleurs le sens des dernières lignes de la présentation de Sébastien Morlet[3] de ce quatrième volume :

« Cette Histoire de la littérature ne saurait donc être un point final. Elle aura atteint ses buts si, au-delà de l’intérêt que les responsables espèrent susciter dans le grand public pour ce moment oublié mais pourtant capital dans l’histoire des littératures — les volumes de la Patrologie de Migne rassemblent plus de textes que toute la littérature gréco-romaine antérieure conservée —, elle joue le rôle, dans le monde savant, d’un nouveau point de départ. [4] »

Il paraît donc que l’espérance de Bernard Pouderon, « initiateur de cette Histoire de la littérature grecque chrétienne », écrite en 2015 pour la réédition en 2016 du premier des deux volumes déjà parus aux éditions du Cerf soit aujourd’hui largement débordée, et pour le mieux. Comme Sébastien Morlet l’écrit lui-même, confirmant ce que nous écrivions il y a quelques lignes, la série « représente, pour les auteurs pris en compte, la synthèse la plus complète et la plus à jour qui soit disponible en langue française, au sein d’une série dont il faut souligner l’originalité dans le paysage éditorial, français et étranger »[5] et, plus loin, « Il existe d’excellentes histoires de la littérature, latine ou grecque, dans lesquel[le]s quelques textes chrétiens sont évoqués, mais d’une façon beaucoup plus rapide, et aujourd’hui moins à jour. »[6] La présente recension se tourne nécessairement vers les lecteurs non universitaires, en ce que les chercheurs n’ont pas vraiment besoin qu’on les convainque à la fois de la nécessité et de la qualité de ces six volumes de l’Histoire de la littérature grecque chrétienne, et à la fois de l’importance de ce quatrième volume, pris en lui-même. Il nous faut donc emboîter le pas aux propos de Sébastien Morlet lorsqu’il propose de caractériser le contenu des presque huit-cents pages de ce volume.

« L’usage du mot « littérature » dans le titre de cette série appelle à cet égard une remarque importante. Le lecteur n’y trouvera pas ce qu’il s’attend peut-être à trouver derrière ce mot — de la fiction, de l’évasion, de l’imagination — et sans doute le mot « littérature » est-il en partie anachronique. Le mot litteratura existe cependant en latin, dès l’Antiquité, mais comme un synonyme de grammatica, et la grammatica, ou γραμματική [grammatiké] en grec, c’est-à-dire la grammaire, est une discipline de l’enseignement, capitale dans la formation des élites, qui consiste, non seulement à apprendre le juste usage de la langue, comme la grammaire au sens moderne, mais aussi et plus encore à l’introduire l’élève à la lecture et à l’interprétation des textes, qu’ils soient poétiques, historiques, rhétoriques, parfois philosophiques. En revanche, il existe en grec une expression qui renvoie à peu près à notre « littérature » : τὰ γράμματα [tà grámmata], les (belles) lettres. Et de belles-lettres, il est pleinement question dans cette série. Seulement, la littérature grecque chrétienne des IVe et Ve siècles qui sera décrite dans ce volume offre au lecteur d’aujourd’hui un parfum d’indéniable étrangeté : écrite avant tout par des clercs, qui sont pour la plupart des prêtres ou des évêques, elle relève presque constamment du champ religieux, et c’est une littérature qui accorde aux questions doctrinales et à la polémique religieuse une place tout à fait particulière.[7] »

Nous sommes donc dans une perspective qui n’est pas celle de la collection des Bibliothèques idéales, qui paraissent aux éditions des Belles Lettres, mais plutôt dans un accès panoramique à l’activité littéraire grecque chrétienne antique, telle que l’on peut encore, aujourd’hui, y puiser pour comprendre l’un des socles fondamentaux de l’histoire occidentale des idées.

 

La justification du découpage éditorial

 

Partageant avec nous les dessous de cette grande aventure éditoriale, Matthieu Cassin, responsable du volume IV, présente directement et le sens du titre du volume et le sens de l’activité des trois derniers volumes de la série :

« Les volumes précédents de l’Histoire de la littérature grecque chrétienne ont pu couvrir, pour une période donnée, la totalité du champ géographique et donc de la production écrite chrétienne de langue grecque. Ce n’est plus le cas des trois derniers volumes, qui traitent tous de l’époque allant du concile de Nicée au concile de Chalcédoine en 451, du fait de l’ampleur des écrits conservés. Ce quatrième tome est consacré à Constantinople, à la Grèce ainsi qu’à l’Asie mineure : deux autres suivront, qui porteront respectivement sur Alexandrie et l’Égypte d’une part, et sur la Syrie-Palestine, d’autre part. Comme le rappelait Bernard Pouderon dans la Préface à la première édition du premier volume de cette Histoire, la conception du projet est ancienne et la gestation des différents volumes a été longue, et parfois sinueuse. C’est ainsi que l’éditeur du présent tome n’en est pas le concepteur et n’en a repris la charge qu’au début de l’année 2017. La conception initiale et la sélection des auteurs traités, le choix de la plupart des contributeurs ainsi que les premiers échanges avec les auteurs ont été l’œuvre de Benoît Gain, qui a porté ce volume pendant au moins dix ans. Ces choix n’ont pour l’essentiel pas été remis en cause lorsque Sébastien Morlet m’a demandé de reprendre la direction du volume, car cela aurait retardé encore la publication, qui n’a déjà que trop tardé : cependant certaines notices ont été ajoutées, quelques collaborateurs ont été remplacés, et j’ai pris en charge la dernière phase du travail, pour aboutir au livre aujourd’hui achevé.[8] »

Il ne s’agit pas vraiment d’un « ouvrage collectif » mais bel et bien d’une véritable encyclopédie — d’un monument critique et littéraire de tout premier ordre. Matthieu Cassin rappelle lui aussi à quel point cette belle aventure éditoriale est une histoire en soi, indépendamment de son objet historique, et nous pouvons désormais envisager à quel point ce très grand projet a convoqué la quasi-totalité de la scène universitaire active touchant de près ou de loin à la question de la littérarité chrétienne antique en langue grecque (juste avant que ne débute le Moyen Âge). Citons les mots de Bernard Pouderon évoqués par Matthieu Cassin, et mesurons la réalité du « temps universitaire » tel qu’il se montre dans les différentes strates des ambitions qui ont porté la série :

« Ce volume [nous dit la préface de la première édition, en 2008] est le premier d’une série consacrée à l’Histoire de la littérature grecque chrétienne, depuis les écrits de Paul jusqu’au Concile de Chalcédoine (451), qui est l’un des termes que l’on met généralement à ce qu’on appelle l’Antiquité — destinée à céder la place au monde byzantin. Le projet en est né il y a plus de quinze ans, lors d’une réunion de l’Association pour l’Étude de la Littérature Apocryphe Chrétienne (l’AELAC), à Dole. Nous étions partis d’un constat : qu’il manquait une Littérature grecque chrétienne en langue française, capable de remplacer les volumes désuets de la Patrologie de J. Quasten (dont la traduction française avait été publiée aux Éditions du Cerf sous le titre Initiation aux Pères de l’Église) ou même l’ancienne Littérature d’A. Puech.[9] »

Suit la mention de la traduction, en français, de la Storia della Letteratura cristiana antica, de Claudio Moreschini et Enrico Norelli, dont la parution « nous oblige à concevoir notre projet différemment ». Ainsi la superposition des intérêts pour cette période spécifique de la littérature antique a-t-elle permis de faire de la série initiée par Bernard Pouderon une synthèse encyclopédique de ces savoirs et matériaux. Et puis, le rôle d’Enrico Norelli est précisé, comme « atout majeur » — nous dirions  aujourd’hui comme consultant — au-delà des deux premiers volumes :

« Enrico Norelli accepta non seulement de se joindre à notre entreprise, mais encore de la co-diriger, du moins pour les deux premiers volumes, avant de s’en tenir, faute de temps, au rôle de conseiller. Sa connaissance de l’ensemble de cette littérature, la réflexion qu’il avait menée sur le fait littéraire chrétien, son expérience antérieure ont fait de sa collaboration un atout majeur pour notre projet. Ainsi est née notre présente littérature, véritable fruit d’un travail de réflexion et de rédaction collectives.[10] »

Au risque de répéter ce que nous écrivions plus tôt, déjà, l’ambition initiale de Bernard Pouderon paraît aujourd’hui largement sublimée, et pour qui travaille n’importe quel problème de l’histoire des idées antiques dans le bassin méditerranéen, qu’il soit ou non lié au christianisme, de fait, doit nécessairement recourir à la somme encore inachevée de cette série de six volumes. Il s’agit à la fois d’un précis de littérature grecque chrétienne, mais aussi d’un socle fondamental par lequel tout chercheur peut accéder pratiquement sans médiation (il faut encore rappeler le critère indépassable de la traduction) à ces textes et ces horizons de pensée. Il faut encore considérer que la série, si l’on s’en tient aux datations de Benard Pouderon, couve en activité depuis la moitié de la dernière décennie du siècle dernier. Son exécution néanmoins est celle d’un travail universitaire du XXIe siècle ; et seuls les chercheurs du temps long seront capables d’affirmer si l’ouvrage aura durablement fait date ou non.

Ainsi la résolution des difficultés de l’organisation précise du volume IV trouve-t-elle une sorte de justification — peut-être conviendrait-il mieux de parler d’une exposition, tant les critères organiques sont continuellement justifiés tout au long des interventions — dans ce qu’en écrit lui-même Matthieu Cassin, après avoir longuement présenté les matières à la fois géographiquement et « stylistiquement », du point de vue des visées des différentes traditions littéraires en présence (ascétique, hagiographique, pour n’évoquer que les deux genres qui précèdent de peu le Plan de l’ouvrage) :

« Il n’était pas aisé d’ordonner la matière du présent volume ; la solution retenue, qui ne correspond pas à celle qu’avait envisagée Benoît Gain, le premier concepteur du volume, est volontairement discrète et entremêle une division géographique principale, Constantinople et la Grèce, d’une part, l’Asie mineure, d’autre part, et une progression chronologique au sein de chacune de ces parties. En revanche, on n’a pas cherché à isoler au sein de parties séparées les textes en fonction de leurs genres littéraires ou de leur rapport au sein d’une controverse doctrinale donnée, ou pour tout autre raison : une telle démarche aurait été d’autant plus difficile qu’elle intervenait au sein d’une sélection géographique d’auteurs dont on a déjà souligné le caractère arbitraire et problématique, mais tout pragmatique : il faudrait tracer des ponts non seulement entre les notions de ce volume, mais entre elles et celles des deux livres encore à venir. Il était en effet impossible de répondre à la fois à toutes les nécessités d’un classement raisonné. C’est au lecteur qu’il reviendra, à l’aide des éléments présentés dans cette introduction, de tracer des passerelles entre les différentes notices, en fonction de ses intérêts propres. Cependant le volume peut aussi se lire, de bout en bout, comme un panorama général de la production littéraire au[x] IVe et Ve siècles à Constantinople, en Grèce propre et en Asie mineure.[11] »

Cette possibilité de lire ce volume — ainsi que chacun des trois autres existants déjà, mais aussi les six volumes comme totalité — « de bout en bout » rappelle à bien des égards le geste intellectuel fondamental, du point de vue de l’histoire des idées, de certains opus de la collection « Philosophie & Théologie », aux éditions du Cerf, qui a ouvert certaines perspectives d’un ordre similaire à celui de la série dont il est aujourd’hui question. Nous pensons par exemple à des ouvrages, collectifs, comme Judaïsme et christianisme dans la philosophie contemporaine[12], ou encore les quatre volumes de l’anthologie des quatre périodes Théologie et philosophie, dans l’Antiquité, au Moyen Âge, dans l’époque Moderne et la période Contemporaine[13]. De la même façon, les expositions des auteurs sont pour chacune suivies d’une bibliographie précise sur la perspective à partir de laquelle son œuvre est abordée, constituant par cela une véritable entrée dans l’activité littéraire de l’auteur, et non simplement un résumé ou une synthèse. Autrement dit, si l’on devait résumer la particularité de la forme de cette série, comme pour l’assigner à quelque chose que nous connaitrions déjà, il y aurait quelque chose de l’ordre des Bibliothèques idéales des Belles Lettres, couplées à l’acuité philosophique, historique et théologiques, des « Philosophie & Théologie » des éditions du Cerf. En fin de compte, le produit est à la hauteur de l’ambition de son initiateur et compose, pour le chercheur comme pour lecteur curieux et cultivé (toutefois rompu à une pratique technique de ces textes), un outil de première qualité qui n’a aucun autre équivalent dans le paysage éditorial contemporain.

Les défauts de ses qualités

 

L’isolement de la littérature chrétienne grecque permet d’isoler en vis-à-vis tous les phénomènes littéraires très proches, en doctrines comme en époques ou zones géographiques — ainsi plusieurs des contributions distinguent leurs auteurs de la PG, c’est-à-dire la Patristique Grecque (par opposition à la PL, pour Patristique Latine). Il s’agit des Pères de l’Église[14] dont les textes ont déjà connu une édition française monumentale, au XIXe siècle, celle de Jean-Paul Migne : deux-cents-vingt-et-un volumes pour la Patristique Latine, et quatre-vingt-cinq volumes pour la Patristique Grecque. Dans la série dont c’est ici le quatrième volume, chaque auteur est présenté sur un mode logique, commençant, lorsque c’est pertinent, par la biographie, l’identification des œuvres, parfois une focalisation sur un ou des événements spécifiques, une justification de l’approche conduite par l’édition, et puis, enfin, une exposition critique de textes de l’auteur qui correspondent à la fois à la période et à la zone géographique (Constantinople posant par exemple le problème d’avoir été une métropole concentrationnaire de textes mais non forcément des auteurs). Ainsi les auteurs sont-ils en charge de corpus inégaux, et proportionnels à l’accès que nous avons à ces textes — Arnaud Perrot expose par exemple Basile de Césarée (pp. 221-398), Juliette Spöth-Prudhomme, Grégoire de Nazianze (pp. 399-483), Pierre Maraval présente Socrate de Constantinople (pp. 71-80) ou, encore, Marie-Gabrielle Guérard pour Nil d’Ancyre (pp. 721-735).

L’homogénéité extrême de son objet, l’étude sur une période resserrée d’un corpus émis dans une zone géographique tout aussi resserrée, conditions sine qua non de la qualité et de la rigueur du volume IV, donne au livre une dimension qu’il est peut-être moins facile d’universaliser. Par exemple, les volumes I et II peuvent très clairement servir de soutien à toute étude de la plupart des enjeux du christianisme primitif, pour ce qui serait d’un usage en philosophie des religions. Le volume III prolonge cet esprit, quoique spécialisant déjà la visée. Le volume IV, en un sens, et comme le désigne le découpage des responsabilités éditoriales, entre dans une deuxième strate de travail. Il est le premier d’une tri-partition, du IV au VI, et son degré de spécialisation le rend plus technique et moins accessible que ses trois prédécesseurs. Nous pourrions ainsi découper la série en deux parts homogènes, dans la logique desquelles les trois premiers volumes seraient sinon généralistes du moins faciles à utiliser, et pour lesquelles les trois derniers volumes sont des objets extrêmement précis et performants. Ainsi, donc, nous avons été frappé à plusieurs reprises par la capacité de ce volume à maintenir un haut niveau de langue, au service d’une acuité critique toujours aussi performante alors même que son objet est devenu à la fois plus précis et plus complexe — l’opus n’en ressort pas hermétique pour autant (même s’il est préférable d’avoir sinon lu, au moins parcouru, les trois premiers volumes).

Comme dans la lignée de cette difficulté technique, il faut noter aussi le choix physique de l’édition, qui se comprend par la nécessité de ne pas produire un livre trop coûteux : de même que pour les deuxième et troisième volumes, la masse des huit-cents pages est à une taille de police d’écriture réduite — différente de celle du premier volume, alors plus confortable à lire. L’érudition et la structure complexe de l’ouvrage justifient pleinement ce choix et il faut bien admettre que le confort rencontre ici les limites pratiques de la confection d’un livre. Mais on connaît d’autres collections des Belles Lettres qui n’hésitent pas à pratiquer un format plus grand, peut-être trop monumental en terme de tarifs, qui suivent nécessairement, qui permettent néanmoins d’envisager des corpus entiers sans contrainte physique[15].

En fin de compte, le quatrième volume nous pousse à attendre le volume suivant avec impatience, et ce malgré le retard de sa parution, essentiellement dû aux circonstances sanitaires et à leur suite. Que l’on se rassure, il nous suffit de lire ce volume avec patience et minutie, et relire encore, comme un récit historique, comme un outil critique ou par une lecture proposant une hybridation de ces deux façons de lire, pour attendre la parution du cinquième volume, déjà programmée. Notons aussi que les Belles Lettres viennent de faire paraître le onzième volume des « écrits philologiques » (ses cours académiques) de Nietzsche, portant précisément sur l’histoire de la littérature grecque[16] (largement ante-chrétienne, en l’espèce).

[1] — Bernard Pouderon et Enrico Norelli (dirs.), Histoire de la littérature grecque chrétienne des origines à 451, Tome I. Introduction : problèmes et perspectives, Paris, Les Belles Lettres, 2016, page 12.

[2] — Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique, concile « d’orient », convoqué à la demande de l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, dont les conclusions théologiques ont été acceptées par les trois principaux courants chrétiens, orthodoxes, catholiques et protestants.

[3] — Bernard Pouderon a demandé à Sébastien Morlet de prendre la direction générale des trois derniers volumes, lesquelles ont chacun un directeur particulier (Matthieu Cassin pour le t. IV, Marco Rizzi pour le t. V, Rémi Gounelle pour le t. VI).

[4]Op. cit., page 12.

[5] — Sébastien Morlet, Avant-propos à Matthieu Cassin (dir.), Histoire de la littérature grecque chrétienne des origines à 451, Tome IV, Du IVe siècle au concile de Chalcédoine (451). Constantinople, la Grèce et l’Asie mineure, Paris, Les Belles Lettres, 2021, page 9.

[6]Ibid., page 10.

[7]Ibid., pp. 10-11.

[8] — Matthieu Cassin, Introduction, Ibid., page 17.

[9] — Bernard Pouderon, Préface de la première édition, op. cit., Tome I, page 9.

[10]Ibid., page 10.

[11] — Matthieu Cassin, Introduction à op. cit., Tome IV, page 30.

[12] — Philippe Capelle-Dumont et Danielle Cohen-Levinas (dirs.), Judaïsme et christianisme dans la philosophie contemporaine, Paris, Cerf, 2021.

[13] — Anthologie sous la direction de Philippe Capelle-Dumont, Antiquité, Tome I sous la direction de Jérôme Alexandre, 2009 ; Moyen-âge, Tome II sous la direction de Olivier Boulnois, 2009 ; Époque moderne, Tome III sous la direction de Jean-Christophe Bardout, 2010 ; Contemporaine, Tome IV sous la direction de Jean Greisch et Genievève Hébert, 2010.

[14] — À ce titre faut-il mentionner l’excellent ouvrage (fondateur) de Drobner, Les Pères de l’Eglise : sept siècles de la littérature chrétienne, paru en 1999 pour sa première édition française, chez Desclée. Le statut des écrits intégrants la tradition patristique couvre généralement les sept premiers siècles de notre ère.

[15] — Pour n’en citer que deux, nous penserions ici à la collection « Classiques favoris » dirigée par Maxence Caron, dans laquelle sont par exemple parues les œuvres complètes de Pline l’Ancien (2016), Tertullien (2017) ou de Saint Augustin (2018), les Lettres Grecques, Anthologie de la littérature grecque d’Homère à Justinien (bilingue, 2020) ou encore le magnifique opus qu’est Carmina sacra. Poésie latine chrétienne du Moyen Âge, IIIe-XVe siècle (2018) ; la collection « encre marine » qui a fait paraître les œuvres complètes de Clémence Ramnoux en 2020 dans un format aussi beau que confortable ; ou encore la collection « editio minor », qui vient par exemple de publier la correspondance complète de Cicéron (2021), en français, ou précédemment, la Guerre des Gaules de César (2020). Ce sont toutes de très confortables éditions, qui permettent notamment l’usage de cartes ; mais on comprend aisément qu’elles ont une détermination thématique qui ne pouvait se substituer à la collection « L’âne d’or ».

[16] — Nietzsche, Histoire de la littérature grecque, Écrits philologiques, tome XI, Paris, Les Belles Lettres, 2021.

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Pierre-Adrien Marciset est docteur en philosophie de l’Université de Nice Sophia-Antipolis (2016-2020) auprès de laquelle il a travaillé sur l’herméneutique de la figure littéraire du diable, du XVe siècle au XXe siècle, notamment à partir du mythe de Faust. Professeur certifié depuis 2016, il a enseigné trois ans dans le secondaire dans l’Académie de Nice avant de se consacrer à ses recherches sur la tradition de l’apocalyptique juive et les théories de la connaissances, approchées à partir des néokantiens, puis plus spécifiquement avec les philosophes allemands Ernst Cassirer et Hans Blumenberg.